Foot : reprise de la Synot Liga avec un nouveau Slavia « made in China »

Les supporters du Slavia Praha à l'Eden Aréna, photo: ČTK

C’est reparti ! Après une trêve hivernale longue de plus de deux mois, la Synot Liga, le championnat de République tchèque de football, a repris ses droits le week-end écoulé. Comme ces dernières années, la lutte pour le titre de champion entre le Viktoria Plzeň et le Sparta Prague pimentera la seconde moitié d’une saison dont la phase finale du championnat d’Europe en France, en juin prochain, constituera le point d’orgue. Mais les performances du très ambitieux Slavia Prague, requinqué par les investissements de son nouveau propriétaire chinois, seront également suivies à la loupe. Pour cette reprise, Radio Prague a suivi deux affiches de cette 17e journée de Synot Liga annonciatrice du printemps : Dukla Prague – Slovan Liberec vendredi soir, puis Slavia – Brno le lendemain. Deux (froides) soirées que ne peuvent apprécier que les vrais amateurs de football.

Dukla Prague - Slovan Liberec,  photo: ČTK
En République tchèque, quand le championnat de football redémarre en février, cela est plutôt bon signe : cela signifie que le printemps frappe à la porte. Vendredi soir dernier cependant, mieux valait ne pas avoir oublié gants, bonnet et écharpe (peu importe aux couleurs de quel club) pour assister à Dukla Prague – Slovan Liberec, match avancé de la 17e journée et, donc, de facto, premier match officiel de l’année 2016 en République tchèque. Et même sans soif, mieux valait ne pas trop traîner à écluser son gobelet de demi-litre de bière bien fraîche sous peine de ne plus pouvoir applaudir, les doigts bleus, les vingt-deux acteurs auxquels, malgré un certain déchet technique, on ne peut reprocher de ne pas s’employer à donner le meilleur d’eux-mêmes quelques dizaines de mètres plus bas sur la pelouse.

Dukla Prague - Slovan Liberec,  photo: ČTK
A dire vrai, ce Dukla – Slovan (2-0), plus que pour la qualité somme toute moyenne de son spectacle, nous y étions allés dans l’idée de discuter, après le match, avec Jean-David Beauguel. Révélation de la première moitié de la saison dernière, l’attaquant français, que nous avions rencontré à l’automne 2014 (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/foot-beauguel-la-revelation-francaise-du-championnat-tcheque), vit depuis des jours moins heureux sous le maillot de l’ancien club de l’armée. Compteur buts vierge depuis le début de saison, souvent blessé, plus toujours titulaire, Jean-David Beauguel donne parfois le sentiment d’errer comme une âme en peine à Prague. Il n’a d’ailleurs pas disputé ce match de reprise contre Liberec. Entraîneur-assistant du Dukla, Jan Suchopárek, qui a gardé un français très correct de ses trois années passées à Strasbourg comme joueur dans les années 1990, nous a expliqué la raison de cette absence et la position actuelle du buteur français dans l’effectif :

« Il est blessé. C’est déjà son deuxième pépin musculaire, mais j’espère qu’il sera de retour dans un ou deux matchs, prêt à jouer. »

Jean-David Beauguel,  photo: Site officiel de Dukla Praha
A l’automne dernier, dans une interview mise en ligne sur le site du magazine So Foot et intitulée « La nourriture tchèque, c’est trop bourratif », Jean-David Beauguel s’était plaint de la vie en République tchèque et avait confié son envie de rentrer en France. Mais six mois plus tard, il poursuit toujours bel et bien sa carrière à Prague. Une position pas forcément évidente pour lui, comme le reconnaît Jan Suchopárek :

« Nous avons déjà discuté plusieurs fois avec David depuis le début de saison. C’est difficile pour lui. Il revient de blessure et nous avons recruté un deuxième attaquant, Václav Vašíček, qui se débrouille pas mal depuis son arrivée. Ce soir, c’est d’ailleurs lui qui a été l’origine du deuxième but. Donc, on verra comment les choses vont se passer avec David. »

S’il reste toujours, rare francophone qu’il est au Dukla, à l’écoute de son attaquant français, Jan Suchopárek, sans se prononcer sur les envies de départ de ce dernier, estime que l’évolution du rôle de Jean-David Beauguel dans le groupe du Dukla dépendra d’abord de ses prestations sur le terrain. Encore faudra-t-il néanmoins qu’il joue :

« C’est difficile aujourd’hui pour nous de dire quoi que ce soit. Il faut attendre un peu. Il faut que l’on puisse juger du niveau de jeu de David sur le terrain. Le problème est qu’il n’a disputé que deux mi-temps lors de la préparation… C’est dommage pour David parce qu’il était blessé, mais, à nos yeux, Vašíček est devenu notre premier attaquant. »

A Eden, le « nouveau » Slavia veut voir grand

Les supporters du Slavia Praha à l'Eden Aréna,  photo: ČTK
Si seulement un peu plus de 2 350 spectateurs ont assisté à ce Dukla – Liberec, l’ambiance n’était pas la même vingt-quatre heures plus tard, quelques kilomètres plus au sud de la capitale à l’Eden Aréna. Pour les supporters du Slavia, c’était même « la fièvre du samedi soir »…

Et pour cause : racheté par le groupe chinois d’investissement CEFC à l’automne dernier alors qu’il était insolvable et en état de « mort clinique » (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/foot-hockey-biathlon-la-chine-veut-que-les-tcheques-transmettent-leursavoir-faire), le doyen des clubs tchèques, 5e à la trêve avec 12 points de retard sur le leader Plzeň, recevait Brno avec l’ambition d’entamer du bon pied un parcours qui doit le mener, selon les ambitions de ses dirigeants, à une place européenne en fin de saison.

Malgré les huit renforts arrivés à coups de millions de couronnes durant le mercato hivernal, Simon Deli, qui porte le célèbre maillot rouge et blanc depuis son arrivée au club en janvier 2015, doit être un des joueurs clefs de ce qui est présenté comme le « nouveau » Slavia. Très solide lors de la logique victoire (2-0) acquise contre le Zbrojovka Brno, le défenseur central international ivoirien envisage le proche avenir et d’abord cette seconde moitié de saison avec pas mal d’optimisme, comme il l’a confié à notre micro dans les salons du stade à l’issue de cette entrée en matière réussie :

Slavia Praha - Zbrojovka Brno,  photo: ČTK
« Ah oui, nouveau Slavia… Après la trêve, il y avait effectivement beaucoup d’attente, parce qu’il y a eu de gros investissements d’effectués et que des nouveaux joueurs sont arrivés. Le club vise une coupe européenne, c’est donc bien d’avoir remporté ce premier match, surtout que l’ambiance était géniale ce soir. Ce n’est pas tout le temps que nous avons cette chance de pouvoir jouer devant autant de monde. Aujourd’hui, les fans nous ont soutenus du début à la fin. »

-Vous êtes au Slavia depuis un an et beaucoup de choses ont changé depuis. Comment vous, les joueurs, avez-vous vécu tout cela ?

« Nous en sommes d’abord heureux. Il faut dire les choses comme elles sont : quand il n’y a pas de motivation autour d’une équipe, les résultats suivent rarement. Avec l’arrivée de ce groupe chinois, du nouveau président et de son équipe, les choses se sont nettement améliorées autour du club. Tout le monde est plus concerné et plus motivé. »

-Qu’est-ce que change pour vous dans l’optique de l’évolution de votre carrière ?

Simon Deli,  photo: Site officiel de Synot Liga
« Beaucoup de choses. Quand je suis arrivé, c’était difficile. J’ai discuté avec les dirigeants, qui m’ont convaincu de rester. Ils voient les choses en grand pour le futur. J’ai eu des offres d’autres clubs cet hiver, mais les dirigeants m’ont fait comprendre qu’ils comptaient vraiment sur moi. Ils sont su trouver les mots justes et ils mettent tous les moyens en œuvre pour que nous, joueurs, nous sentions bien et puissions donner le maximum pour le club. En tous les cas, il est clair qu’il y a beaucoup de travail qui se fait et c’est très motivant ! »

-A la reprise, le Slavia possède 12 points de retard sur Plzeň et 9 sur le Sparta, qui occupent les deux premières places qualificatives pour les tours préliminaires de la Ligue des champions. Pensez-vous encore pouvoir les titiller ou l’écart est-il déjà trop important ?

« Non, ce n’est pas trop tard. C’est le football, vous savez… Rien n’est jamais acquis tant que ce n’est pas fini. Oui, nous avons un bel effectif, mais cela n’est pas suffisant. Il faut que tous les joueurs aient le même engagement. Mais si nous nous battons comme nous l’avons fait ce soir contre Brno, où tout le monde courrait, taclait et défendait… Il n’y a pas de raison de ne pas voir grand et de ne pas rêver. Je suis persuadé que si nous faisons nos matchs, nous remonterons au classement. Oui, nous pouvons encore jouer le titre. Les autres équipes auront elles aussi des matchs difficiles. A nous de mieux les négocier qu’eux. »

Slovácko - Viktoria Plzeň,  photo: ČTK
En attendant de vous proposer une longue interview de Simon Deli dans notre prochaine rubrique sportive, le Viktoria Plzeň et le Sparta Prague ont bien négocié leurs déplacements délicats en Moravie ce week-end. Le club de Bohême de l’Ouest, champion en titre, s’est imposé (2-1) sur la pelouse de Slovácko et a ainsi conservé ses trois points d’avance sur son rival de la capitale. Avant la réception des Russes de Krasnodar en 16es de finale aller de la Ligue Europa, le Sparta l’a, lui, emporté sur le même score (2-1) à Zlín. Si la lutte s’annonce donc serrée jusqu’au bout, Jan Suchopárek a cependant son petit pronostic:

Zlín - Sparta Praha,  photo: ČTK
« Pour le titre, cela se jouera bien entre Plzeň et le Sparta. Mais, attention, Mladá Boleslav (3e avec 9 points de retard sur Plzeň, ndlr) ne joue pas mal non plus. Ils ont la meilleure attaque du championnat (le club de Bohême centrale a battu le Baník Ostrava, lanterne rouge, 3-0 dimanche, avec notamment deux buts d’un certain… Milan Baroš, ndlr). Ils ont perdu un bon joueur, Jiří Skalák (l’international tchèque a rejoint le club anglais de Brighton durant le mercato, ndlr), mais ils peuvent encore se mêler à la bagarre pour le titre. Mais Plzeň reste mon favori. Quant au Slavia, il est trop loin… »