En République tchèque, la crise des partis de gauche s’approfondit
Le deuxième tour des élections sénatoriales partielles se tient ces vendredi et samedi en République tchèque. Ces élections permettront le renouvellement d’un tiers des quatre-et-un membres de la Chambre haute du Parlement. Mais quels qu’en soient les résultats, une chose est d’ores et déjà acquise : les deux formations de la coalition gouvernementale, le mouvement ANO et le parti social-démocrate (ČSSD), n’y disposeront pas de la majorité. Et pour les deux principaux partis de gauche du pays, le ČSSD et le parti communiste (KSČM), le scrutin sera synonyme de nouvelle désillusion.
Les élections municipales et le premier tour des sénatoriales, le week-end dernier, ont confirmé cette tendance à la baisse. Dans les grandes et moyennes villes comme dans les petites communes, les deux partis ont enregistré un net recul de leurs préférences et le nombre de leurs candidats élus est en chute libre par rapport aux élections municipales précédentes en 2014. Pire encore, à Prague, l’un comme l’autre n’ont obtenu aucun mandat. Du jamais-vu depuis la chute du régime communiste et la tenue des premières élections municipales en 1990. Quant au Sénat, le ČSSD n’y sera plus représenté pour les deux prochaines années que par cinq membres au grand maximum, contre treize encore actuellement, tandis que le parti communiste, si son candidat n’est pas élu ce week-end lors du second tour, pourrait tout simplement en disparaître. Président de la région de Bohême de l’Ouest, Josef Bernard ne s’en est pas caché lors d’une émission diffusée jeudi soir par la Télévision tchèque. Comme la majorité des observateurs de la scène politique tchèque, et à la différence de la direction du ČSSD officiellement moins défaitiste, lui aussi estime que les derniers résultats ont confirmé la tendance des élections précédentes :
« Mes collègues du parti ont dû analyser les résultats avec des lunettes roses, ce n’est pas possible autrement. Personnellement, je pense que cela a été une débâcle qui confirme notre trajectoire descendante depuis les élections régionales (en 2016). Il ne faut pas se voiler la face et être objectifs. Aujourd’hui, nous ne sommes pas un parti compréhensible. Nous sommes trop divisés avec des partisans de positions qui vont de l’extrême gauche à l’extrême droite. Nous donnons l’impression d’être un mastodonte auquel il faut des mois pour prendre une décision, alors que celle-ci nécessiterait d’être prise en quelques heures comme lors des négociations pour la formation du gouvernement. Et il s’avère aussi que plus nous collaborons avec le mouvement ANO et le parti communiste, un parti qui assassinait les sociaux-démocrates il y a encore cinquante ans de cela, plus nos résultats sont mauvais. »« Est-ce la mort de la gauche ? », s’interrogeait ainsi en cette fin de semaine le site en ligne Aktualne.cz, qui nuance néanmoins en affirmant que le constat n’est pas propre à la République tchèque et que, partout en Europe, les partis sociaux-démocrates et plus généralement les formations traditionnelles de gauche luttent désespérément pour leur survie. En République tchèque, le ČSSD entend être en mesure de répondre par la négative à la question notamment en se lançant dans un proche avenir dans une profonde réforme de son organisation structurelle et en proposant aux électeurs une nouvelle conception du développement du pays de façon à (re)devenir, face à la montée en puissance de nouveaux mouvements et partis comme ANO ou les Pirates ces dernières années, une formation moderne, dynamique et attirante.