Centenaire de la mort de Štefánik, un des fondateurs de la Tchécoslovaquie
Le 4 mai 1919, l’avion du général slovaque Milan Rastislav Štefánik s’écrasait au moment de son atterrissage près de Bratislava. A l’occasion du centenaire de la disparition d’un des fondateurs de l’Etat tchécoslovaque, de nombreux hommages lui ont été rendus, à Bratislava mais aussi à Prague.
Lorsqu’il meurt dans l’accident de son avion en 1919, Milan Rastislav Štefánik n’a que 38 ans. Cette vie brutalement écourtée a toutefois été bien remplie. Ce fils de pasteur, sixième de douze enfants, a été élevé dans une atmosphère de patriotisme fervent. Ses études d’astronomie et de mathématiques le mènent en 1904 à Paris. En France, il devient l’assistant du professeur Jules Janssen à l’observatoire de Meudon où une statue, installée en 1999, rappelle toujours sa présence. Cette passion pour l’astronomie va amener Milan Rastislav Štefánik à sillonner la planète pour le compte du gouvernement français : le Maghreb, le Sénégal, la Roumanie, l’Italie, le Brésil, l’Equateur et même Tahiti. Sur cette île de l’archipel polynésien, « l’homme qui regarde les étoiles », comme le surnomment les Tahitiens, crée d’ailleurs un observatoire pour y observer la comète de Halley en 1910 et une éclipse de soleil en avril 1911.
Naturalisé français, Milan Rastislav Štefánik intègre l’armée française lors de l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Promu au rang de général, il est aussi et surtout à l’origine de la création des premières légions de soldats tchèques et slovaques, volontaires engagés dans les forces alliées et qui serviront de base à la future armée tchécoslovaque. C’est lui qui convainc d’ailleurs la France de soutenir le projet de Tomáš Garrigue Masaryk de créer un Etat tchécoslovaque indépendant.
Personnalité attachante, aux dires de ses contemporains, intelligent, coureur de jupons invétéré, Milan Rastislav Štefánik est devenu un héros de l’histoire tchèque et surtout slovaque, sa mort prématurée fixant à jamais l’image d’un scientifique, diplomate et soldat engagé pour son pays. Michal Kšiňan est un historien slovaque, auteur d’une biographie consacrée à Štefánik et que Radio Prague avait pu alors interroger il y a quelques années de cela :
« Il y a plusieurs choses qui sont importantes dans la popularité de Štefánik. La première, c’est que, dans l’histoire slovaque, il n’y a pas beaucoup de héros qui ont eu du succès. C’est Štefánik qui a mis fin à l’asservissement des Slovaques au sein du royaume de Hongrie. Et puis, sa mort tragique à 38 ans est perçue comme quelque chose de romantique. Cela a contribué à sa popularité. C’est un fait très touchant dans la vie de Štefánik : il est mort lorsqu’il était au sommet de sa carrière. Et puis, Štefánik est un personnage qui est un peu plastique : tout le monde se réclame de l’héritage de Štefánik. Si vous prenez les membres du parti d’extrême droite, ils se considèrent comme des personnes qui continuent la lutte que Štefánik a menée. Mais si vous prenez les libéraux ou les socialistes, Štefánik est accepté par tous les courants politiques et tous les régimes. Sauf sous le régime communiste, durant lequel il n’était pas bien perçu. Sinon, il était considéré comme un héros par la société entière, et, à mon avis, cela vient du fait que, dans l’entre-deux-guerres, les deux principales forces politiques en Slovaquie qu’étaient les populistes et les agrariens ont accepté le statut de héros national de Štefánik. Ainsi, il est devenu acceptable pour toute la société. » Lors des cérémonies d’hommage organisées samedi en Slovaquie, la France était également présente, en la personne de la ministre des Armées, Florence Parly. Une façon de rappeler que le patriote slovaque qu’a été Milan Rastislav Štefánik était aussi un citoyen français et européen avant l’heure, comme l’a souligné à cette occasion Petr Gajdoš, ministre de la Défense slovaque :« Il a posé les fondations de notre Etat commun, celui des Tchèques et des Slovaques. Je pense que ses idées sont valables et pas seulement pour les Slovaques, mais aussi pour les Tchèques et pour tous les Européens. Il a vécu à l’étranger, en Italie, en France, c’était un véritable représentant de l’Europe moderne. »