Yaël Braun-Pivet à Prague : « Il ne faudrait pas que la crise au Proche-Orient fasse oublier l’Ukraine ou l’Arménie »
Le deuxième sommet parlementaire de la Plateforme de Crimée s’est tenu en début de semaine à Prague, après une première rencontre de représentants de parlements du monde en Croatie l’année dernière. Parmi les intervenants se trouvait dans la capitale tchèque la présidente de l’Assemblée nationale française Yaël Braun-Pivet :
« C’est une promesse que j’avais faite à mon homologue de la Verkhovna rada, Rouslan Stefantchouk, qui m’avait invitée l’année dernière, pour montrer le soutien que nous apportons à l’Ukraine et notre solidarité constante. J’ai vraiment souhaité être là aux côtés de la présidente de la Chambre des députés tchèque. C’est très important de montrer que les parlements, qui représentent les peuples, soutiennent toujours l’Ukraine aujourd’hui. »
Le chef de la diplomatie tchèque a évoqué les « spéculations selon lesquelles la Crimée pourrait être donnée à la Russie » en échange de contreparties et les refusent catégoriquement. Qu’en pensez-vous ?
« Aujourd’hui, ce que nous avons réaffirmé c’est le soutien à l’Ukraine dans son intégrité territoriale, donc y compris la Crimée. Nous étions là pour cela et rien d’autre. »
La présidente de la Chambre des députés tchèque, a rappelé que le dixième anniversaire de cette annexion illégale de la Crimée par la Russie sera commémoré dans quelques mois. Que peut apporter concrètement un tel sommet ?
« On attend toujours beaucoup de ce type de sommets et je suis toujours surprise de la question des résultats concrets. Le fait de montrer notre unité – et nous étions très nombreux aujourd’hui autour des Tchèques et Ukrainiens pour réaffirmer ce point essentiel qui est que la Crimée fait partie de l’intégrité territoriale de l’Ukraine – de manière plus élargie encore qu’au premier sommet parlementaire est déjà quelque chose de majeur. »
« Cette solidarité réaffirmée est aussi très importante pour l’Ukraine, qui pourrait – à tort -, compte tenu des circonstances internationales, avoir peut-être peur que le soutien de la communauté internationale faiblisse. »
Est-ce qu’il n’y a pas cependant un risque - avec la tragique actualité au Proche-Orient, où vous étiez récemment – que ce soutien faiblisse dans les faits ?
« Justement, c’est ce que nous devons éviter et nous parlons souvent entre nous de la question de la fatigue de l’opinion publique lorsque des conflits s’inscrivent dans la durée. S’ajoute à cela la question d’une crise qui peut effacer la précédente. On parle de l’Ukraine, de la situation en Israël et il ne faut pas oublier la situation en Arménie que j’ai mentionnée dans mon discours ici. Il ne faudrait pas qu’une crise chasse l’autre et que – dans un monde où l’actualité est trépidante et où règne l’immédiateté – nous oubliions des conflits qui perdurent ou s’enlisent. C’est la raison pour laquelle je suis venue tout comme par exemple les présidentes du Bundestag ou du parlement espagnol. Cette représentation au haut-niveau européen montre bien que, dans nos esprits, une crise ne chasse pas l’autre et que nous avons tous notre rôle à jouer pour que ce ne soit pas le cas dans nos opinions publiques. »
Comme le président français Emmanuel Macron récemment, vous avez cité Milan Kundera dans votre intervention à Prague. Au-delà de ça, est-ce que, de Paris, la Tchéquie est perçue comme un pays aux avant-postes de ce soutien à l’Ukraine ?
« Oui, je l’ai rappelé et j’en ai remercié mon homologue parce qu’effectivement on sait qu’il y a un soutien massif, ne serait-ce que dans le nombre de réfugiés ukrainiens accueillis. Il y a également un soutien militaire important et on sait que les pays les plus proches prennent toute leur part, voire plus. On pense à la Pologne également. Il faut remercier ces pays car ce n’est jamais facile et c’est un engagement qui s’inscrit aussi dans la durée. Je l’en ai remerciée et j’ai salué l’effort réalisé par l’ensemble des Tchèques. »