Quelles suites tchèques au Brexit ?

Bohuslav Sobotka, photo: ČTK

Le Premier ministre Bohuslav Sobotka a prononcé jeudi un discours devant la Chambre des députés, à propos de la façon dont la République tchèque comptait réagir suite au vote britannique sur le Brexit. Le chef du gouvernement s’est voulu rassurant alors que certaines voix au sein de l’opposition réclament déjà la négociation de nouvelles règles européennes ainsi que l’organisation d’un référendum à propos d’un éventuel Czexit. Le débat parlementaire sur les suites à donner au Brexit au sein de l’Union européenne a donc déjà débuté en République tchèque.

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
Alors que certains pensent que la situation économique et politique risque de se compliquer pour les Tchèques après la sortie du Royaume-Uni de l’UE, le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, a voulu écarter les craintes devant les députés ce jeudi, tout en affirmant que la République tchèque avait intérêt à rester dans l’Union européenne. Le Premier ministre a tout d’abord souligné le fait que la République tchèque allait continuer à entretenir de bonnes relations avec le Royaume-Uni. Pour autant, il est selon lui nécessaire de réformer l’Union européenne, sans pour autant accorder une importance exagérée au Brexit. Le social-démocrate a également refusé l’affirmation selon laquelle l’UE faisait pression sur le pays quant à une adoption accélérée de l’euro. Bohuslav Sobotka :

« L’Union européenne doit être plus attractive et plus utile pour les citoyens. Elle doit être moins bureaucratique et être capable d’agir davantage. Elle doit offrir à ses citoyens un espace suffisant de liberté, de sécurité, de prospérité, et donner un message d’espoir clair sur le fait que le futur sera meilleur. »

Pour Bohuslav Sobotka, ce qui est primordial à l’heure actuelle, c’est notamment de déterminer quel est l’avenir de la libre circulation des personnes, des biens et des services avec Londres. D’après le premier ministre, les réformes à venir « doivent être faites sous le contrôle des Etats membres » et non de la seule Commission.

Petr Fiala,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Du côté du parti d’opposition ODS, une formation de droite plutôt sceptique sur la construction européenne, on estime que le vote britannique pose certaines questions sur l’adoption de l’euro ou sur la politique migratoire commune. C’est ce qu’a développé le chef du parti ODS Petr Fiala :

« Le gouvernement tchèque devrait négocier une exception à l’égard de l’adoption de l’euro ainsi qu’une exception dans le cadre de la politique migratoire et d’asile, et ce, afin que nous ne soyons pas mis en minorité par le vote d’une majorité qualifiée, comme cela avait été le cas avec la question des quotas. »

Sur ce sujet, le président du comité parlementaire pour les affaires européennes, Ondřej Benešík (parti chrétien-démocrate) a indiqué que « l’Union européenne, à savoir la majorité des pays membres, avait tendance à dépasser le cadre des conventions en vigueur ». Dans l’opposition de droite, les violons ne sont pas totalement accordés pour autant. Au parti conservateur TOP 09, on considère que négocier des exceptions pour tel ou tel pays n’est pas la voie à prendre. On écoute son président Miroslav Kalousek :

Miroslav Kalousek,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Si nous abordons tous les règles communes en voulant faire le plus d’exceptions possibles, alors nous n’allons avoir aucunes règles communes et aucune Europe commune. »

A l’instar du Front national en France, certaines voix s’élèvent déjà pour l’organisation d’un référendum en République tchèque, comme le parti Svobodní, qui s’est déjà lancé dans une campagne par le biais de grands panneaux publicitaires militant clairement pour un « Czexit ». A cette volonté se joignent d’autres partis d’extrême droite, comme le nouveau parti Liberté et démocratie directe de l’entrepreneur Tomio Okamura, le Parti ouvrier de la justice sociale (DSSS) ou aussi Úsvit.

Malgré le discours plutôt conciliant du Premier ministre qui refuse catégoriquement tout « Czexit », Bohuslav Sobotka n’a pas caché ses craintes vis-à-vis de l’impact économique, sachant que la République tchèque pourrait perdre jusqu’à 15% de ses subventions européennes. De son côté, le président de la République Miloš Zeman a soutenu ce jeudi l’idée d’organiser un référendum, mais il n’est pas pour autant partisan de la sortie du pays de l’UE.

La présidence du Conseil de l’Union européenne incombe à partir de ce 1er juillet à la Slovaquie. Aussi, un sommet se tiendra le 16 septembre prochain à Bratislava et réunira les représentants des gouvernements européens, à l’exception du Premier ministre britannique, afin de discuter de la position commune à adopter face aux négociations avec le Royaume-Uni.