Affaire de l’ancien « flic communiste » : 30 000 Tchèques ont manifesté à travers le pays
« La Tchéquie n’est pas la Russie… On en a marre… Les communistes sont des assassins » : autant de slogans qui ont été scandés par plusieurs dizaines de milliers de manifestants réunis, lundi soir, dans quatorze villes tchèques. Ces protestations massives, remarquées également par le journal britannique The Guardian, ont été organisées pour dénoncer l’élection de l’ancien policier communiste au passé controversé, Zdeněk Ondráček, à la tête de la commission parlementaire en charge du contrôle des forces de police.
Scandalisé, lui-aussi, par l’élection de Zdeněk Ondráček à la tête de la commission parlementaire, un groupe de jeunes Pragois décide alors de convoquer, via Facebook, une manifestation au centre de la capitale : finalement, cette protestation a rassemblé 10 000 personnes sur la place Venceslas. On écoute Lucie Kohoutová, une des organisatrices du rassemblement pragois :
« La nomination d’un tel homme, avec un tel passé à ce poste nous paraissait très symbolique. Nous avions l’impression d’avoir un mot à dire sur cela et nous l’avons fait, même si, auparavant, nous ne nous étions encore jamais engagés publiquement. »
Treize autres villes tchèques se sont jointes à ce mouvement de protestation. Les manifestants ont déployé des banderoles avec des slogans dénonçant la politique du parti communiste, avant et après la révolution de velours, certains brandissant des matraques en papier pour rappeler les représailles auxquelles a participé Zdeněk Ondráček. Les habitants de České Budějovice ont profité de l’occasion pour allumer des bougies au pied du monument aux victimes du communisme. Un peu partout, les manifestants ont critiqué le passé du Premier ministre et chef du mouvement ANO Andrej Babiš, soupçonné de collaboration avec la police secrète communiste, la StB. De nombreuses personnalités de la vie publique, dont les candidats malheureux à la présidence de la République, ont participé au rassemblement sur la place Venceslas. Parmi eux, l’ancienne présidente de la Chambre des députés Miroslava Němcová du Parti civique démocrate ODS, dans l’opposition :« Je suis agréablement surprise par le nombre de gens qui se sont rassemblés ici. Ils sont conscients de la gravité de la situation, ils ont compris qu’il ne suffisait pas de râler chez eux, devant l’écran de télévision, mais qu’il fallait aussi protester dans la rue. Les choses ne bougeront pas tout de suite, car Miloš Zeman, Andrej Babiš, les communistes et le parti ANO ne quitteront pas le pouvoir aussi vite. Mais il est important que les citoyens se fassent entendre, qu’ils disent à haute voix que la liberté leur tient à cœur, qu’ils ne veulent pas vivre dans un pays gouverné par des agents de la StB et des flics agressifs. Si les gens expriment leur mécontentement, on aura un espoir de changement. »
Quelque 14 000 personnes ont signé la pétition réclamant la révocation du député Zdeněk Ondráček de ses fonctions de président de la commission parlementaire chargée du contrôle des forces de police. Les organisateurs de la manifestation pragoise comptent la remettre aux députés symboliquement le mercredi 7 mars, le jour de l’anniversaire du premier président de la Tchécoslovaquie indépendante Tomáš Garrigue Masaryk.