Pourquoi les femmes tchèques épousent-elles des occidentaux et les hommes des « Slaves » ?
Un mariage en République tchèque sur neuf se déroule non seulement en tchèque mais également dans une langue étrangère. Selon les données de l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ), près de 5 000 Tchèques ont conclu une union avec un étranger ou une étrangère au cours de l’année dernière. Si les hommes tchèques épousent dans la plupart des cas des femmes venues de l’Europe de l’Est, les femmes choisissent leur partenaire plus souvent dans les pays occidentaux.
« À l’époque, la République tchèque n’était pas membre de l’Union européenne, donc la contrainte, si on voulait rester ensemble, c’était une question de visa. Aujourd’hui, les gens restent juste ‘ensemble’, nous on s’est marié tout de suite. »
Malgré cette tendance croissante de vivre en concubinage qui se manifeste à travers le monde, le nombre de mariages entre deux personnes de nationalités différentes en République tchèque augmente constamment. Alors que près de 4 000 mariages mixtes ont été célébrés chaque année entre 2010 et 2013, ce chiffre a augmenté d’un millier lors des deux années écoulées. Les responsables de cette hausse sont notamment les femmes. Par exemple en 2015, plus de 3 000 femmes ont dit « oui » à un étranger, contre seulement 1 800 hommes ayant épousé une allochtone.
Ce sont les Slovaques, qui ne sont d’ailleurs pas vraiment considérés comme des étrangers pour la plupart des Tchèques, qui se placent en tête des statistiques, puisqu’on les retrouve dans environ un tiers de tous les mariages mixtes conclus dans le pays. Quant aux autres nationalités, les préférences des deux sexes diffèrent considérablement. Les femmes épousent le plus souvent des Allemands, des Britanniques ou des Américains. La sociologue Jiřina Šiklová poursuit :
« Les pays occidentaux sont pour nous toujours très attractifs car la génération de ceux qui sont actuellement les jeunes adultes a grandi dans la conviction que la liberté était à l’étranger et que les gens y vivaient mieux. On se fait des idées sur l’Ouest parce qu’il était auparavant nié et désigné comme mauvais. De plus, de nombreuses femmes ne veulent pas, et s’occuper des enfants, et travailler, et faire le ménage. Elles vivent dans l’illusion que cela est différent en Occident. »Tandis que cela serait donc entre autres cet aspect économique qui motiverait les femmes tchèques à partir pour l’Ouest, leurs homologues masculins ont, d’après les données de l’Office tchèque des statistiques, des préférences plutôt pour des femmes d’autres peuples slaves et épousent notamment des Ukrainiennes, des Russes ou des Polonaises. Comment expliquer cette situation ? Jiřina Šiklová :
« Les hommes tchèques ne sont pas si attractifs pour les citoyennes des pays occidentaux tout d’abord pour des raisons financières, car ils ne peuvent pas trouver un travail à l’étranger si facilement. Et puis, ils ont déjà perdu ce côté romantique des réfugiés politiques. Au contraire, les hommes tchèques trouvent souvent séduisantes les femmes de l’Est, comme par exemple les Ukrainiennes. Cela est lié au fait que les hommes tchèques sont persuadés que les femmes des pays post-communistes sont moins émancipées que les femmes tchèques et qu’elles seront plus dépendantes de leur mari. »
Comme l’ajoute néanmoins Jiřina Šiklová, ces idées stéréotypées pourraient bientôt changer :
« Je crois que les préférences vont prochainement évoluer. Quand les uns perdront leurs illusions à propos des autres, ils se rendront compte que les problèmes sont les mêmes ici comme ailleurs. Je vais assez souvent à l’étranger et je séjourne dans des familles, donc je vois que les problèmes y sont vraiment très similaires. »Quoi qu’il en soit, les couples binationaux qui décident de déclarer officiellement leur amour et leur volonté de passer leur vie ensemble constituent un phénomène de plus en plus fréquent en République tchèque et ils représentent désormais environ 11 % de toutes les unions conclues dans le pays.