Fin de l’intervention monétaire : la couronne tchèque commence à se renforcer
La Banque nationale tchèque (ČNB) a finalement mis un terme jeudi à 14h00 à la politique de dévaluation de la couronne tchèque. Avec la fin de cette intervention monétaire débutée à l’automne 2013 pour affaiblir la devise nationale et la maintenir à un niveau de 27 couronnes pour un euro, la monnaie tchèque devrait désormais se renforcer. Son cours a commencé à fluctuer et s’établissait ce vendredi midi aux alentours de 26,6 couronnes pour un euro.
« On va laisser le cours fluctuer absolument librement vers sa réelle valeur. Cela nous est égal de savoir si cela sera 24 ou bien 30 couronnes pour un euro. Pour les premiers jours après la fin de l’intervention, cela nous est totalement égal. Une durée d’une semaine ou deux, cela ne joue pas un rôle fondamental pour l’économie et pour les entreprises. »
Selon les analystes, la couronne pourrait mettre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant de se stabiliser. La façon dont la Banque centrale va se débarrasser de l’énorme volume d’euros qu’elle a accumulé durant les trois ans et demi de l’intervention devrait grandement influencer son cours.
Au total, l’institution monétaire a en effet acquis des euros pour une somme de 1500 milliards de couronnes. Elle a d’ailleurs dû mobiliser des des volumes record au début de cette année, notamment en raison de l’intérêt croissant des spéculateurs pour la devise tchèque, qui sentaient venir le bon coup avec la fin alors annoncée comme prochaine de l’intervention monétaire.
De son côté, le gouvernement tchèque accueille plutôt positivement la décision de la ČNB. Le premier ministre Bohuslav Sobotka a répété que l’intervention monétaire avait rempli ses objectifs. Les exportateurs tchèques en ont en effet largement bénéficié pour faire progresser leurs ventes à l’étranger. La coalition gouvernementale se dit par ailleurs prête à faire face aux effets attendus de la fin de la dévaluation monétaire. Pour les entreprises qui pourraient rencontrer des difficultés, elle songe notamment à recourir au dispositif du « Kurzarbeit », par lequel l’Etat vient en aide aux sociétés en situation de chômage partiel. Le chef de la diplomatie tchèque, Lubomír Zaorálek, a expliqué comment il voyait « le jour d’après » :« Cela va signifier des exigences plus fortes en termes de productivité et d’innovation. Mais c’est ce dont l’économie tchèque a besoin. Nous devons produire des biens à haute valeur ajoutée et les vendre à des bons prix sur les marchés étrangers. »
Enfin, le chef de l’Etat Miloš Zeman lui-même a témoigné de son contentement en ayant une pensée toute particulière pour les vacanciers tchèques et pour leur fierté :
« Je suis heureux que cela ait pu se produire car une nation fière doit avoir une monnaie forte, afin que quand nous allions à l’étranger, nous n’ayons pas à avoir honte du fait que notre monnaie dévalorisée nous empêcher de profiter de ces vacances à l’étranger. »
Avant le début de l’intervention monétaire, le taux de la couronne tchèque était de l’ordre de 25,80 couronnes pour un euro. C’est vers ce niveau, et même vers un cours plus fort encore, que la devise tchèque pourrait bien évoluer.