Sparta-Slavia, le premier « vidéo derby » de l’histoire

Sparta-Slavia, photo: ČTK

Fou, fou, fou ! Disputé dans le froid et sous la neige, le traditionnel derby pragois entre le Sparta et le Slavia, qui s’est soldé sur un résultat nul (3-3) samedi soir, a été spectaculaire et particulièrement animé. Malgré une avance de trois buts à la mi-temps grâce notamment à son meneur de jeu roumain Nicolae Stanciu, le Sparta s’est fait rejoindre dans les vingt-cinq dernières minutes d’un match complétement fou.

Sparta-Slavia,  photo: ČTK
Riche en rebondissements, comme toujours très engagé sur le terrain et très animé dans les tribunes, le derby des « S » pragois, le énième de l’histoire, a aussi été marqué par l’usage de l’assistance vidéo, instaurée pour certains matchs dans le championnat tchèque cette saison.

Pavel Královec, qui officiait au sifflet et qui est actuellement le meilleur arbitre tchèque, y a recours à pas moins de quatre reprises pour autant de moments-clés de la rencontre. En première mi-temps d’abord pour annuler un penalty initialement accordé au Sparta, puis pour refuser deux buts, un premier au Sparta puis un second au Slavia, pour des positions de hors-jeu, et enfin, à la toute dernière minute du temps additionnel en seconde période, pour accorder un penalty au Slavia.

Un penalty transformé en force par l’attaquant international Milan Škoda qui a permis au Slavia de repartir de Letná, le stade de son grand rival, avec le point de match nul. Combiné à la victoire du Viktoria Plzeň à Zlín (1-0) dimanche, ce résultat éloigne cependant encore un peu les Pragois du leader. A neuf journées de la fin de l’HET Liga, le Slavia, champion en titre, possède neuf points de retard sur Plzeň (qui possède par ailleurs toujours un match en retard). Pour autant, à l’issue du match, le défenseur ivoirien du Slavia Simon Deli, auteur de la tête suite à un corner du deuxième but de son équipe, voulait retenir le positif de ce derby décidément pas comme les autres et qui restera gravé dans les mémoires :

« L’assistance vidéo ? Franchement, ça fait ch… »

Sparta-Slavia,  photo: ČTK
« On ne peut être qu’heureux ! Il ne faut pas se le cacher après notre première mi-temps catastrophique. Je dirais qu’il a fallu que nous puisions au plus profond de nos entrailles (sic) pour arracher ce point. Il faut féliciter les gars. Compte tenu de la première mi-temps que nous avons produite, ce point est l’idéal. »

Comment expliquez-vous cependant cette première mi-temps ? Se retrouver mené de trois buts à la mi-temps, ce n’est quand même pas anodin…

« Pff… Que dire ? Nous sommes mal rentrés dans le match et avons perdu beaucoup de ballons. Je pense aussi que l’adrénaline est montée un peu trop fort. On se prend un premier but assez vite, un deuxième ensuite contre notre camp sur un corner, puis un troisième… C’est difficilement explicable, mais retenons aussi que nous avons su réagir. »

Que vous a dit l’entraîneur à la mi-temps ?

« Oh là, il n’a pas été tendre… Il a mis tout le monde devant ses actes et nous a dit qu’il changerait les onze joueurs s’il le pouvait. Il fallait absolument que l’on se réveille, ne serait-ce que par respect pour les milliers de supporters qui sont venus nous voir et les milliers d’autres devant leur télé. »

En deuxième mi-temps, on a senti que vous étiez physiquement supérieurs au Sparta et que vous vous adaptiez mieux au terrain rendu difficile par la neige notamment en allongeant et en simplifiant davantage le jeu. Est-ce aussi votre avis ?

« Le terrain ne nous a pas aidés et il faisait vraiment très froid. Mais physiquement, c’est vrai, nous avons tout donné et, finalement, ça s’est bien terminé. »

Vous avez même marqué ce soir…

Sparta-Slavia,  photo: ČTK
« Oui et je rends gloire à Dieu parce que ce but, je l’avais promis à mes enfants. Il fait d’autant plus plaisir que je l’ai marqué contre mon ancien club et qu’il a été très important pour l’équipe. »

Vous marquez relativement peu lorsque vous montez sur les coups de pied arrêtés, alors que vous remportez la majorité de vos duels aériens défensifs. Comment l’expliquez-vous ?

« Cela dépend aussi de la qualité des coups de pied. Quand les corners ou les coups francs sont bien frappés, j’ai plus de chance d’en mettre un de temps à temps. La semaine dernière déjà, contre Olomouc, j’avais pris deux bons ballons de la tête, mais le gardien adverse était malheureusement sur la trajectoire. Aujourd’hui, mon coup de tête était fort et bien placé et le gardien n’a rien pu faire. Mon objectif est de marquer à chaque fois que je monte, mais la réussite n’est pas toujours au rendez-vous. »

L’arbitre a eu souvent recours à l’assistance vidéo ce soir et son usage a joué un rôle clef dans le déroulement du match. Qu’en pensez-vous ?

« Je commente peu les performances des arbitres, mais il faut quand même dire que ce n’est pas le top… L’assistance vidéo, franchement, ça fait ch…, même si ça aide par moments les arbitres. Ce soir il a pris certaines mauvaises décisions qui ont été rectifiées par la vidéo, ce qui est plus juste. Mais bon… »

En même temps, les décisions s’équilibrent. Une fois c’est en votre faveur, une autre fois en votre défaveur… Cela avait déjà été le cas lors des matchs précédents.

Sparta-Slavia,  photo: ČTK
« Ouaih, mais il y a des fautes que les arbitres voient et qu’ils ne sifflent pas. Ils n’ont pas besoin de la vidéo pour ça. Sur l’action du penalty, il est bien placé pour voir qu’il y a d’abord une faute de main puis une autre faute d’un joueur du Sparta. Tout le monde les a vues ces fautes, donc pourquoi n’a-t-il pas sifflé tout de suite ? Il n’y avait pas besoin de la vidéo. Sur une autre action, un attaquant du Sparta me met un coup de coude dans un duel aérien sans jouer le ballon. L’arbitre l’a bien vu aussi… Les arbitres font ce qu’ils veulent, je préfère ne pas commenter leurs décisions. Aujourd’hui, cette assistance vidéo nous a souri en fin de match avec ce penalty, alors tant mieux. »

Dans la course au titre avec Plzeň, ce résultat nul n’est quand même pas une bonne opération pour vous.

« Oui, mais il y a deux ou trois journées de cela, tout le monde voyait Plzeň déjà champion et la roue tourne. Regardez le match de ce soir et ce qui s’est produit durant les 90 minutes, tout est donc possible. A 0-3, qui aurait cru que nous reviendrions à 3-3 ? Le titre va se disputer jusqu’à la dernière journée. Le championnat est long, il y a des matchs compliqués et on espère que Plzeň fera aussi des faux pas et que nous saurons en profiter. »