Foot – Ligue Europa : le Slavia a renversé la montagne FC Séville et défiera Chelsea en quarts

Slavia Praha - FC Sevilla, photo: ČTK/Šulová Kateřina

Au terme d’un match retour au scénario complétement fou et après un résultat nul (2-2) à l’aller, le Slavia Prague a fait tomber le FC Séville (4-3, après prolongation), jeudi soir devant son public, et s’est ainsi qualifié pour les quarts de finale de la Ligue Europa. Héroïques, ses joueurs ont aussi écrit une des plus belles pages de l’histoire européenne du club.

Slavia Praha - FC Sevilla,  photo: ČTK/Šulová Kateřina
Les supporters du Slavia pouvaient bien chanter à pleins poumons leur version de l’hymne européen. Leurs favoris sont restés en leur compagnie de longues minutes, après le coup de sifflet final, pour savourer l’instant. D’abord au pied de la Tribune Nord, où bat le cœur de leurs fans les plus ardents, puis sur la pelouse, pour profiter de cette ode à la joie footballistique. Minuit approchait, et les Pragois venaient de décrocher, tout au bout de la prolongation (119e minute) grâce à un but de raccroc de leur milieu ivoirien Ibrahim Traoré, ce qui apparaissait comme une impossible qualification vingt minutes seulement encore plus tôt.

En devançant de la tête le stoppeur camerounais Michael Ngadeu, auteur du premier but de la rencontre suite à un corner dès la 15e minute, Franco Vàzquez venait en effet de donner, à la 98e minute, au cœur de la première mi-temps de la prolongation, un avantage que l’on pensait alors définitif. Mais l’attaquant néerlandais du Slavia Mick van Burren remettait les deux équipes de nouveau à égalité (3-3) quatre minutes seulement plus tard, faisant ainsi revivre les plus fous espoirs. Dans un suspense devenu presqu’irrespirable, le match plongeait alors dans l’irrationnel avec l’heureux dénouement que l’on sait pour les Pragois. Après avoir lui-même orchestré, micro en main, les remerciements au public, leur entraîneur Jindřich Trpišovský a tenu à tirer un grand coup de chapeau à ses ouailles :

Slavia Praha - FC Sevilla,  photo: ČTK/Šulová Kateřina
« Je pense que la décision s’est faite dans la tête des joueurs. Franchement, quand nous nous sommes retrouvés menés en prolongation, j’ai juste pensé qu’il serait dommage de perdre ce match après tous les efforts fournis. Puis nous avons eu le bonheur d’égaliser pratiquement dans la foulée. D’un seul coup, il nous restait encore 15 à 16 minutes pour inscrire un autre but et on voyait bien que notre adversaire était très fatigué. Les joueurs sont allés puiser leur énergie au plus profond d’eux-mêmes et c’est ce qui leur a permis de battre une équipe de Séville qui est composée de meilleurs footballeurs que la nôtre. Et puis il y a eu ce quatrième but… J’ai dit au président de bien savourer. Se qualifier à la dernière minute d’une prolongation en marquant juste devant le kop, c’est beau, même les jardiniers en pleuraient, mais ça n’arrive pas tous les jours. Il faut donc vraiment saluer les joueurs, qui ont fait preuve de ressources insoupçonnées. »

Auteur du deuxième but de son équipe sur penalty dès l’entame de la deuxième mi-temps, Tomáš Souček, qui a abattu un immense travail dans l’entrejeu cent-vingt minutes durant, était un capitaine fier de ses partenaires et de leur vaillance :

Slavia Praha - FC Sevilla,  photo: ČTK/AP/Petr David Josek
« L’euphorie est immense. Nous venons d’écrire une des plus belles pages de l’histoire du club après un très bon match. Nous avons mené deux fois au score dans le temps réglementaire et je pense que nous avons fini plus fort que Séville. On a eu de la réussite, c’est vrai, notamment après le troisième but des Espagnols en prolongation. Il nous fallait alors marquer deux fois en moins de vingt minutes, et contre un adversaire de la qualité de Séville, ce n’est pas simple. Mais on voyait bien qu’ils avaient peur de perdre dans la deuxième prolongation, et à force d’insister, on gagne finalement à la 120e minute… C’est incroyable ! »

Héros malheureux dans l’autre camp de cette double confrontation avec six buts encaissés au total, le gardien tchèque du club sévillan Tomáš Vaclík avait, lui aussi, bien du mal à croire à ce qui venait de lui arriver :

Slavia Praha - FC Sevilla,  photo: ČTK/AP/Petr David Josek
« Pff… Je ne sais pas quoi dire. En prolongation, nous avions deux buts d’avance (grâce à la règle des buts marqués à l’extérieur qui valent double, ndlr.) et cela n’a pourtant pas suffi… Le Slavia a eu un peu de réussite, mais il faut reconnaître que ses joueurs sont allés la chercher et les féliciter. Ils ont mis plus de pression en allongeant le jeu, ils n’avaient plus rien à perdre. Le quatrième but que j’encaisse après un cafouillage est un symbole du match. Je ne pense pas que le Slavia avait plus faim que nous, simplement le déroulement du match a été en sa faveur. »

Trois ans après son grand rival du Sparta, le Slavia accède donc à son tour aux quarts de finale de la Ligue Europa, un stade de la compétition auquel il n’avait plus figuré dans une compétition européenne depuis dix-neuf ans. Et au milieu des Arsenal, Chelsea, Benfica, Naples et autres Valence, avouons que cette présence apparaît comme un joli pied de nez fait par les Pragois aux grands du foot européen.

(Effectué vendredi midi, le tirage au sort a désigné Chelsea comme adversaire du Slavia pour les quarts de finale. Le match aller sera disputé à Prague le 11 avril, le retour à Londres le 18 avril. Le vainqueur de ce double affrontement sera ensuite opposé en demi-finales au vainqueur du quart de finale entre Benfica Lisbonne et l'Eintracht Francfort.)