Neighbourhood Boogie Woogie : l’art au cœur de la vie de quartier
Dans le troisième arrondissement de Prague, l’initiative Neighbourhood Boogie Woogie tente de dynamiser le quartier de Žižkov en organisant en différents lieux des installations, des happenings et de petits concerts. Plusieurs galeries d’art du quartier proposent aussi des expositions, dont la galerie Hunt Kastner, que Radio Prague a visitée pour l’occasion.
« C’est un artiste anglais qui s’appelle Paul Chaney et qui habite à Prague. C’est une carte du quartier de Žižkov, l’artiste a fait une étude pour essayer de déterminer comment utiliser le territoire pour être autosuffisant dans le cas où le quartier était enclavé. Il a aussi fait un programme pour toute la République tchèque. »
Sur un ordinateur, les spectateurs peuvent jouer à calculer quel régime alimentaire pourrait permettre à un maximum de Tchèques de survivre en vivant de façon autosuffisante.
On peut ensuite imprimer le résultat obtenu pour garder un petit souvenir de l’exposition. L’impression se fait systématiquement en plusieurs exemplaires, et certains sont conservés par la galerie pour les remettre ensuite à l’artiste.Dans la galerie, l’œuvre de Paul Chaney n’est pas la seule avec laquelle le public peut interagir. En traversant une cour intérieure, les spectateurs découvrent la petite pièce qui abrite la création d’une artiste tchèque intitulée « Místo pro místo » (« A place to place », selon la traduction anglaise).
Dans le noir, les spectateurs peuvent déambuler entre les morceaux de verre disséminés sur le sol. L’œuvre est inspirée d’un village détruit, dans lequel la nature a repris ses droits. L’artiste transporte son public sur ce lieu, en projetant en accéléré sur les murs de la pièce l’image d’un mur de pierre, qu’elle a filmé dans le village entre minuit et midi. Petit à petit, la pièce s’illumine, comme si elle laissait entrer la lumière du jour.Pour la quatrième édition du Neighbourhood Boogie Woogie, les artistes doivent s’inscrire dans un thème spécifique : la morale du conte philosophique Candide de Voltaire, « Il faut cultiver notre jardin ». Ce thème fait à la fois référence à la nature et à une certaine dimension écologique, mais il peut aussi être interprété comme une forme de retour à une échelle locale, et donc au voisinage. Kacha Kastner, Américaine installée à Prague, est la collaboratrice de Camille Hunt. Elle est désignée par l’équipe du Neighbourhood Boogie Woogie comme la « maman » du projet :
« Nous avons lancé cette initiative il y a quatre ans. Les galeries venaient à peine de se créer dans le quartier, les gens ne savaient pas qu’il y en avait autant dans les environs. Nous avons voulu créer un projet coopératif avec les autres galeries qui étaient là. L’une des idées était de faire quelque chose ensemble une fois par an, parce que nous sommes tous pressés par le quotidien, mais aussi d’organiser ce festival à l’extérieur des galeries, dans la rue, et de rencontrer les gens qui vivent autour de nous. »Le Neighbourhood Boogie Woogie s’est donc aussi développé dans quelques commerces du quartier, avec notamment un projet dans un centre de manucure, ou encore un dans un bistrot du coin. Des performances sont menées en plein air, comme celle qui se déroulera samedi 28 juillet non loin de la gare principale de Prague, et dont les organisateurs tiennent à garder le sujet secret.
Enfin le projet s’est aussi étendu à un domaine moins directement lié à l’art, mais parfaitement dans le thème de cette année. Une collaboration avec l’association Street Gardening a été réalisée, afin de faire découvrir au public les petits jardins que le collectif a créés dans l’espace public, en particulier autour des arbres dans les rues de Prague.