Andrej Babiš projette de former un gouvernement minoritaire

Andrej Babiš, photo: ČTK

Dix jours après la tenue des élections législatives, les négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement sont entrées dans une deuxième phase plus concrète ce mardi. Leader du mouvement ANO, net vainqueur du scrutin avec près de 30 % des suffrages, Andrej Babiš était reçu par le président de la République à qui il a présenté dans les grandes lignes son projet de cabinet minoritaire.

Miloš Zeman,  photo: ČTK
Miloš Zeman a confié à Andrej Babiš la mission de mettre sur pied un nouveau gouvernement. Le cabinet sortant dirigé par le social-démocrate Bohuslav Sobotka n’ayant cependant pas démissionné, il ne s’agit là encore que d’une procédure essentiellement symbolique. Celle-ci devrait néanmoins aboutir prochainement à la nomination du leader du mouvement ANO en qualité de nouveau Premier ministre.

Compte tenu des résultats des élections et de la répartition des forces très déséquilibrée à la chambre basse du Parlement qui en découle, aucun des huit autres partis étant appelés à siéger à la Chambre des députés n’a jusqu’à présent accepté de coopérer avec le mouvement ANO pour la formation d’une coalition. C’est la raison pour laquelle Andrej Babiš envisage de constituer un gouvernement minoritaire. Une idée à laquelle le président de la République, qui sera chargé de nommer le cabinet, n’est pas opposé. Miloš Zeman a expliqué pourquoi sur l’antenne de la Radio tchèque :

« La politique repose bien entendu sur l’art du compromis. Mais c’est souvent un compromis qui revient à combiner des priorités de programme tellement différentes et opposées que ce compromis a un effet contre-productif, ce qui a pour conséquence que votre gouvernement ne peut finalement rien faire. »

Ce gouvernement minoritaire ne pourra cependant exister qu’à la seule condition qu’Andrej Babiš obtienne le soutien d’une majorité des deux cents députés. Pour parvenir à ses fins, le chef du mouvement ANO, qui a promis avant les élections de réduire les impôts, d’augmenter les salaires et les retraites, de soutenir les jeunes familles, de numériser l’administration publique, d’unifier les systèmes d’information de l’Etat ou encore de renforcer les compétences des maires, propose aux autres partis que certaines des priorités de leurs programmes, à condition que celles-ci soient, dit-il, dans l’intérêt du plus grand nombre, puissent être mises en œuvre. Andrej Babiš projette ainsi de faire appel à des ministres qualifiés dans leurs différents domaines de compétence, et ce quelle que soit leur appartenance politique :

Andrej Babiš,  photo: ČTK
« Je le dis ouvertement : oui, je cherche des experts pour la direction des ministères de l’industrie, de l’éducation et de la défense. Je considère que faire de la politique ne suffit pas à faire de vous un expert. Je rappelle qu’au sein de la coalition gouvernementale sortante, nous avions quatre ministres qui n’étaient pas membres du mouvement ANO. Si les fonctions de Premier ministre me sont confiées, je tiens à former un gouvernement qui fonctionne comme une équipe. Je préfère cette option à une coalition dans laquelle les différents partis se disputent sans cesse, où chacun défend ses propres intérêts et où le travail n’avance pas. Ce n’est pas l’idée que je me fais de la politique. Je ne veux pas de toutes ces obstructions qui font perdre du temps et nous empêcheraient d’appliquer notre programme. »

Cette vision idyllique de la chose politique est rejetée par les autres partis, à l’exception du parti communiste, dont le leader Vojtěch Filip a admis, lundi, qu’il était prêt à tolérer un gouvernement minoritaire.

Andrej Babiš entend présenter une liste de ministres d’ici au 20 novembre, date de la première réunion de la nouvelle Chambre des députés, qui se doit encore, elle, d’élire son président et de procéder à la répartition des différents postes-clés. Ce n’est qu’ensuite que la coalition de Bohuslav Sobotka pourra démissionner pour alors laisser la voie libre, peut-être, à un nouveau gouvernement.