Un atlas tchèque retiré après avoir placé la Crimée en Russie

Photo: TV Prima

Critiqué par les ambassades d’Ukraine et de Géorgie, le ministère tchèque de l’Education vient de retirer son approbation à un atlas scolaire présentant la Crimée comme territoire russe et où l'on trouvait également représenté l'Etat islamique.

Photo: TV Prima
Non, il n’est pas question de l’Atlas des pays qui n’existent pas, cet ouvrage inédit du journaliste Nick Middleton qui fait découvrir aux lecteurs cinquante pays situés aux marges de la légitimité, tels que la Crimée ou le Tibet. Il s’agit d’un atlas officiel destiné aux écoliers tchèques et publié en 2017, avec le consentement du ministère tchèque de l’Education, par la maison d’édition Kartografia Praha. Un manuel scolaire de géographie où l'on trouve l'État islamique et où la Crimée est décrite comme territoire russe, et ce en dépit du fait que la diplomatie tchèque n’ait reconnu ni l'annexion de la Crimée par les autorités de Moscou, ni, il y a quelques mois encore, le contrôle de certains territoires par le groupe Etat islamique.

Pour rappel, la Crimée, administrée par l’Ukraine depuis 1954, a été annexée de force par la Russie au mois de mars 2014, poussant l'Union européenne à prendre de nombreuses sanctions économiques contre Moscou. La diplomatie tchèque a toujours déclaré, de concert avec la communauté internationale, qu'elle n'accepterait « jamais la violation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine ». Cette annexion serait « illégitime » également pour le président tchèque Miloš Zeman, qui avait pourtant suscité un tollé international en déclarant, en octobre dernier, que l’annexion de la presqu’île de 2 millions d’habitants située au nord de la mer Noire était « un fait accompli ».

Photo: TV Prima
Connu pour ses positions proches de la politique du Kremlin, le chef de l’Etat Miloš Zeman a précisément déclaré devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg :

« La Crimée est une annexion, sans aucun doute. En même temps, la Crimée est un fait accompli. Que faire ? Eh bien, s’il y avait un dialogue entre l’Ukraine et la Russie, je pense, et c’est seulement mon point de vue personnel, qu’il pourrait y avoir des compensations en échange de la Crimée sous une forme financière ou en nature, c’est-à-dire avec du pétrole ou du gaz. C’est seulement ma proposition personnelle, rien de plus. Respectez le fait que nous essayons d’éviter une guerre européenne et que, dans le même temps, nous essayions de trouver des compensations pour l’Ukraine. »

Photo: Kartografie Praha
Pointé du doigt par la télévision privée Prima, le ministère tchèque de l’Education a indiqué avoir « vérifié la situation » et a « retiré son approbation » à l’atlas en question qui a placé la Crimée en Russie. « En collaboration avec les éditeurs, le ministère veut remédier le plus rapidement possible à cette situation », selon un communiqué publié la semaine dernière.

L’affaire n’est pas isolée et les erreurs commises, volontairement ou non, par les éditeurs ne se limitent pas à la République tchèque. Une autre maison d'édition tchèque, Ottovo nakladatelství avait déjà publié en 2015 un Atlas du football où la Crimée était également considérée comme faisant partie de la Russie. En France, en Grande-Bretagne ou encore en Italie, certaines maisons d’édition ont également été critiquées par les autorités ukrainiennes pour avoir placé dans leurs ouvrages la presqu’île de la Crimée au sein de la Russie. Une simple erreur pour certains, une désinformation visant à justifier les actes de Moscou pour d’autres…