Brexit : la République tchèque pour la fermeté dans les négociations avec Londres
La République tchèque et l’Union européenne (UE) sont sur la même longueur d’ondes quant aux priorités pour les négociations du Brexit. C’est en somme ce qu’a affirmé le Premier ministre Bohuslav Sobotka à l’issue de sa rencontre, mercredi à Prague, avec Michel Barnier, le négociateur en chef chargé, au nom de la Commission européenne, de préparer le divorce entre l'UE et le Royaume-Uni.
« Il est évident que s’il entend conserver un accès au marché unique européen, le Royaume-Uni se devra de garantir le maintien des quatre libertés fondamentales, y compris notamment la libre circulation des personnes souhaitant travailler dans un autre pays. C’est là une priorité-clef pour la République tchèque. Nous ne voulons que les Tchèques qui vivent en Grande-Bretagne soient victimes de quelque forme de discrimination que ce soit et perdent des droits qu’ils ont acquis ces dernières années grâce justement à la liberté de circulation à l’intérieur de l’UE. Si les Britanniques veulent continuer à pouvoir profiter du marché commun, ils devront en contrepartie respecter les priorités que nous avons formulées et les engagements que nous avons pris vis-à-vis de nos citoyens. »
Autre priorité pour la République tchèque, toujours selon Bohuslav Sobotka : les exportations, dont l’économie tchèque est grandement dépendante. Le marché européen constitue, et de très loin, la principale destination pour les exportateurs tchèques et cette importante a encore augmenté en 2015. Ainsi, près de 85% des exportations tchèques se sont effectuées dans des pays membres de l'UE. Prague souhaite donc que de nouvelles barrières qui empêcheraient le développement de ces échanges commerciaux n’apparaissent pas.
Surnommé « Monsieur Brexit » depuis sa nomination en juillet dernier, Michel Barnier poursuivait à Prague sa tournée des capitales européennes pour sonder leurs avis et mieux appréhender les différentes attentes et exigences de chacune, mais aussi de façon à trouver un partenariat « gagnant-gagnant », comme il l’a expliqué, avec Londres et le gouvernement de Theresa May.
Dans ce cadre, l’ancien ministre français et commissaire européen s’est également entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek. Celui-ci lui a demandé à ce que des experts tchèques puissent être intégrés à l’équipe européenne qui sera chargée de mener les négociations avec les Britanniques, une fois que ceux-ci auront activé une clause de retrait qu’aucun Etat n’a encore jamais utilisée. Plus concrètement, la République tchèque est intéressée par la question du marché intérieur. « Nous voulons que les Britanniques respectent la position selon laquelle il n’est pas possible de picorer seulement le bon grain. Si tel n’était pas le cas, cela signifierait qu’il est plus avantageux de ne pas être membre de l’UE que de l’être, et ce serait contraire au bon sens », a expliqué le chef de la diplomatie.Une vision des choses qui témoigne de la fermeté dont les Tchèques entendent faire preuve dans la défense des intérêts de tous, mais qui peut prêter quelque peu à sourire quand on connaît certaines de leurs positions, pas nécessairement toujours des plus solidaires, sur d’autres dossiers européens. Mais c’est là une autre affaire.