Deli et Ngadeu, la tour de garde et le roc africains du Slavia

Michal Ngadeu (au gauche), photo: ČTK

Comme lors des dernières journées de championnat, Simon Deli et Michael Ngadeu étaient titulaires dans la défense et l’entrejeu du Slavia dimanche. A la sortie des vestiaires, l’Ivoirien et le Camerounais ont livré, au micro de Radio Prague, leurs impressions à chaud sur un derby que les deux hommes n’oublieront probablement pas de sitôt :

Simon Deli,  photo: Site officiel du Slavia Prague
Simon Deli : « Nous avons appliqué les consignes que l’entraîneur nous avait prodiguées tout au long de la semaine à l’entraînement. Et nous avons été récompensés. »

Très bien, mais quelles étaient ces consignes ?

Michael Ngadeu : « Il fallait jouer tout en conservant un certain ordre sur le terrain. Tactiquement, l’idée était de ne pas laisser d’espaces, d’être compacts et de défendre tous ensemble pour ensuite faire la meilleure utilisation possible du ballon et concrétiser nos chances. Je crois que ces consignes ont été respectées, et le résultat est là… »

On a quand même assisté à une première mi-temps très brouillonne avec beaucoup de duels et un ballon qui a été plus souvent dans les aires qu’à terre. C’était dû à la tension, à l’enjeu ?

MN : « Oui, tout le monde a beau dire avant le coup d’envoi que c’est un match de championnat comme les autres, mais ce n’est pas la réalité. Le fait est que ce n’est pas facile à gérer. Il y a la pression autour d’un match qui est d’abord un combat. C’est difficile de poser le ballon pour le faire circuler, et c’est pourquoi il y a eu effectivement beaucoup de contacts en première mi-temps. Mais cela s’est mieux passé en deuxième. Les esprits se sont un peu calmés et les deux équipes ont alors essayé de bien jouer au football. »

« Nous sommes là pour apporter une touche physique à l’équipe »

Personnellement, c’est le genre de match qui convient à tous les deux ? Votre rôle sur le terrain consiste aussi à en imposer physiquement.

SD : « C’est clair. Il faut montrer à l’adversaire que nous sommes là physiquement et répondre présent dans tous les duels. Comme vous l’avez dit, le taux d’adrénaline était très élevé en première mi-temps, tout le monde allait au charbon. Il fallait alors montrer que nous sommes des hommes. Ce genre de match se joue certes sur le terrain, mais ça se passe aussi beaucoup dans la tête. Le fait que nous ayons su répondre physiquement a fait que nous sommes sortis vainqueurs de ce match. Et je pense que Mickaël et moi apportons un plus à l’équipe dans ce domaine. En tous les cas, c’est notre objectif. »

En première mi-temps, vous auriez pu ouvrir le score sur penalty juste avant de rentrer aux vestiaires, soit à un moment toujours idéal. Suite à l’échec de votre partenaire, que vous êtes-vous dit dans les vestiaires ?

Michal Ngadeu  (au gauche),  photo: ČTK
MN : « Un penalty, vous savez, il y a 50% de chances de le transformer et 50% de chances de le rater. Il fallait donc oublier, c’était passé, et se replonger tout de suite dans le match. Nous nous sommes dit que nous aurions d’autres occasions de marquer. D’ailleurs, Muris, qui a raté le penalty, a ensuite été récompensé de ses efforts puisqu’il a marqué et ouvert le score. »

Cette victoire dans un match aussi important comme l’est ce derby, peut-elle enfin lancer votre saison ? L’objectif du club est de terminer sur le podium. Or vous en étiez encore assez loin avant ce match après un début de saison que l’on qualifiera de moyen et marqué, déjà, par un changement d’entraîneur. Là, on a l’impression que cela va un peu mieux…

SM : « Déjà, il ne faut pas se laisser griser. Certes, cette victoire contre le Sparta arrive au bon moment. Mais il faut garder la tête froide et se concentrer sur les prochaines échéances. Moi, je pense que la saison est lancée depuis un moment déjà. On aurait pu dire la même chose la semaine dernière après la victoire contre Liberec. Bon, gagner contre le grand rival fait du bien, mais il faut déjà l’oublier et penser aux matchs à venir. »

« Notre nouvel entraîneur aime que ce soit son équipe qui joue »

Comment expliquez-vous le difficile début de saison du Slavia ?

Jaroslav Šilhavý,  photo: ČTK
MN : « Je me dis que cela est peut-être dû aux nombreux matchs que nous avons accumulés (le Slavia a disputé trois tours préliminaires en Ligue Europa, avant d’être éliminé par Anderlecht, ndlr). Nous avons alors joué pratiquement tous les trois jours, et ce n’est pas facile avec la fatigue qui s’accumule. Nous sortions juste de la préparation et un nouveau groupe de joueurs se formait. Là, il semble que nous ayons trouvé un noyau avec l’apport du nouvel entraîneur (Jaroslav Šilhavý, qui était l’entraîneur du Dukla Prague, a remplacé début septembre Dušan Uhrin, limogé pour mauvais résultats, ndlr). L’idée est maintenant de former une équipe compétitive, solide et résistante sur tous les points. »

Justement, que vous a apporté ce nouvel entraîneur ? Pour l’heure, le bilan est plutôt positif après trois matchs : un résultat nul (2-2) pour commencer à Teplice lors d’un déplacement qui n’est jamais une partie de plaisir, puis deux victoires, d’abord à domicile contre le Slovan Liberec (1-0), puis donc contre le Sparta aujourd’hui. Qu’est-ce qui a donc changé ?

SM : « C’est un entraîneur qui aime jouer et qui ne veut pas que nous subissions. Les trois derniers matchs ont montré qu’il nous apportait beaucoup sur le plan tactique. Il nous dit d’avoir confiance en nous et de ne pas avoir peur de prendre le jeu à notre compte. Je pense que c’est ce qu’il fallait. Aujourd’hui, nous en avons tiré profit et j’espère que cela continuera comme ça jusqu’à la fin de la saison. »

SParta Prague - Slavia Prague,  photo: ČTK
Michael, si Simon est devenu le pilier de la défense du Slavia, en ce qui vous concerne, il semble que vous soyez parvenu à gagner votre place dans l’équipe. On imagine mal désormais le milieu de terrain du Slavia sans Ngadeu devant la défense avec son gabarit…

MN : « Non, je ne dirais pas ça. Je fais mon boulot du mieux possible et je m’efforce d’appliquer les consignes qui me sont données. J’essaie d’apporter un plus à l’équipe, mais ce n’est là rien de plus que mon travail. Mais on ne peut pas dire pour autant que je suis devenu indispensable à l’équipe. Il y a d’autres joueurs qui peuvent évoluer à mon poste et dans ce rôle de milieu défensif. Le plus important pour moi est d’être sur le terrain et de gagner le maximum de mes duels. C’est ce que je peux apporter à l’équipe pour l’aider à gagner. »

« Nous sommes comme deux frères »

Dans quelle mesure est-il important pour vous deux d’être ensemble ? Même de par votre positionnement sur le terrain, vous êtes proches l’un de l’autre.

SD : « Cela fait du bien. Nous pouvons parler français, nous nous entendons bien et nous venons de pays, la Côte d’Ivoire et le Cameroun, qui sont proches eux aussi. C’est la fraternité ! Nous nous parlons beaucoup sur le terrain et en dehors nous partageons de nombreux moments libres ensemble. Cela nous aide. »

On vous voit sortir du vestiaire en short et en claquettes sans être passées par la douche. Les dirigeants du Sparta sont vexés après cette défaite et vous ont coupé l’eau chaude ?

SD : « Non, c’est juste parce que nous ne pouvons pas faire le décrassage d’après-match ici. Nous sommes donc obligés de retourner après notre stade pour le footing et c’est pourquoi nous sommes restés en short et en claquettes (rire). »