Zdeněk Matějček
Le psychologue pour enfants, Zdeněk Matějček est l’un des premiers experts de ce domaine qui a eu le courage de critiquer publiquement le modèle socialiste de l’éducation collective.
En coopération avec le réalisateur Kurt Goldberger et une collègue médecin, il a tourné « Les enfants privés d’amour » (Děti bez lásky), un film documentaire qui analyse les causes du syndrome de carence des enfants et met en garde devant les dangers de l’éducation collective. A l’époque il était dans l’intérêt de l’état socialiste de prendre complètement en charge les soins de l’enfant pour que la mère puisse retourner travailler le plus tôt possible et ainsi être à nouveau productive pour les besoins de la société. Il est à noter que le film a été censuré peu après sa sortie. Le professeur Zdeněk Matějček a publié un grand nombre d’articles et d’ouvrages. Il a donné des conférences au sein d’universités à l’étranger ainsi que dans le cadre de forums scientifiques et professionnels. Il est entre autre coauteur de l’ouvrage « Les débuts de notre vie intellectuelle » (Počátky našeho duševního života), qui souligne l’importance et l’influence sur le développement psychologique du fœtus dans l’utérus. D’ailleurs, dans le livre « Carence psychologique de l’enfant », il a défini avec son collègue le professeur Langmeier le nouveau terme de « carence ». Le livre a été traduit en anglais, allemand et en russe. En 1996, il a créé la « Fondation du professeur Matějček » dont l’objectif est d’accroître le niveau des travaux diplômés des étudiants de la chaire de psychologie à l’Université Charles à Prague. Il a créé la fondation avec l’idée de susciter l’intérêt des étudiants pour la psychologie de l’enfant. Lui-même a versé un avoir social d’un quart de million de couronnes tchèques. Le professeur Matějček a été entre autre été décoré par le prix « Distinguished Contribution to Research in Public Policy » pour ses recherches, décerné par l’Association psychologique américaine, par le « First International Award » de la Dyslexia Association aux Etats-Unis, la « Médaille de J. A. Purkyně » de la Société de médecine tchèque et un doctorat d’honneur de l’University of Saskatchewan lui a été remis au Canada.
Le professeur Zdeněk Matějček est né le 16 août 1922 à Kladruby nad Labem en Bohême de l’Est. Sa mère était une femme très cultivée qui lisait à ses enfants des histoires. Son père était directeur du Haras national de Kladruby nad Labem, ancien haras impérial où l’on élève le majestueux cheval blanc de Kladruby, le ‘kladruber’. Il a été révoqué de sa fonction par les communistes et en a beaucoup souffert. Il est à noter que son père a eu également un grand mérite dans le sauvetage des chevaux du prestigieux haras de Napajedla situé en Moravie, pendant la seconde Guerre mondiale. Plus de détails avec la directrice du haras de Napajedela Margit Balaštíková :
« Le directeur Matějček se rendait bien compte de la situation. Il a aidé le directeur de Napajedla en cachant 13 juments et l’étalon reproducteur Gradiva au haras de Kladruby pour que les troupes allemandes ne les enlèvent pas de notre élevage car l’armée allemande voulait confisquer notre troupeau. »
Il va de soi que la passion du père est passée à ses deux fils. Effectivement le frère cadet de Zdeněk, qui était aussi son meilleur ami, montait très bien à cheval. Zdeněk aurait bien voulu faire de même, mais malheureusement à cause d’une malformation congénitale de l’articulation de la hanche il a dû renoncer à l’équitation. Par contre il pouvait nager, jouer au volley-ball ou faire du vélo. C’était également un excellent tireur et un grand amateur de chasse. Son état de santé s’est aggravé au cours de son adolescence. Il a contracté la tuberculose et a été obligé de suivre un traitement en montagnes. Malgré cela il a passé sans problème son baccalauréat au lycée technique à Pardubice et à trouvé du travail dans les entreprises de Tomáš Bata à Zlín. Il a décidé de continuer ses études et a opté pour la faculté des lettres à l’Université Charles à Prague où il a étudié la langue tchèque et la philosophie. Suite à l’aggravation de sa malformation congénitale il a été obligé de subir plusieurs opérations orthopédiques. Il est étonnant qu’il ne se soit jamais laissé décourager.
Après avoir obtenu son doctorat à la faculté des lettres, il s’est vite rendu compte qu’il ne pourrait pas enseigner la langue tchèque au lycée à cause de ses origines bourgeoises. C’était dans les années cinquante, époque de persécution et de procès en Tchécoslovaquie. Il a donc décidé de se consacrer à la psychologie, domaine qu’il avait étudié et dans lequel il a travaillé en tant que bénévole au sein de l’Institut du diagnostic social à Prague. L’institut était centré sur les soins de l’enfant, le diagnostic et la thérapie de différentes malformations physiques et troubles psychiques. L’Institut se consacrait surtout à la psychologie clinique basée sur les soins diagnostics et thérapeutiques des enfants de toute la République tchèque. A cette époque l’Institut a commencé à se concentrer également sur l’incidence d’une éducation collective et impersonnelle non seulement dans les écoles, mais aussi dans les établissements de soins collectifs pour enfants de moins de trois ans. L’objectif de l’Institut était entre autre de détecter les problèmes des enfants dans ses établissements. Le professeur Zdeněk Matějček a développé des recherches impressionnantes à ce niveau et avec un collègue, il a développé un nouveau type de tutelle individuelle et de groupe « SOS villages d’enfants » (SOS dětské vesničky). Zdeněk Matějček s’est aussi consacré à des recherches sur la dyslexie et il a été admis membre du Corps de conseil de la Société Internationale d’Orthon aux Etats-Unis et du présidium de l’Académie Internationale des troubles de la parole.En 1969, il a accepté l’offre du professeur Josef Švejcar d’enseigner à la chaire de pédiatrie à Prague. Le professeur Zdeněk Matějček, décédé le 26 octobre 2004, a continué à travailler avec acharnement même après avoir pris sa retraite. Il se consacrait à l’étude des enfants de familles divorcées et de mères célibataires. Malgré le manque de temps, le professeur a toujours trouvé un moment pour aller à la chasse, ou se consacrer à l’apiculture, sa grande marotte.