Miloš Zeman veut déporter les migrants économiques, une proposition qui lui vaut de nombreuses critiques
Miloš Zeman suggère de déporter les migrants économiques dans les « zones vides » en Afrique du Nord ou sur les îles grecques inhabitées. C’est ce qu’a déclaré le président tchèque dans un entretien accordé au quotidien britannique Financial Times, lors de sa visite, en fin de semaine dernière, sur l’île de Rhodes, où il a participé au « Dialogue des civilisations », un forum organisé par Vladimir Yakounine, un proche de Vladimir Poutine. De son côté, le chef de la diplomatie, Lubomír Zaorálek, a protesté contre cette proposition, en affirmant qu’il ne s’agissait là en aucun cas de la position officielle du gouvernement.
Mais le président tchèque ne s’est pas arrêté là. Il a proposé également une solution : la Grèce possède de nombreuses îles inhabitées où elle pourrait installer des « hotspots ». Cela lui permettrait de rembourser ainsi une partie de sa grande dette vis-à-vis de l’UE.
La proposition de Miloš Zeman a toutefois été refusée par le ministre des Affaires étrangères. Dans une émission diffusée à la Télévision tchèque dimanche, Lubomír Zaorálek a souligné qu’il ne s’agissait pas là de la position officielle de la politique étrangère tchèque :
« On ne peut pas dicter aux Grecs qui placer sur leurs îles. De plus, beaucoup d’entre elles sont déjà surchargées. Nous n’allons donc pas recommander à quelqu’un d’accueillir des migrants. Ceci dit, il est vrai que l’Europe ne pourra pas accueillir un nombre illimité de réfugiés économiques. Aucun pays n’est en mesure d’absorber des quantités de migrants excessives, comme un million de réfugiés en Allemagne. »Une opinion que partage aussi le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, qui voit la solution plutôt dans des accords de renvoi de réfugiés semblables à celui que l’UE a conclu avec la Turquie :
« Quel que soit l’endroit où on voudrait installer des camps, il convient d’avoir l’accord du pays concerné. Il ne peut certainement pas s’agir d’une décision unilatérale. »
Miloš Zeman a néanmoins dû faire face à d’autres critiques encore, dont celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg. Celui-ci reproche au président d’avoir choisi de participer à la conférence de Vladimir Yakounine, qui est inscrit sur la liste des sanctions du gouvernement américain, liées à l’annexion russe de la Crimée, plutôt que de se rendre, avec les chefs du gouvernement et de la diplomatie, aux funérailles de l’ancien président israélien Shimon Peres :
« En participant à cette conférence, Miloš Zeman a négligé ses devoirs de président de la République, dont notamment la représentation du pays à l’étranger. Quand un homme d’Etat aussi important que Shimon Peres meurt, la République tchèque se doit d’être représentée par son chef d’Etat. Cela ne témoigne pas de l’état de notre politique étrangère de laquelle le président s’est complétement détaché, mais de l’état du Château de Prague où l’influence russe est plus forte que les intérêts de l’Etat. »Par ailleurs, ces événements ont donné l’occasion à Lubomír Zaorálek de répéter ses récentes critiques reprochant au chef d’Etat son ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays. Le ministre a fait référence au soutien que Miloš Zeman a exprimé au candidat d’extrême-droite à la présidence autrichienne, Norbert Hofer, ou encore au candidat à la présidence américaine, Donald Trump :
« Je ne crois pas que notre rôle soit de recommander aux Américains qui élire ou non comme président. C’est leur propre affaire et on doit le respecter. »
Le chef de la diplomatie a également ajouté que le comportement du président Zeman va à l’encontre de toute conduite stratégique du pays, car si la République tchèque veut maintenir de bonnes relations avec les Etats en question, elle sera prochainement tenue de négocier avec leurs présidents, et ce quels qu’ils soient.