A Rome, Andrej Babiš réitère son « zéro migrant »
Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš était mardi à Rome pour rencontrer son homologue italien Giuseppe Conte. Les migrations étaient au cœur des discussions des deux chefs de gouvernement, alors que l’Italie reprochait il y a quelques mois à la République tchèque son refus catégorique d’accueillir des migrants. Sur ce point-là en tout cas, rien n’a bougé.
« La solution réside dans une combinaison d’un soutien financier aux pays qui sont concernés en premier lieu, dont l’Italie par exemple, d’un soutien financier aux pays d’Afrique du Nord et aux pays d’Afrique d’où partent les migrants illégaux. »
Outre l’Italie, le Premier ministre tchèque s’est également rendu à Malte. Les trois pays sont en effet d’accord au moins sur un point : la nécessité de lutter contre les passeurs. C’est l’opération militaire EUNAVFOR Med, aussi appelée opération Sophia, décidée par l’Union européenne en 2015 et dont l’état-major est implanté à Rome, qui est chargée de lutter contre le trafic de migrants en Méditerranée. Cinq soldats tchèques sont également impliqués dans cette opération et ce sont eux qu’Andrej Babiš est allé voir lors de sa visite ce mardi. A Rome, il a souligné l’importance de la poursuite de cette opération, alors que l’Italie menace de se retirer de sa gestion si d’autres pays ne s’engagent pas à faire accoster des bateaux de migrants dans leurs ports.
Les divergences entre Prague et Rome ne sont pas le moindre des paradoxes : les deux pays se retrouvent finalement sur une ligne dure et intransigeante sur la question de la gestion de la crise migratoire. Mais l’Italie reste une des portes d’entrée des migrants et refuse de porter seule le poids de cet afflux, en dépit du fait que l’arrivée de migrants a largement baissé par rapport aux années précédentes.
En attendant, en dépit du refus de Prague d’accueillir des migrants, il n’en reste pas moins que la République tchèque n’est pas, et de loin, l’objectif final des personnes prenant la route de l’exil. Depuis le début de l’année 2018, la police tchèque a arrêté 2 376 migrants, selon un rapport du ministère de l’Intérieur, la grande majorité n’étant originaires ni d’Afrique ni du Moyen-Orient, mais d’Ukraine, de Moldavie et de Russie.Le rapport du ministère, présenté mardi, ne note par ailleurs qu’une hausse de 132 migrants illégaux entre janvier et juin, soit une stabilisation de la situation depuis le début de la crise migratoire en 2015. Enfin, le ministère n’a enregistré que 124 cas de migrants en transit dans le pays, dont 69 venaient d’Irak, 15 du Nigéria et 10 de Syrie. Soit bien loin des flux massifs dont Prague ne cesse d’agiter la menace comme un épouvantail depuis trois ans.