A Florenc, des petites formes théâtrales où le spectateur « entre dans le spectacle »
Les 21 et 22 mai, rendez-vous dans un immeuble « abandonné » mais investi par l’art et la création théâtrale, situé juste à côté de la station de métro de Florenc à Prague. C’est là, dans un appartement et non pas sur une scène de théâtre à proprement parler, qu’Aude Stulírová Martin et ses compagnons de la troupe Le Cabaret nomade proposent leur spectacle Nitroscope. Au micro de Radio Prague, la comédienne itinérante française est revenue sur l’histoire de la compagnie :
« Le Cabaret nomade est une compagnie de théâtre itinérant fondée en 2016 par Marie Svobodová et moi-même. Le principe est de créer des spectacles dans notre théâtre mobile : on a un chapiteau, une caravane, et on voyage avec ce spectacle dans les villes. C’est l’opposé des théâtres en dur qui invitent le public. Nous, nous allons vers le public. »
Vous présentez à Prague ces mardi et mercredi un spectacle qui s’appelle Nitroscope. Ça se passe dans un lieu un particulier, donc c’est un spectacle site-specific ?
« Oui, c’est tout à fait cela. C’est un spectacle qu’on a créé à l’origine dans notre chapiteau. On a eu ensuite une participation pour jouer à Automatické mlyny à Pardubice, dans un lieu abandonné. Ça nous a tellement plu qu’on a cherché d’autres lieux similaires. On a été contactés par le groupe Pomezí, qui a, à Florenc, un lieu qui s’y prête tout à fait. Le principe du spectacle Nitroscope c’est qu’il y a différentes pièces dans un appartement, et le public voyage deux par deux dans chaque pièce, rencontrant le comédien de manière très intimiste. Dans ce lieu, on peut créer tous les espaces dont on a besoin. »Une des spécificités du Cabaret nomade, c’est le principe du spectacle « One on one ». Je ne sais pas s’il existe une traduction française pour ce terme. De quoi s’agit-il ?
« Il n’y a pas vraiment de traduction en français. Ça part du principe des entresorts dans les vieux cirques, quand les gens allaient voir la femme à barbe etc. Les gens pouvaient entrer en petit nombre dans différentes pièces. Le principe, c’est de ne pas faire des spectacles pour 300 ou 1 000 personnes, mais de mettre la rencontre au cœur de nos spectacles. On propose ainsi de petites formes, qui durent entre cinq et dix minutes. Le spectateur rentre tout seul, mais pour Nitroscope on fait rentrer les gens deux par deux. Ça crée un rapport différent entre le public et le comédien, parce que cela nous arrive de leur toucher les mains, de les regarder les yeux dans les yeux… Ça apporte une toute autre dimension au théâtre. »
Le principe est donc d’immerger le public dans le spectacle, de faire en sorte qu’il soit partie prenante du spectacle lui-même…
« Exactement. On appelle cela aussi du théâtre immersif : le spectateur entre dans la pièce. Il n’y a pas la cloison entre la scène et le public. Le spectateur est vraiment dans la scène. »
Est-ce quelque chose de neuf en République tchèque ?
« Ça commence de plus en plus à se développer, ainsi que le principe du ‘one on one’. Ce n’est pas encore très répandu, mais plusieurs compagnies s’y mettent. »
Si les Pragois ratent les deux soirées de cette semaine, avez-vous d’autres rendez-vous à noter dans le calendrier ?« A Prague, on sera présents pour le festival Za dveřmi, avec un nouveaux spectacle intitulé Kabinet paměti et qui est destiné aussi à un spectateur. C’est une forme encore différente, avec plutôt du théâtre d’objet. Ce sera le 16 juillet à Výstavistě (parc des expositions, ndlr). »
Et en régions ?
« En régions, on va jouer ce nouveau spectacle à Plzeň le 15 juillet, au festival à Hradec Králové le 26 juin et à Luhačovice le 28 juin. Pour l’instant, pour Nitroscope, on n’a pas d’autres dates. »