L’ancien monument à Staline abritera bientôt une grande exposition sur le totalitarisme
Une exposition consacrée au totalitarisme sera ouverte à Prague, en octobre prochain, dans les vastes espaces en béton situés sous l’ancien monument à Staline, sur l’esplanade de Letná. En utilisant des technologies modernes, tels le vidéo mapping ou les effets sonores spéciaux, les organisateurs veulent plonger le public dans l’ambiance du XXe siècle et lui présenter les moments-clefs de l’histoire de l’ancienne Tchécoslovaquie. Tout cela à travers des destins de personnes concrètes.
Un des objectifs de Post Bellum est de susciter chez le public un sentiment d’impuissance, de désespoir et d’injustice qu’avaient, sans doute, les victimes du nazisme et du communisme. Les espaces situés sous l’ancien monument à Staline, inauguré en 1955 et détruit sept ans plus tard, s’y prêtent bien. Dans ce bunker sombre et humide dont la superficie est comparable à un terrain de football, les spectateurs pourront découvrir une dizaine de moments charnières de l’histoire de la Tchécoslovaquie, comme l’a expliqué, pour Radio Prague, Mikuláš Kroupa :
« Nous emmènerons les visiteurs sur le front en Sibérie, lors de la Première Guerre mondiale, là où ont combattu les légionnaires tchécoslovaques. Les spectateurs entendront ensuite arriver les véhicules blindés de la Wehrmacht en 1939, pour se retrouver, un peu plus loin, en pleine période des procès politiques lors desquels des milliers de personnes ont été condamnés, dans les années 1950, à des travaux forcés dans les mines d’uranium. Par ailleurs, ce vaste espace d’exposition nous permettra de montrer aussi des objets tridimensionnels, par exemple une maquette d’une maison où ces prisonniers passaient leurs soirées. La dernière partie de l’exposition sera, évidemment, consacrée à la Révolution de velours. »Les préparatifs de cette exposition interactive, mise en place par Post Bellum, la Radio tchèque, la ville de Prague et l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires, prendront encore plusieurs mois. Elle sera conçue à partir d’archives de ces institutions, et notamment à partir de la base de données importante dont dispose Post Bellum, cette association qui réunit historiens et journalistes. Depuis quinze ans, ceux-ci ont recueilli près de 5 000 témoignages de Tchèques, dont une centaine doivent être au cœur de l’exposition. Mikuláš Kroupa :
« Nous présenterons les histoires de vie des héros inconnus ou oubliés qui se sont opposés aux régimes nazi et communiste. Je ne citerai qu’un nom pour tous, celui du général Tomáš Sedláček (vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, il avait combattu au côté des Alliés, en France, en Grande-Bretagne puis avec les Soviétiques, pour être plus tard condamné à la prison à vie par les autorités communistes, ndlr). Evidemment, des personnalités connues qui ont marqué l’histoire du pays, tels que Václav Havel, seront aussi évoquées. Ils nous ont tous livré leur témoignage avant leur disparition. »L’exposition sur le totalitarisme sera inaugurée en octobre 2018, dans le cadre du centenaire de la fondation de l’Etat tchécoslovaque, et devrait rester ouverte jusqu’à l’été 2019. Par ailleurs, l’association Post Bellum espère susciter un vrai débat public qui pourrait aboutir, enfin, à la création d’un institut de la mémoire nationale.