Michael Ngadeu, un champion d’Afrique qui rêve aussi du titre de champion de Tchéquie

Michael Ngadeu, photo: Site officiel du Slavia Prague

Depuis le départ de Bony Wilfried du Sparta Prague il y a bientôt six ans de cela, le championnat de République tchèque de football n’avait probablement plus vu de meilleurs joueurs africains évoluer sur ses pelouses. Leaders défensifs du Slavia depuis quelques mois déjà, Michael Ngadeu et Simon Deli comptent parmi les principaux artisans, sur le terrain, du renouveau du grand club pragois. Argent du propriétaire chinois aidant, le Slavia, qui occupe seul le fauteuil de leader de l’ePojisteni.cz liga, rêve de reconquérir un titre de champion qui lui échappe depuis 2009. Et ses défenseurs camerounais et ivoirien rêvent avec lui.

Michael Ngadeu,  photo: Site officiel du Slavia Prague
Lorsqu’il est arrivé à Prague, l’été dernier, en provenance de la Moldavie roumaine et du FC Botosani, Michael Ngadeu était un illustre inconnu. Six mois plus tard, l’ancien pensionnaire du Canon Yaoundé, passé par l’Allemagne durant ses études, était sacré champion d’Afrique des nations avec le Cameroun en battant l’Egypte en finale à Libreville au Gabon. Mieux même, auteur de deux buts décisifs durant le tournoi, le défenseur du Slavia Prague, sélectionné pour la première fois avec les Lions indomptables en septembre dernier, a été élu dans l’équipe type du tournoi.

Après un bain de foule dans la liesse à leur arrivée à Yaoundé, puis avoir été reçus par le président Paul Biya au Palais de l’unité, Michael Ngadeu et la très grande majorité de ses partenaires ont repris la route pour l’Europe, où ils ont retrouvé le train-train du footballeur professionnel dans leurs clubs respectifs.

Pour le milieu défensif du Slavia, ce qui était censé être un retour à l’ordinaire a toutefois pris une forme inattendue : d’abord une Mercedes offerte par ses dirigeants tchèques en récompense de son titre continental, l’hymne camerounais joué en son honneur devant les supporters, puis un triplé, le premier de sa carrière, pour son match de reprise sous le maillot rouge et blanc lors de la large victoire pragoise (8-1) à Příbram. C’est donc peu de dire que Michael Ngadeu vit un début d’année 2017 rêvé, comme il s’en est amusé dimanche dernier lorsque nous l’avons interrogé à l’issue du succès (1-0) ô combien important du Slavia contre le Viktoria Plzeň dans le match au sommet du championnat tchèque :

« (Rire) Rêvé ? Ouaih… Si on m’avait dit, il y a de cela six mois que cela, que je serais champion d’Afrique cette année, je ne l’aurais pas cru, c’est sûr. Ce qui m’arrive est grandiose. Je ne réalise même pas encore tellement c’est fabuleux… En même temps, cela confirme que le travail bien fait est toujours récompensé, et ce que ce soit en sélection ou ici en club. Le travail que nous abattons est vraiment énorme. Les entraînements ne sont pas faciles, mais nous nous donnons à 100 % et le résultat se voit sur le terrain. »

Si le Slavia conserve le fauteuil de leader qui est le sien actuellement jusqu’à la fin de saison, Michael Ngadeu deviendra, en mai prochain, le premier joueur champion d’Afrique de l’histoire également sacré champion de République tchèque…

« Il y a de fortes chances… Ce serait alors une année pleine et parfaite. Mais il ne faut pas aller trop vite en besogne. Restons concentrés, il nous reste encore une dizaine de matchs à disputer. Prenons donc le maximum de points de façon à ce que je puisse effectivement dire en fin de saison que je suis champion à la fois d’Afrique et de République tchèque. »

Prendre le maximum de points, c’est ce qu’a fait le Slavia dimanche à domicile en battant le FK Teplice (2-1) dans le cadre de la 20e journée. Plzeň ayant disposé de son côté du Slovan Liberec (1-0), les Pragois ont ainsi conservé leurs quatre longueurs d’avance sur le Viktoria, qui disputera toutefois son match en retard sur la pelouse des Bohemians Prague ce mercredi. Le Sparta de nouveau défait à Mladá Boleslav (0-1) et désormais relégué à neuf points au classement, le club de Bohême de l’Ouest, double champion en titre, apparaît comme le dernier adversaire du Slavia dans la course au titre. Avec seize matchs d’affilée sans défaite, son défenseur ivoirien Simon Deli est confiant :

Simon Deli  (à droite),  photo: ČTK
« Nous sommes effectivement bien lancés et sur une bonne série. C’est simple : nous nous efforçons de mettre en pratique ce que nous faisons aux entraînements, et le travail nous permet d’être sur cette dynamique positive. Il ne faut pas chercher plus loin : il n’y a pas de fétichisme ou de miracle là-dedans. »

Vainqueur du derby contre le Sparta à l’automne (2-0), puis du duel contre Plzeň, le Slavia a pris le dessus sur ses principaux concurrents dans les confrontations directes avec eux. Et avant de recevoir le grand rival pragois de nouveau dans trois semaines,

« Dans un championnat, il faut d’abord prendre des points contre ces équipes. Maintenant, il nous reste effectivement encore la réception du Sparta. Sans manquer de respect pour les autres équipes, je pense pouvoir dire que c’est le match le plus compliqué qu’il nous reste au programme d’ici la fin de saison. Mais si nous jouons avec la même détermination et la même conviction que jusqu’à présent, nous parviendrons à nos fins et aurons alors de quoi fêter. »

Bien évidemment, les performances des deux joueurs ne passent pas inaperçues. Les scouts et autres superviseurs des clubs européens sont de plus en plus nombreux à faire le déplacement jusqu’à Prague pour suivre de près l’évolution de Simon Deli et Michael Ngadeu. Mais si le premier refuse d’évoquer le sujet, le second affirme, lui, vouloir s’inscrire sur le long terme à Prague, et ce d’autant plus avec la perspective d’une coupe d’Europe la saison prochaine avec le Slavia :

« Il n’y a pas que nous deux. Quand les bons résultats s’enchaînent, ce sont tous les joueurs qui sont concernés. C’est vrai, il y a beaucoup de monde qui tourne autour de l’équipe. Mais cela ne sert à rien de spéculer là-dessus. En ce qui me concerne, j’ai encore quelques années de contrat ici, et je compte bien les honorer. Ce qui compte pour l’instant, c’est la saison en cours qui est encore longue. Et puis on est bien à Prague quand on gagne ! »