Cannes 2019 : Miloš Forman de retour grâce à un documentaire qui retrace sa carrière
Coproduit par ARTE, le documentaire tchèque intitulé « Forman vs. Forman » a été présenté il y a quelques jours au Festival de Cannes. Ses auteurs, la documentariste Helena Třeštíková et le monteur et réalisateur Jakub Hejna, ont retracé avec émotion la carrière du célèbre cinéaste tchéco-américain Miloš Forman, à travers des archives inédites provenant de plusieurs pays.
Etudiante en cinéma à Paris, Margot a partagé cette émotion avec la réalisatrice du documentaire « Forman vs. Forman », Helena Třeštíková :
« Miloš Forman est de retour à Cannes et j’ai du mal à retenir mes larmes… », a-t-elle confié à l’occasion de la projection du film dans la section Cannes Classics. En effet, le film de Miloš Forman « Au feu les pompiers » devait figurer en compétition au festival cannois lors de la fameuse édition 1968, annulée en raison du ralliement de grands noms du cinéma français au mouvement étudiant. Cet épisode ne manque pas dans le nouveau documentaire consacré à Forman, comme nous l’a raconté, sur la Croisette, Helena Třeštíková :
« J’ai été enchantée par la réaction du public festivalier. Ce qui était assez prévisible, c’est qu’il allait être très amusé par l’interview que Forman a accordée à un journaliste à Cannes en 1968. Sur une terrasse, vêtu d’un simple maillot de bain, il a répondu à ses questions avec noblesse. Je crois qu’il serait impossible de tourner cet entretien d’une telle manière aujourd’hui. »
Le film retrace la vie et la carrière de Miloš Forman, de son enfance marquée par la mort de ses parents en camp de concentration, en passant par l’époque de la Nouvelle Vague du cinéma tchécoslovaque jusqu’à sa conquête d’Hollywood, tout cela avec, en toile de fond, les bouleversements politiques du XXe siècle. Le spectateur y découvre des extraits de films, des vidéos familiales, ainsi que des images inédites provenant des archives du monde entier. « C’est un film qui s’est construit entièrement dans une salle de montage », a expliqué le coréalisateur du documentaire Jakub Hejna. Helena Třeštíková ajoute :« Nous avons travaillé avec une centaine de sources différentes, avec des archives tchèques et étrangères. Ensuite, nous avons procédé à un travail de fourmi dans la salle de montage. Car lorsque vous disposez d’une masse tellement importante de matériel, il existe mille et une façons de compiler les images. Nous avons, donc, sans cesse retravaillé des séquences déjà terminées. »
Autre spécificité du film : des morceaux de vie du cinéaste sont racontés par son fils, Petr Forman, ainsi que par Miloš Forman en personne. Décédé en avril 2018, le cinéaste n’a toutefois pas assisté à la réalisation du documentaire. Helena Třeštíková :« Miloš Forman était au courant de la réalisation du film, il s’en réjouissait, mais il n’avait plus la force de participer au tournage, ce que je comprenais tout à fait. Il connaissait mes films, il me connaissait, moi, alors je sais qu’il était content que le documentaire voie le jour. »
Outre le film « Forman vs. Forman », la section Cannes Classics a présenté la version restaurée du deuxième long-métrage du cinéaste, « Les amours d'une blonde », sorti en 1965.