L’OTAN reste « l’alpha et l’oméga » de la défense tchèque
Le ministre de la Défense a proposé en début de semaine un bilan du travail de ses équipes et les perspectives de développement de l’armée tchèque pour les années à venir. Martin Stropnický (ANO) voit évidemment plutôt les choses en vert avec une hausse accélérée du budget de la défense, qui devrait selon lui permettre à la Tchéquie de mieux tenir son rang dans le cadre de l’OTAN à l’heure même où l’alliance atlantiste est sous le feu des critiques du nouveau président américain.
Le message de M. Stropnický est clair : en dépit de certaines critiques intérieures, notamment de la part des communistes, l’OTAN reste la pierre angulaire de la stratégie de défense tchèque. Cela ne veut pas dire, explique-t-il, que les choses n’évoluent pas. Le ministre a cité le Brexit et surtout l’arrivée à la présidence des Etats-Unis de Donald Trump. Dans un récent entretien, celui-ci a eu des mots durs contre l’OTAN, une organisation « obsolète » d’après lui, car conçu « il y a des années et des années ».
Le chef d’Etat républicain a aussi une nouvelle fois regretté que la plupart des pays membres de l’organisation atlantiste ne respectaient pas ses statuts en consacrant moins de 2% de leur PIB aux dépenses militaires. La République tchèque est dans ce cas de figure. Estimant d’une part que l’Allemagne était amenée à jouer un plus grand rôle, Martin Stropnický a également évoqué ce point budgétaire :
« Je comprends ces pressions sur le budget. Elles sont logiques et ne constituent pas vraiment une nouveauté. Elles étaient aussi le fait de Barack Obama et du secrétaire général de l’alliance Jens Stoltenberg. La République tchèque ne remplit pas ces devoirs comme elle le devrait, mais c’est vrai seulement en partie. Nous sommes un des pays où la tendance s’est inversée significativement. La croissance du budget de la défense sur un an est de près de 10%. Peu de pays européens ont une telle dynamique. J’ajouterais que nous n’avons pas abandonné l’objectif déclaré d’atteindre un budget de l’ordre de 1,4% du PIB d’ici à 2020. »En réalité, pour le chercheur en relations internationales Martin Michelot, que nous interrogions récemment sur nos ondes, il faut relativiser l’importance de l’arrivée de Donald Trump et cette question des 2% du PIB :
« Il y aura sans doute une pression qui continuera à être mise sur des pays comme la République tchèque pour continuer à dépenser de l’argent. Mais en même temps, cela ne veut pas dire pour les Tchèques que le plan de développement de leur armée, qui est cohérent et structuré sur les années à venir, va être accéléré. Au contraire, cela amènera peut-être à quelques tensions. Mais la vérité est que cette question des 2%, est d’abord une politique publique d’affichage. »
Ce plan de développement et de modernisation de l’armée tchèque porte pour les dix ans à venir sur 180 milliards de couronnes, environ 6,7 milliards d’euros, dont plus des deux tiers seront destinées à l’armée de terre. Dès cette année, le ministère, qui rejette les critiques selon lesquelles cette modernisation aurait pris du retard, entend conclure l’acquisition de 66 véhicules militaires de type Pandur et Titus, de 12 hélicoptères polyvalents ou encore de radars mobiles.Parallèlement, le chef de l’Etat-major tchèque, Josef Bečvář a fait un état des lieux des troupes en présence. L’armée tchèque compte aujourd’hui 19 800 soldats et 3 700 employés civils. Cette année, 810 militaires, un nombre légèrement inférieur par rapport à 2016, devraient être envoyés sur des théâtres d’opérations extérieurs. Plusieurs centaines de soldats tchèques restent également à disposition de la Force de réaction de l’OTAN ainsi que des « Battle groups », ces unités militaires mobilisées dans le cadre de l’UE par les Etats membres.