Karel Jarolím, un sélectionneur francophile
C’est un sélectionneur qui parle français que la Fédération tchèque de football a nommé à la tête de l’équipe nationale en août dernier. Après avoir joué pendant quatre saisons à Rouen puis à Amiens de 1987 à 1991, puis avoir été l’adjoint d’Ivan Hašek sur le banc du RC Strasbourg de 2001 à 2003, Karel Jarolím a gardé suffisamment de connaissances depuis pour accorder un court entretien à Radio Prague.
Chose promise, chose due : après avoir répondu pendant une bonne demi-heure aux questions de la quinzaine de journalistes tchèques présents, le sélectionneur nous a consacré quelques minutes supplémentaires pour répondre en français. D’abord un peu réticent, Karel Jarolím, qui se souvenait qu’un journaliste français « l’embêtait » déjà après certains matchs de coupes d’Europe lorsqu’il entraînait le Slavia Prague dans la seconde moitié des années 2000, s’est finalement gentiment prêté au jeu. D’abord pour faire un bilan peu reluisant : après ses trois premiers matchs, la République tchèque occupe l’avant-dernière place du groupe C avec seulement deux points au compteur. La perspective d’une qualification pour le prochain Mondial n’a jamais semblé si éloignée, et ce même si Karel Jarolím se dit convaincu que son équipe a encore les moyens de terminer à une deuxième place qui pourrait être synonyme de barrages.
Monsieur Jarolím, deux points et aucun but inscrit en trois matchs avec deux 0-0 à domicile contre l’Irlande du Nord et l’Azerbaïdjan, deux équipes dont on pensait qu’elles étaient dans vos cordes et que vous espériez battre : ce bilan reflète-t-il bien la valeur actuelle du football tchèque et de son équipe nationale ?
« Oui, c’est triste… Nous essayons pourtant de pratiquer un style offensif, mais nous ne sommes malheureusement pas assez efficaces devant le but. »
Que manque-t-il pour cela à votre équipe ?
« Nous devons être plus agressifs et plus rapides dans la surface de réparation adverse. Il nous faut aussi y être plus présents, il y a des situations où il faudrait plus que deux ou trois joueurs devant le but. Mais c’est d’agressivité dont nous manquons. »Cette année, l’équipe nationale a disputé six matchs officiels ; trois au championnat d’Europe pour deux défaites (0-1 contre l’Espagne et 0-2 contre la Turquie) et un résultat nul miraculeux (2-2) contre la Croatie, et trois autres éliminatoires en septembre et octobre qui ont confirmé toutes les difficultés. Quand on entend les questions des journalistes tchèques, n’avez-vous pas le sentiment que les attentes sont trop grandes par rapport au réel potentiel de votre équipe ?
« C’est vrai, surtout que plusieurs joueurs ont mis un terme à leur carrière internationale après l’Euro. On recommence donc pratiquement avec une toute nouvelle équipe. C’est toujours difficile, mais nous avons encore un match qui nous attend contre la Norvège (le 11 novembre à Prague, ndlr). Nous avons un mois pour bien nous préparer et le gagner, car je continue à penser que la qualification reste possible. »
Encore faudra-t-il donc battre la Norvège… Or, on voit bien que vos joueurs doutent. Les deux derniers matchs contre l’Allemagne (défaite 0-3 à Hambourg) et l’Azerbaïdjan l’ont encore démontré.
« C’est important, effectivement. Tout part de la relance depuis nos stoppeurs. Il faut être plus rapides dans la construction de nos attaques et plus agressifs, encore une fois, dans les duels. Mais on donnera le maximum contre la Norvège. »Vous attendiez-vous à une tâche si compliquée lorsque vous avez pris vos fonctions de sélectionneur ?
« Oui ! C’est très différent du travail en club. Mais je compte dire aux joueurs comment ils doivent travailler et ce qu’ils doivent travailler dans leurs clubs avant le prochain rassemblement en équipe nationale. Il faut qu’ils soient prêts à 100% pour le match contre la Norvège. »
Vous restez donc optimiste…
« Oui ! Bien sûr. »