Renseignement : la Tchéquie menacée par des hackers russes et des lobbyistes
L’espionnage cybernétique à l’encontre de la République tchèque, les activités des services secrets russes et chinois, les migrations ou les lobbys : ce sont les principaux sujets traités dans les rapports annuels pour 2016, publiés ce mardi, du Service de renseignement de sécurité (BIS) et du Service de renseignement militaire (VZ).
A en croire les services secrets tchèques, la République tchèque a été la cible d’attaques cybernétiques majeures de la part de hackers russes l’an dernier. C’est le groupe Sofacy qui aurait été le plus actif, et ce aussi bien dans le domaine de la diplomatie, de la défense ou de la recherche et l’innovation militaire. Le groupe avait attaqué, en automne 2016, les ministères de la Défense et des Affaires étrangères de plusieurs Etats européens. Des tentatives similaires ont été observées également en Tchéquie, comme le confirme le porte-parole du BIS, Ladislav Šticha :
« Nous avons enregistré notamment des efforts visant à s’introduire dans les boîtes mail des personnes actives dans le domaine militaire et à obtenir leurs données personnelles et leurs identifiants. »Les institutions publiques tchèques ont dû faire face aussi aux hackers tchèques. Les boîtes mail du Premier ministre Bohuslav Sobotka et de plusieurs députés sociaux-démocrates ont été piratées au début de l’année dernière. En janvier dernier, la diplomatie tchèque a annoncé avoir été victime d’une attaque informatique massive. Pendant plusieurs mois, des hackers auraient notamment eu accès aux courriels du ministre Lubomír Zaorálek et de ses adjoints.
Selon le BIS, organisme qui a la charge du contre-espionnage tchèque, quelles étaient les principales activités des services secrets étrangers sur le territoire tchèque en 2016 ?
Comme de tradition, le rapport du BIS s’intéresse notamment aux activités des services secrets russes et chinois. Les deux pays auraient intensifié leurs activités à l’encontre des intérêts économiques et sécuritaires tchèques. Tandis que les agents russes auraient essayé d’obtenir des informations sensibles et de mener des opérations contre les intérêts de l’Ukraine, de l’OTAN ou de l’UE, la Chine se serait consacrée à la problématique du Tibet et à la perturbation des relations tchéco-taïwanaises. Le Service de renseignement de sécurité a également enregistré sur le territoire tchèque des activités du mouvement chiite libanais Hezbollah, une organisation considérée comme terroriste par l’UE.
Autre point du rapport : l’immigration illégale. Quelle est la situation en Tchéquie ?
Le nombre de migrants illégaux a baissé en République tchèque en 2016. De plus, les réfugiés afghans, syriens ou irakiens représentaient seulement 10% des quelque 5300 cas enregistrés. Les ressortissants ukrainiens, russes, vietnamiens ou koweïtiens représentaient, pour leur part, jusqu’à 85 % des migrants illégaux sur le territoire tchèque.Le BIS a annoncé avoir des informations sur deux combattants étrangers de l’Etat islamique ayant eu des liens étroits avec la République tchèque…
Il s’agirait de deux étrangers vivant sur le territoire tchèque. Pour le premier, les services secrets tchèques ont obtenu de nouvelles informations sur un citoyen étranger ayant quitté la République tchèque, il y a quelques années de cela, pour rejoindre des organisations terroristes en Libye et en Syrie. L’autre homme aurait dû rejoindre le groupe de l’Etat islamique en 2015. L’an dernier, le BIS s’est intéressé à ses contacts sur le territoire tchèque.
Les agents du contre-espionnage ont-ils enregistré des menaces concrètes en Tchéquie ?
Les services de renseignement ont surveillé le premier Tchèque arrêté et inculpé, en février 2016, pour avoir tenté rejoindre l’Etat islamique. Sinon, le BIS n’a pas enregistré d’autres cas de radicalisation dans le pays. D’après le rapport, la République tchèque peut toutefois servir de pays de transit pour les combattants terroristes étrangers qui retournent en Europe occidentale.
Enfin, que dit le rapport sur le rôle des lobbys ?
Les groupes de pression restent bien actifs en République tchèque et disposent d’une réelle capacité à influencer les décisions prises aussi bien au niveau des ministères que des autorités locales, selon le document. Ces efforts vont de pair avec les tentatives des lobbyistes d’influencer les processus législatifs. Le BIS mentionne par exemple la loi antitabac, approuvé en décembre dernier et qui interdit de fumer dans les bars et restaurants en République tchèque.