Václav Havel, « soutien permanent et intense » de l’opposition birmane

L'anniversaire de Aung San Suu Kyi, photo: photokotek.com/vlada.cz

Grande figure de la dissidence anti-communiste, Václav Havel a été souvent surnommé « avocat des droits de l’Homme ». Président et ex-président, il continuait à s’engager en faveur du respect des droits de l’Homme à Cuba, en Biélorussie, en Russie, ou en Chine. Quelques jours seulement avant son décès, il a appelé l’opposition russe à s’unir contre le pouvoir en place, après les élections controversées du 4 décembre… Tout aussi inlassablement, Václav Havel encourageait le processus de démocratisation en Birmanie, pays qui connait, depuis 1962, une succession de dictatures militaires. A l’heure où la Ligue nationale pour la démocratie, dirigée par le chef de l’opposition birmane Aung San Suu Kyi, revient dans la légalité après sa dissolution en 2010, Radio Prague s’est entretenue avec la directrice du Centre birman de Prague, Sabe Soe. Tout d’abord, elle a exprimé sa tristesse suite au décès de Václav Havel :

L'anniversaire de Aung San Suu Kyi
« Monsieur Havel soutenait nos efforts depuis la formation du mouvement démocratique en Birmanie. Son soutien a été permanent et intense. Son départ représente une grande perte pour nous, car nous le percevions non seulement comme un dirigeant politique, mais surtout comme un ami. En 1991, Václav Havel a soutenu Aung San Suu Kyi pour le prix Nobel de la Paix. Lui aussi a été nominé cette année-là, mais il a préféré soutenir la nomination d’Aung San Suu Kyi, en disant que la Birmanie avait besoin de cette récompense plus que la Tchécoslovaquie déjà démocratique. Grâce à cela, le monde entier a commencé à s’intéresser davantage à la situation en Birmanie. »

Sabe Soe est arrivée à Prague en tant que boursière en 1987, un an avant la violente répression du soulèvement populaire dans son pays qui a fait quelque 3 000 morts… Elle se souvient :

Sabe Soe
« Après cette expérience-là, je ne sentais pas beaucoup d’espoir au début de la révolution de velours en Tchécoslovaquie. Mais j’ai été très agréablement surprise par la suite des événements de 1989. Cette évolution de la situation en Tchécoslovaquie et la personnalité de Václav Havel m’ont donné du courage et de l’optimisme : du coup, on a vu qu’il était vraiment possible que de simples citoyens renversent un régime totalitaire. »

Václav Havel soulevait le cas de la Birmanie au cours des conférences, dans des médias internationaux et même, en 2005, au niveau du Conseil de Sécurité de l’ONU. Encouragée par son action, la communauté birmane en République tchèque a fondé en 2006 le Centre birman de Prague. Sabe Soe :

« Nos activités visent à diffuser des informations sur la Birmanie en République tchèque et aussi à transmettre aux activistes et aux organisations birmanes d’aide aux réfugiés des expériences de la transformation démocratique en République tchèque qui pourraient leur être utiles et qui pourraient contribuer à la reconstruction de la Birmanie. De même, nous collaborons avec les autorités tchèques dans le domaine de l’intégration des réfugiés birmans. Notre travail, c’est d’expliquer aux organisations et institutions tchèques qui les prennent en charge de quel milieu ils viennent et ce dont qu’ils auraient besoin. Nous essayons de faciliter leur intégration sur le marché du travail et dans les écoles tchèques. »

Aung San Suu Kyi
Václav Havel a souhaité, paraît-il, rencontrer la chef de file de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi, qui a passé une partie de sa vie en prison ou en résidence surveillée, pour lui offrir une rose. Avant que cette rencontre ne puisse se réaliser, la « Dame » de Rangoun a envoyé un bouquet de fleurs à Prague, aux obsèques de celui qui s’était tant réjoui de sa libération en novembre 2010. www.burma-center.org