Villages SOS : 50 ans d’engagement pour la protection de l’enfance en Tchéquie

Chvalčov, photo: SOS Dětské vesničky

C’est l’engagement d’un couple tchèque qui a permis de fonder le premier Village d’enfants SOS dans l’ancienne Tchécoslovaquie. En faisant un don de cinq cents couronnes à cet effet, les époux Semerád avaient lancé, il y a cinquante ans de cela, une collecte qui avait mobilisé tout le pays et permis de construire trois villages SOS. Une mission qui se poursuit toujours en 2019.

Chvalčov,  photo: SOS Dětské vesničky
« Je suis ici avec mes petits-enfants. Leurs parents ne s’occupaient pas d’eux. J’ai décidé de les prendre en charge, sinon ils auraient été placés en centre. Je m’occupe ici de cinq enfants. La maison où nous habitons m’a tout de suite plu. Avec mes petits-enfants, nous avons déménagé de Moravie pendant les vacances scolaires. »

Anna Surmanová vit avec ses petits-enfants dans le plus ancien village SOS existant en République tchèque. Situé près de Karlovy Vary, en Bohême de l’Ouest, il a été ouvert en 1970 grâce à une collecte nationale. Les Tchèques et les Slovaques avaient ainsi récolté près de trente millions de couronnes, une somme importante à une époque où le salaire moyen était inférieur à 2 000 couronnes.

La Tchécoslovaquie, où les psychologues s’inquiétaient depuis longtemps du bien-être des enfants placés dans les centres d’accueil, a été le premier pays de l’ancien bloc soviétique à s’inspirer du modèle occidental d’aide aux enfants en détresse. Vingt ans après l’inauguration du tout premier village d’enfants SOS, en 1949 à Imst, en Autriche, trois villages voient le jour dans l’ancienne Tchécoslovaquie au début des années 1970 : à Karlovy Vary, à Chvalčov, près de Kroměříž, et à Brno. Comme par miracle, ces communautés ont surmonté toutes les difficultés auxquelles elles ont été confrontées avant comme après la chute du régime communiste.

Cinquante ans après leur fondation, la mission des villages tchèques reste la même : protéger les enfants issus de familles qui ne sont plus en mesure d’assumer leur rôle. Aujourd’hui, les actions effectuées par l’ONG sont néanmoins plus nombreuses et variées qu’auparavant, comme l’explique sa directrice Jindra Šalátová :

Jindra Šalátová  (à gauche),  photo: ČTK/Ondřej Deml
« Nos travailleurs sociaux apportent un soutien aux familles en situation de précarité, afin que les enfants puissent rester dans leur milieu familial. Lorsque le maintien de l’enfant dans son milieu habituel devient impossible, nous assurons un accueil d’urgence. Pour cela, nous disposons de plusieurs appartements et maisons familiales à Karlovy Vary et à Prague. Dans 80 % des cas, les enfants placés en urgence chez nous reviennent, après quelques jours ou quelques semaines, dans leur famille. »

« Enfin, dans nos trois villages, les enfants vivent avec leurs parents d’accueil, dans un cadre de type familial. Nous accueillons actuellement vingt familles dans nos villages SOS et nous leur apportons un soutien dans tous les domaines. Trouver des familles d’accueil est toujours assez difficile. Il y a peu de candidats qui passent par notre sélection. C’est un travail exigeant, avec des enfants souvent très traumatisés. »

Inclue dans le réseau international déployé dans 118 pays, l’ONG tchèque SOS Villages d’enfants prend en charge les mineurs de moins de dix-huit ans. Dans l’un de ses établissements situé à Brno, elle propose également une assistance aux jeunes adultes qui risquent de basculer dans la précarité. Ses activités sont essentiellement financées par des sponsors et des donateurs.

Pays progressiste, il y a une cinquantaine d’années, en matière de protection de l’enfance en danger, la République tchèque est toutefois régulièrement critiquée tant par les ONG locales que par les organisations internationales pour le nombre toujours assez important d’enfants de moins de trois ans placés dans des centres plutôt que dans des familles d’accueil.