Andrej Babiš au Maroc pour encourager les investissements tchèques
Le Premier ministre Andrej Babiš a achevé, ce mercredi, une visite de deux jours au Maroc. Une visite aux forts accents économiques, le Maroc étant le principal partenaire commercial de la République tchèque en Afrique du Nord.
Quelque trente ans plus tard, la mission d’Andrej Babiš n’est guère différente : si le chef du gouvernement a emmené une quarantaine d’hommes d’affaires, ouvert un forum économique tchéco-marocain à Casablanca et signé un accord de coopération dans les domaines industriel et commercial, c’est pour encourager les investisseurs tchèques a profiter des multiples possibilités que leur offre ce pays maghrébin. Un marché encore peu convoité par les entreprises tchèques, comme l’a confirmé l’ambassadeur tchèque au Maroc Viktor Lorenc, interrogé à ce sujet par Radio Prague en début d’année :
« Les changements que traverse le Maroc ces dernières années sont assez impressionnants. Ils concernent tous les domaines : les transports, les infrastructures, le secteur énergétique… Nous assistons à la construction d’éoliennes censées assurer les besoins énergétiques du pays. L’accent est mis sur le développement, au cours des vingt prochaines années, des ressources énergétiques renouvelables, avec toutes les possibilités qu’offre le Sahara. L’objectif est de couvrir 20 % de la consommation d’énergie par des ressources renouvelables. Malheureusement, je dois constater que les sociétés tchèques, bien qu’elles soient invitées à participer à ces projets, manquent d’intérêt notamment pour les investissements dans le domaine énergétique. »
A Rabat, Andrej Babiš a mis un accent particulier sur la coopération bilatérale dans l’industrie automobile. A l’issue de sa rencontre avec son homologue Saâdeddine El Otmani, le chef du gouvernement a précisé que la République tchèque avait pour ambition de devenir le sous-traitant du constructeur marocain de Renault et de Dacia. Parallèlement, les exportations annuelles de Škoda pourraient passer de 2 400 à 4 000 voitures. Pour sa part, la ministre de l’Industrie et du Commerce, Marta Nováková, a évoqué l’intérêt du Maroc pour une coopération dans le domaine de la fabrication de nanofibres.
La question migratoire a également été au menu des entretiens d’Andrej Babiš avec les dirigeants marocains. Depuis cet été, le royaume est le théâtre d’une vague sans précédent d’arrestations et de déplacements forcés de Subsahariens tentant de rejoindre l’Europe via des enclaves espagnoles. A ce sujet, le Premier ministre tchèque a répété que l’Union européenne devait « aider les pays africains pour que leurs ressortissants ne soient pas obligés de partir en Europe ».
Le Maroc bénéficie d’ores et déjà d’une aide tchèque dans le domaine de la santé : après avoir été lancé avec succès en Jordanie, le programme d’aide humanitaire MEDEVAC permet de soigner des enfants gravement malades aussi au Maroc. L’ambassadeur tchèque Viktor Lorenc en dit plus :
« Au Maroc, le projet a été mis en œuvre en septembre 2016. Nous avons alors invité les chirurgiens marocains de l’Hôpital universitaire de Fez à assister à des opérations de tout petits enfants âgés de 0 à 3 ans, souffrant de malformations du cœur et d’autres problèmes cardiaques, opérations qui étaient effectuées par leurs collègues tchèques. Des interventions chirurgicales de ce type étaient plutôt rares au Maroc, même si les hôpitaux sont généralement plutôt bien équipés. Il était davantage question de former les médecins, de leur transmettre le savoir-faire des spécialistes tchèques. Les médecins marocains ont aussi suivi des formations dans des hôpitaux en République tchèque. »« A chaque fois que les médecins tchèques sont venus au Maroc, ils ont opéré, avec succès, une dizaine d’enfants sur place, parfois des cas particulièrement difficiles. Rien que dans la région de Fez, on dénombre chaque année environ 500 enfants gravement malades qui ont besoin d’être opérés. C’est pourquoi nous travaillons sur un projet d’ouverture d’un centre médical spécialisé à Fez. Le seul problème auquel nous sommes confrontés dans nos deux pays est le manque de moyens financiers. Mais l’activité est là, elle progresse. D’ailleurs, cette expérience est utile aussi pour les médecins tchèques qui sont confrontés, lors de leurs séjours au Maroc, à des maladies rares chez nous. »