Aung San Suu Kyi à Prague pour la réouverture de l’ambassade de Birmanie
Lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, Aung San Suu Kyi achève, ce mardi, une visite officielle de deux jours en République tchèque. Lundi, l’ancienne dissidente désormais conseillère spéciale de l’Etat birman a rencontré le Premier ministre Andrej Babiš essentiellement pour discuter du renforcement de la coopération économique entre la République tchèque et l’Union du Myanmar.
« C’est le signe que les relations entre la République tchèque et la Birmanie se renforcent. Nous avons toujours entretenu une chaude amitié avec les Tchèques du temps de la Tchécoslovaquie. La réouverture de l’ambassade doit donc permettre de développer les rapports entre nos deux peuples, car je ne sais pas dans quelle mesure les Tchèques nous connaissent et, inversement, dans quelle mesure les Birmans vous connaissent. Il y a notamment beaucoup à faire dans le domaine économique. »
Dans les années 1970 et 1980 notamment, à une époque où le régime communiste tchécoslovaque entretenait de bonnes relations avec la dictature militaire marxiste de Ne Win, les sociétés tchèques avaient construit plusieurs brasseries et sucreries en Birmanie. Depuis, bien des choses ont changé dans les deux pays sur le plan politique, et c’est désormais avec un autre œil qu’Andrej Babiš envisage le marché birman :
« Je suis très heureux que madame la conseillère d’Etat nous rende visite l’année du trentième anniversaire de la révolution de velours. La Birmanie est longtemps restée un pays isolé, et madame Suu Kyi a grandement contribué aux changements démocratiques et à sa réouverture au monde. La Birmanie modernise intensément son économie, elle a l’ambition d’avoir une des croissances les plus fortes en Asie. Nous voyons donc un important potentiel de développement dans nos échanges bilatéraux. La Birmanie est un marché qui présente un grand nombre d’opportunités d’investissements pour nos entreprises. »C’est d’abord avec le constructeur automobile Škoda et d’autres marques bien connues que la République tchèque s’efforcera de faire son trou sur le marché birman, même si ce ne sera plus avec les chaussures Baťa, dont Aung San Suu Kyi a affirmé conserver un souvenir d’enfance.
Mais la représentante de l’Etat birman, qui est aussi la porte-parole de la présidence de la République, a indiqué également qu’un développement des échanges dans l’éducation, un domaine qui souffre d’un important déficit de ressources financières, serait grandement apprécié. Or, c’est précisément dans les secteurs de l’éducation et de la santé que la République tchèque s’efforce déjà d’aider la Birmanie à travers différents projets.
Même s’il n’a pas fait du respect des droits de l’homme une condition à l’approfondissement de la coopération entre les deux pays, le chef du gouvernement tchèque a souligné les avancées réalisées en la matière par la Birmanie, et ce malgré les critiques des institutions internationales quant à l’aggravement des atteintes aux libertés et à la gestion des conflits ethniques. Un peu plus de trois ans après les élections historiques de l’automne 2015 qui ont vu l’arrivée au pouvoir de la Ligue nationale pour la démocratie et d’Aung San Suu Kyi à la tête du gouvernement, déception et désillusion sont largement de mise en Birmanie.Ce mardi, Aung San Suu Kyi devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Tomáš Petříček, et le président tchèque, Miloš Zeman, deux hommes qui n’ont pas tout à fait la même vision de la diplomatie économique. Un forum d’affaires tchéco-birman était également prévu.