Formation d’un gouvernement : une seconde chance pour Babiš et les sociaux-démocrates ?
Le mouvement ANO, net vainqueur des élections législatives d’octobre dernier (29,6%) et les sociaux-démocrates du ČSSD, qui ont, en revanche, essuyé un échec électoral (7,3%), parviendront-ils à former une coalition gouvernementale ? Après l’échec des pourparlers entre les deux partis, il y a une dizaine de jours, la question est à nouveau d’actualité.
Lors de la première phase des négociations, les sociaux-démocrates avaient demandé à ce qu'Andrej Babiš renonce à diriger le nouveau gouvernement étant donné les poursuites judiciaires dont il fait actuellement l’objet. Ils s’étaient toutefois dits prêts à renoncer à cette revendication à condition d'obtenir le ministère de l'Intérieur ou celui de la Justice, autant de requêtes qui leur ont été refusées.
Lundi dernier, le mouvement ANO a présenté aux sociaux-démocrates ses conditions à la reprise des pourparlers. Le président du ČSSD, Jan Hamáček, a refusé de faire le moindre commentaire sur les propositions du mouvement ANO :
« Ces informations seront d’abord discutées par les instances dirigeantes de la social-démocratie, notamment par la présidence du parti qui se réunira vendredi. »
Même si les détails de la rencontre n’ont été communiqué ni par le ČSSD, ni par ANO, plusieurs médias ont informé, mardi, que le mouvement ANO aurait proposé de confier cinq portefeuilles ministériels aux mains des sociaux-démocrates, dont les ministères de la Défense, des Affaires étrangères ou de la Culture. Ancienne ministre social-démocrate de l’Education, Kateřina Valachová n’a pas voulu commenter ces spéculations :
« Tout se décidera vendredi prochain. La question se pose surtout de savoir si la social-démocratie va renouveler ou non les négociations avec ANO sur sa participation au gouvernement. »Dans ce flou politique, une chose demeure certaine : le président de la République Miloš Zeman n’envisage pas de confier la formation du nouveau gouvernement à un autre homme politique qu’au Premier ministre démissionnaire Andrej Babiš. C’est du moins ce qu’ont appris, au Château de Prague, les leaders de deux partis d’opposition venus discuter avec le chef de l’Etat d’autres scénarios possibles, étant donné qu’Andrej Babiš constitue un obstacle à la formation d’un gouvernement avec ANO pour la majorité des partis représentés à la Chambre des députés.
On écoute Petr Fiala, leader du parti de droite ODS, une de ces formations qui refusent de constituer un gouvernement qui aurait à sa tête un Premier ministre mis en examen dans une affaire de détournement présumé de fonds européens :
« Le président voit deux possibilités de former un gouvernement susceptible d’obtenir la confiance des députés. La première possibilité, la plus probable selon lui, consiste en la formation d’une coalition entre le mouvement ANO et le parti social-démocrate, soutenue par le parti communiste. Le deuxième scénario est représenté par un gouvernement ANO, formé avec le soutien des communistes et du parti SPD. (…) Personnellement, je trouve dangereux pour la République tchèque d’avoir un gouvernement soutenu par le parti communiste qui n’a pas pris ses distances par rapport au passé. »Selon le leader du Parti des Pirates, Ivan Bartoš, le président Zeman espère un retour du mouvement ANO à la table des négociations avec le parti social-démocrate, afin qu’un accord sur une coalition gouvernementale puisse être trouvé au plus vite et que ce gouvernement puisse obtenir la confiance des députés d’ici les grandes vacances. Ivan Bartoš :
« J’ai retenu un point positif de cette rencontre avec le président : Miloš Zeman privilégie la formation d’un gouvernement qui ne compte pas sur un soutien des extrémistes. »Les prochains jours montreront si la coalition gouvernementale du mouvement ANO et des sociaux-démocrates du ČSSD peut voir le jour : vendredi, une décision du ČSSD devrait être connue, tandis que samedi, ce sera au tour du parti communiste (KSČM), réuni en congrès, de prendre une position sur ce sujet.