50 ans déjà, mais les antipathies tchèques à l’égard des Russes persistent

Photo illustrative: Kristýna Maková

Un récent sondage a révélé que 50 ans après l’occupation de l’ancienne Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, les antipathies à l’égard des Russes étaient dans la société tchèque toujours présentes. Plus de détails dans cette nouvelle revue de presse, qui s’intéresse également à la reconnaissance par le public de l’engagement des soldats tchèques dans leurs missions à l’étranger. Autre sujet traité : la séchesse, dont les différents aspects ne cessent d’alimenter les médias locaux. Un regard enfin sur les tentatives difficiles des nationalistes européens de trouver un langage commun.

Photo illustrative: Kristýna Maková
50 ans après l’entrée des troupes du Pacte de Varsovie dans l’ancienne Tchécoslovaquie, les antipathies au sein de la société tchèque à l’égard des Russes persistent. C’est ce que constate un texte publié sur le site echo24.cz. Celui-ci se réfère à un récent sondage de l’agence CVVM, qui rapporte également qu’après les Slovaques, les Ukrainiens et les Vietnamiens, les Russes constituent désormais le quatrième groupe de ressortissants étrangers établis en Tchéquie. Dans son texte, l’auteur précise :

« Le nombre d’hommes et de femmes russes qui vivent en Tchéquie et qui disposent d’un permis de séjour durable dans le pays ne cesse d’augmenter, on rescence une augmentation de près de 60% rien qu’au cours des dix dernières années. D’après les statistiques, trois Russes sur dix se sont établis en Tchéquie pour des raisons de travail et d’affaires, les sept restant s’y étant installés pour des raisons humanitaires ou autres. Les jeunes Russes quant à eux prêtent un grand intérêt aux études dans les universités tchèques. Cet intérêt est accentué par le fait qu’elles ne sont pas payantes, à condition que les étudiants maîtrisent la langue tchèque. Désormais, les Russes peuvent se vanter d’être, après les Slovaques, le groupe le plus fortement représenté parmi les ressortissants étrangers ayant fait ou faisant leurs études dans une université ou dans un établissement supérieur tchèque. »

Le dernier rapport annuel sur les minorités indique que la plupart des Russes qui se trouvent en Tchéquie y auraient déménagé pour fuire le régime autoritaire dans leur pays, d’où leur loyauté à l’égard de leur nouvelle patrie. Toutefois, d’après le représentant russe au Conseil gouvernemental pour les minorités, la propagande et les désinformations russes ont réussi à diviser cette communauté. Les Russes établis en Tchéquie porteraient ainsi des regards différenciés sur les événements en Ukraine, sur le Brexit, la politique des Etats-Unis ou encore sur l’appartenance de la Tchéquie à l’Union européenne et à l’OTAN. Selon lui, « la défense contre une propagande qui est professionnellement ingénieuse et fortement financée et qui touche dangereusement même la société majoritaire, demeure jusqu’ici peu efficace ».

D’après la journaliste Petra Procházková du quotidien Lidové noviny, la communauté russe en Tchéquie est assez renfermée, beaucoup de ses membres ne voulant même pas apprendre le tchèque. Une approche liée au « sentiment de messianisme et de supériorité ».

Des adieux dignes, mais...

Les trois soldats tchèques tués dans un attentat-suicide en Afghanistan,  photo: L'Armée tchèque
L’éditorial de la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt revient sur les adieux officiels qui ont été faits, la semaine dernière à Prague, aux trois soldats tchèques tués dans un attentat-suicide en Afghanistan. Son auteur écrit :

« D’habitude nous avons tendance à mettre en relief des fautes, des manquements, tout ce que l’on aurait dû faire mieux. Mais dans ce cas précis, les soldats tués ont connu des adieux qui étaient à la fois dignes et émouvants. Le fait que quelques extrémistes aient eu à cet égard des commentaires déplacés ne peut rien changer à ce constat. Ce qui mérite d’être en revanche retenu, c’est qu’en l’espace de quelques jours, la collecte lancée auprès du public qui est destinée aux familles des soldats disparus a réuni près de cinq millions de couronnes. »

Dans ses pages, le journal a en outre demandé à quatre soldats qui effectuent actuellement ou qui ont déjà effectué des missions en Afghanistan, en Irak et au Kosovo si leur service dans l’armée avait un bon retentissement dans la société et s’il jouissait d’une assez grande reconnaissance auprès du public. Tandis que dans les deux premiers cas, les soldats ont répondu par la négative, deux autres ont prudement répondu par la positive.

La sécheresse et la nature

Photo illustrative: Jeroen Moes,  CC BY-SA 2.0
Les feuilles mortes, les arbres et les herbes secs. La sécheresse est un sujet largement traité sous tous ses angles dans les médias tchèques. Concernant les perspectives de la régénération de la nature, le scientifique Petr Hlavinka qui étudie les retombées des changements climatiques sur l’évoluion des plantes a, expliqué sur le site aktualne.cz :

« Tout dépend de comment se présentera la situation au cours des semaines à venir, des précipitations pourraient légèrement améliorer la situation. Pour l’instant, la situation n’est pas favorable et nos prognostics statistiques sont assez pessimistes... En ce qui concerne les retombées à long terme sur la nature, on peut s’attendre à certaines modifications persistantes. Les arbres malades ou jeunes qui s’assèchent devront être au fur et à mesure remplacés. Cela concerne d’ores et déjà les épicéas qui sont massivement ravagés par les scolytes, une situation qui est également liée aux changements climatiques. »

Selon le scientifique, la spécificité de la sécheresse de cette année découle de son étendue et du fait qu’elle dure depuis le printemps... Václav Cílek, géologue, climatologue et publiciste reconnu, rappelle pour sa part que même la sécheresse dans un pays très éloigné peut avoir des retombées fatales non seulement sur la population locale, mais aussi sur la Tchéquie, car elle peut provoquer la famine, une migration massive et des émeutes politiques qui toucheront le monde entier. D’après ses propos dans le magazine Ekonom, les gens devraient déduire de cette incertitude des conclusions pratiques et se préparer à ce que les acquis et le confort de la civilisation auxquels ils sont habitués puissent assez facilement s’écrouler, ne serait-ce que pour un certain temps... Le journal internet Deník Referendum tourne pour sa part son attention vers le smog estival :

« Ce n’est pas seulement en hiver que le smog tourmente la Tchéquie, mais dans une moindre mesure, il l’affecte aussi en été. En effet, ces derniers jours, trois régions du pays ont été obligées de lancer une alerte au smog en raison de la concentration d’ozone à la surface du sol. Les écologistes prétendent qu’avec les vagues de chaleurs et les changements climatiques, une telle situation pourra se répéter de plus en souvent tant que l’on ne commence pas à agir pour mettre sur place des politiques environnementales efficaces. Celles-ci devraient concerner en premier lieu les transports urbains. »

Une « internationale nationaliste », un projet qui peine à réussir

Steve Bannon,  photo: Gage Skidmore,  CC BY-SA 3.0
Les leaders des partis nationalistes d’Europe se donnent régulièrement rendez-vous pour coordonner leurs politiques. Une telle rencontre s’est tenue, en décembre dernier, à Prague, en présence entre autres de Marine le Pen et Geert Wilders. Dans un texte publié sur le site novinky.cz, le politologue tchèque Jiří Pehe rapporte que ces partis seront désormais encouragés par Steve Bannon, ancien conseiller du président américain Donald Trump, qui a créé à cette fin la fondation The Movement. Son but est de former un front de « nationalistes populistes de droite » afin de réussir aux élections au Parlement européen. Le politologue a à ce sujet remarqué :

« Il est possible qu’au niveau européen, ces forces s’affirment davantage que précédemment. Mais on ne doit pas s’attendre à la création d’une ‘internationale nationaliste’ dont rêve Bannon. Les leaders des partis nationalistes se mettent d’accord sur les luttes à mener, il est vrai, mais ils peineraient à préparer un programme positif. On l’a vu au lendemain des élections législatives italiennes. Leurs résultats ont d’abord été salués par les nationalistes locaux, mais ils ont bien vite compris que les intérêts italiens concernant par exemple la question de la migration n’étaient pas forcément les mêmes que les intérêts tchèques ».

Les nationalistes ont un ennemi clair en commun : l’intégration européenne. Ils refusent également le multiculturalisme et la migration et partagent un regard critique sur la démocratie libérale. Cela dit, leur coopération est difficielement imaginable, car ils suivent chacun de leur côté le slogan trumpien « notre pays en premier ». Ce rappel permet à l’auteur du texte publié sur le site novinky.cz de conclure son texte sur le constat :

« La tâche de créer un nid harmonieux avec des leaders mégalomanes dont les programmes nationalistes sont en fin de compte difficillement conciliables s’annonce surhumaine. D’autant plus, lorsqu’ils arrivent réellement au pouvoir ».