La campagne électorale durcit le ton contre les étrangers

Photo: Roman Vondrouš/ČTK

La radicalisation de la campagne à l’approche des élections municipales et un rappel du début de la crise économique d’il y a dix ans, tels sont les deux premiers sujets traités dans cette nouvelle revue de presse. Un regard ensuite sur les élections législatives en Suède, ainsi que sur le scandale lié à la dernière finale féminine de l’US Open. Quelques mots enfin au sujet des mères célibataires.

Photo: Roman Vondrouš/ČTK
A quelque semaines des élections municipales qui auront lieu les 10 et 11 octobre prochain, la campagne électorale se radicalise, ce dont témoignent les mots et les slogans utilisés à cette fin : les agressions verbales à l’égard des minorités tendent en effet à se multiplier. Le quotidien Hospodářské noviny observe que tandis que par le passé, seuls les partis d’extrême droite y avaient recours, aujourd’hui on voit même les partis démocratiques traditionnels durcir leur discours :

« Ainsi, par exemple, un candidat du parti de droite, ODS, affiche ‘une tolérance zéro aux étrangers’, tandis que la maire de la ville de Havířov du Parti social-démocrate (ČSSD) veut défendre son mandat avec le slogan ‘ la ville de Havířov sans migrants’. Les partis extrémistes quant à eux dénoncent ‘les parasites’ ou encore souhaitent ‘nettoyer’ les villes qui sont socialement fortement contrastées. »

De l’avis des politologues cités dans cet article, la campagne électorale s’est radicalisée dans une mesure impensable autrefois. Les formations politiques xénophobes semblent réagir au climat au sein de la société. En témoigne d’ailleurs un sondage effectué par la société STEM qui révèle que pour la majorité des personnes interrogées, un voisinage avec des Roms serait dérangeant pour ne pas dire carrément inacceptable. Le quotidien Hospodářské noviny conclut :

« Le plus inquiétant avec ces élections municipales, c’est que certains politiciens haut placés ont tendance à profiter des slogans implicitement racistes contre les personnes qu’ils disent ‘non adaptables’. D’autant plus qu’en Tchéquie, aucun effort n’est mis en œuvre pour tenter de résoudre les problèmes liés à la précarité des gens qui vivent dans des localités socialement exclues. »

Dix ans après le déclenchement de la grande crise économique

Photo illustrative: Svilen Milev / Stock.XCHNG
Cette semaine, dix ans se sont écoulés depuis la faillite de la banque Lehman Brothers aux Etats-Unis qui a déclenché la plus grande crise économique depuis celle des années 1930. S’interrogeant sur ce que « la crise nous a apporté », l’hebdomadaire Respekt, qui a consacré plusieurs pages à cet événement, rappelle que l’Occident a réussi à préserver le bien-être de ses populations. Il a en revanche perdu leur confiance. Il explique pourquoi :

« Depuis quelques années, la montée en puissance du populisme traverse comme un fil rouge les commentaires et les analyses qui étudient les retombées de cette crise financière. La société occidentale semble effectivement avoir subi un tournant psychologique. Il semble que contrairement aux efforts des élites politiques et économiques de faire revenir la situation à ‘la normale’, à l’état favorable d’avant la crise, une grande partie de l’opinion publique a compris cette chute imprévue comme une preuve ddu mauvais fonctionnement du système et de la nécessité d’une profonde transformation. »

La crise qui a commencé en 2008 a été vécue et interprétée différemment tant au sein des différentes couches de la société que par les habitants de différents pays. En Tchéquie, par exemple, le déroulement de la crise a été beaucoup moins dramatique qu’ailleurs. Toutefois, psychologiquement parlant, ce pays qui pendant vingt ans a tourné ses yeux vers l’Occident le considérant comme une source d’inspiration et de richesse, s’en est de nouveau éloigné. L’image de l’Occident aux yeux d’une partie de la population tchèque s’est brisée, surtout lorsque la responsabilité morale de cet immense échec s’est en quelque sorte évaporée. L’hebdomadaire Respekt constate :

« Toute la crise est présentée comme une catastrophe causée par quelqu’un dont on ne saurait pas se défendre et qui devrait assumer ses responsabilités. Aujourd’hui, il s’avère que ce sont les partis d’extrême-droite qui ont su le mieux réagir à ce nouveau climat en promettant la sécurité face à tout ce qui menace le citoyen vulnérable. La crise migratoire n’a fait que renforcer encore davantage ce sentiment paranoïaque de menace. »

Les élections en Suède vues de Tchéquie

Les élections en Suède,  photo: Johan Nilsson/TT/AP/ČTK
Les récentes élections législatives en Suède ont tendu un miroir à la société tchèque et l’image reflétée n’est pas très flatteuse. C’est ce que l’on peut lire en introduction d’une analyse qui a été mise en ligne sur le site aktualne.cz et qui constate également :

« Les élections législatives suédoises ont suscité un grand intérêt. Et pour cause, car elles s’inscrivaient dans la série de celles qui ont eu précédemment lieu en Europe et qui devaient montrer à quel point l’influence des partis anti-immigration et antieuropéens qui sont représentés en Suède par les Démocrates suédois a augmenté. Il s’est finalement avéré que le renforcement de ces derniers, de près de 5% par rapport aux précédentes élections a été moindre que prévu. Autrement dit, compte tenu de la venue dans le pays de quelque 160 000 migrants depuis 2015, la société suédoise a réagi de façon modérée, sans hystérie. »

Dans ce contexte, l’auteur du texte publié sur le site aktualne.cz met en relief les différences qui surgissent par rapport à la situation telle qu’elle se présente en Tchéquie. Il rapporte, par exemple, que les propos durs utilisés par certains politiciens tchèques à l’adresse des migrants vont au-delà de ce que pourrait se permettre le leader des Démocrates suédois qui, pourtant, critique l’importante vague de migrants en Suède au cours des dernières années, ainsi que leur mauvaise intégration dans des quarties périphériques. Une autre différence qu’il observe, c’est que l’on trouve en Tchéquie plusieurs partis parlementaires tablant sur un discours anti-immigration et qui représentent au total près de 65% de la population locale. Le tout au moment où « la migration qui existe et qui est gérée de façon civilisée en Suède n’est connue du public tchèque qu’à travers les émissions du petit écran ».

Le sexisme sur les courts de tennis ?

Serena Williams,  photo: Greg Allen/Invision/AP/ČTK
La sévère mésentente entre la joueuse américaine de tennis Serena Williams et l’arbitre Carlos Ramos qui a marqué, le 8 septembre, la finale de l’US Open a aussi fait couler beaucoup d’encre dans les pages sportives des journaux tchèques. Le journal Lidové noviny a écrit à ce sujet :

« Il n’est guère étonnant que le comportement de Serena Williams en pleine finale du tournoi ait été défendu par les joueuses et joueurs de tennis américains, ainsi que par les médias américains. Ce qui est par contre choquant, c’est l’avis du chef de la WTA Steve Simon qui a accepté l’idée selon laquelle la joueuse aurait été traitée de façon sexiste. »

L’auteur d’une note mise en ligne sur le site echo24.cz trouve que le débat autour du sexisme est absurde dans ce contexte :

« Serena Williams est, certes, une excellente sportive. D’un autre côté, elle s’est déjà comportée de cette manière dans le passé. L’arbitre Ramos quant à lui est connu comme quelqu’un qui ne permet pas aux grandes stars d’agir de manière arrogante et qui traite tout le monde de façon égale. Le comportement de Serena Williams à l’égard de la vainqueur Naomi Osaka et d’une partie du public a été humiliant. Or, cette victimisation de la joueuse américaine est étonnante, d’autant plus qu’il y a beaucoup de gens influents qui y prêtent l’oreille. »

Un texte publié sur le site novinky.cz a pour sa part noté :

« Le scandale qui a éclaboussé la finale du tournoi du Grand Chelem a pour le moins confirmé que l’interdiction du coaching au cours des matches n’avait aucun sens. Si ce cas réussit à changer les règles existantes, tout ce spectacle aura eu malgré tout un sens. »

Mieux aider les mères célibataires

Photo: Klub svobodných matek
Une vidéo dans laquelle plusieurs femmes tchèques influentes, actrices, écrivaines, chanteuses, journalistes, expriment leur solidarité avec les mères célibataires a suscité de nombreuses réactions dans l’opinion publique. Cette initiative parviendra-t-elle à imposer également des changements systémtiques en vue d’aider ces mères ou du moins d’ouvrir un débat sur le sujet ? Une interrogation soulevée par le journal internet Deník Referendum qui a apporté à ce propos quelques détails :

« Elles sont autour de 200 000 en Tchéquie à élever seules leurs enfants, et ne constituent qu’un groupe assez restreint. Mais si l’on y ajoute en moyenne 1,6 enfant, on se retrouve avec un demi-million de personnes concernées. La pension alimentaire moyenne en Tchéquie se situe autour de 2 000 (l’équivalent de près de 80 euros), et dans un tiers des cas, elle n’est pas payée. La moitié des mères célibataires vit avec une somme mensuelle variant entre 10 et 20 000 couronnes. »

Le journal rappelle en outre qu’en Tchéquie la précarité financière des mères célibataires va d’habitude de pair avec une situation fragile en terme d’emploi.