Tennis – Fed Cup : et de six pour les Tchèques !
L’équipe féminine de République tchèque de tennis a de nouveau remporté la Fed Cup en battant en finale les Etats-Unis (3-0), samedi et dimanche à Prague. Malgré les absences de leurs deux meilleures joueuses, Petra Kvitová et Karolína Plíšková, les Tchèques ont été sacrées pour la sixième fois en huit ans. En plus de confirmer qu’elles restaient donc bien – ne serait-ce que chez les filles - une grande nation de tennis, elles se sont aussi découvert une nouvelle héroïne : Kateřina Siniaková.
Cela ne faisait que deux ans que la République tchèque n’avait plus remporté la Fed Cup – compétition par équipes nationales, équivalent féminin de la Coupe Davis chez les hommes –, mais cette abstinence était déjà presque devenue une éternité tant ses supporters se sont habitués, ces dernières années, à voir leurs favorites soulever le trophée en argent chaque fin de saison. Depuis 2011 et une victoire en finale à Moscou, les filles du capitaine Petr Pála, en poste depuis désormais dix ans, n’ont vu en effet que deux éditions leur échapper, en 2013 et 2017. Contre des Américaines qui défendaient leur titre à Prague mais étaient affaiblies par l’absence de leurs deux meilleures joueuses Sloane Stephens (6e mondiale) et Madison Keys (17e), elles ont donc récupéré un bien dont elles pourraient avoir la prétention de penser qu’il leur revient désormais quasi de droit.
Elles – entendez les joueuses tchèques -, ce n’étaient donc finalement ni Petra Kvítová, présente mais malade, ni Karolína Plíšková, forfait pour blessure, mais Barbora Strýcová, qui a parfaitement lancé son équipe samedi en remportant le premier simple contre Sofia Kenin en trois sets (6-7, 6-1, 6-4), et surtout Kateřina Siniaková, vainqueur des deux simples suivants, d’abord contre Alison Kirse samedi (6-3, 7-2) puis contre Sofia Kenin dimanche à l’issue d’une intense bagarre en trois sets (7-5, 5-7, 7-5) longue de 3h44 comme le tennis féminin n’en offre que très rarement. En larmes devant les 14 500 spectateurs qui avaient rempli l’O2 Arena, Kateřina Siniaková était toutefois encore suffisamment lucide, juste avant d’embrasser et de lever la coupe, pour analyser avec justesse un week-end dont aucun des possibles scénarios établis avant la finale n’avait prévu que ce puisse être elle la superstar :« Je pense que nous avons proposé un super tennis au public. Je suis d’autant plus heureuse que nous ayons gagné que j’avais perdu mes deux derniers matchs en simple et en double contre les Américaines en demi-finale l’année dernière. C’est donc en quelque sorte une petite revanche cette année, et je dois remercier toute l’équipe d’avoir continué à me faire confiance. Tout cela est d’autant plus beau et inattendu pour moi que si nos meilleures joueuses avaient pu être là ce week-end, je n’aurais très probablement pas joué. C’est donc ce que j’ai d’abord envie de dire : un grand merci à tout le monde ! »
Dans le troisième match décisif entre seconds couteaux contre Sofia Kenin, Kateřina Siniaková est passée par toutes les émotions. Proche de la victoire dans un deuxième set qu’elle a finalement laissé s’échapper, elle a ensuite sauvé deux matchs de match dans le troisième avant donc de s’imposer tout au bout du suspense. Siniaková a ainsi démontré qu’elle n’était pas la fille d’un ancien boxeur russe pour rien, comme en convenait son capitaine Petr Pála :
« Excellent ! Nous avons eu droit à un match magnifique comme on en voit peu. Je suis vraiment très fier de Kateřina. C’est une fille qui n’arrête jamais de jouer et qui se bat jusqu’à la dernière balle. Tant qu’elle n’a pas perdu, elle continue de croire qu’elle peut encore gagner. Elle possède une incroyable force de caractère et n’a pas forcément besoin que l’on lui parle beaucoup lorsqu’elle est sur le court. Il faut simplement parfois veiller à ce qu’elle ne se laisse pas déborder par les émotions et sorte du match comme cela lui arrive parfois. Si elle parvient à mieux se maîtriser, elle sera encore meilleure car c’est une formidable combattante. »Excellente spécialiste du double, discipline dans laquelle elle figure au premier rang mondial en compagnie de sa compatriote Barbora Krejčíková après notamment les deux titres du Grand Chelem remportés à Roland Garros et Wimbledon cette saison, Kateřina Siniaková poursuit sa progression en simple également, où elle occupe actuellement la 31e place au classement de la WTA, deux rangs devant une Barbora Strýcová qui a annoncé, ce week-end, que cette finale constituait sa dernière apparition en Fed Cup.
L’autre annonce marquante de ces derniers jours aura été aussi celle faite par Lucie Šafářová. Présente elle aussi à Prague pour la finale ce week-end, preuve de l’esprit de corps qui règne dans cette équipe tchèque, la finaliste de Roland Garros en 2015, ancienne n° 5 mondiale et lauréate de cinq titres du Grand Chelem en double a fait savoir qu’elle se retirerait des courts après le prochain Open d’Australie en janvier. A 31 ans, elle estime que le moment est venu de tourner la page pour en écrire une autre :
« J’ai choisi l’Australie d’abord parce que c’est un Grand Chelem et que j’aime beaucoup jouer à Melbourne. J’aime toujours beaucoup le tennis et je ne doute pas qu’il me manquera, mais c’est là le lot de nombreux sportifs de haut niveau en fin de carrière. Je ne pense pas à avoir à rougir de mon parcours et j’ai envie de me retirer au meilleur moment pour ne conserver que les bons souvenirs. Je réfléchis aussi à ce que je voudrais faire à l’avenir. Je viens de suivre une formation de barista et l’idée me trotte dans la tête d’ouvrir un café. »Et si la native de Brno réalisait son projet, elle qui vit désormais avec le hockeyeur Tomáš Plekanec, qui a annoncé lui aussi en fin de semaine dernière son intention de revenir en République tchèque après plus de 1 000 matchs disputés dans la prestigieuse NHL majoritairement sous le maillot des Canadiens de Montréal, ses anciennes partenaires tchèques auront alors un endroit tout désigné pour célébrer leurs éventuels prochains succès en Fed Cup.