« Le Baiser de la France à la Bohême » de Mucha exposé pour la première fois à Paris
Si vous vivez à Paris, ou si vous y êtes simplement de passage, dépêchez-vous ! Depuis la fin de la semaine dernière et jusqu’au 30 septembre est exposé au Centre tchèque, rue Bonaparte, un tableau qui tient une place bien à part dans l’histoire des relations franco-tchèques : « Le Baiser de la France à la Bohême » d’Alfons Mucha. La présentation de l’œuvre se tient dans le cadre de l’exposition « Pour la Tchécoslovaquie – Hommage à un pays inexistant » ; une exposition qui présente les artistes tchèques majeurs ayant séjourné en France du temps de l’existence de la Tchécoslovaquie.
« Il est toujours le plus célèbre des artistes tchèques. Sa notoriété n’a rien en commun avec celle de Kupka, Josef Šíma ou Toyen. Ceux-ci sont bien entendu connus dans le milieu des galeristes et des historiens d’art, mais Mucha, ça demeure quelque chose de plus général et de tchèque pour tous les Français. Il y a Mucha et Václav Havel (Pavel Chalupa prononce ces noms à la française) : ce sont les deux plus grands Tchèques en France. »
L’exposition est organisée dans le cadre du 100e anniversaire de la création au printemps 2016 à Paris, à l’endroit même où siège aujourd’hui le Centre tchèque, du Conseil national tchécoslovaque, à la tête duquel se trouvaient alors les deux présidents de la future Première République tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk et Edvard Beneš. Depuis jeudi dernier, l’exposition brille d’un éclat supplémentaire avec la présentation au public du « Baiser de la France à la Bohême ». Une présentation dont Pavel Chalupa est particulièrement heureux :« C’est un tableau exceptionnel et le plus important tableau de l’exposition. Il a été peint en 1918, qui est l’année de la fondation de la République tchécoslovaque. Il représente la Bohême incarnée par une jeune femme sur une croix qui est embrassée par un homme français. Cette femme est en position d’être crucifiée sur les restes de l’Empire austro-hongrois. Il s’agit donc d’un tableau symbolique, mais mythique dans le cadre de cette exposition ‘Pour la Tchécoslovaquie - Hommage à un pays inexistant’. »
Et ce baiser d’un homme français coiffé d’un bonnet phrygien à cette belle femme jeune femme tchèque nue et bien en chair n’a pas qu’une portée symbolique. D’une certaine manière, l’ouvre de Mucha symbolise le début d’un siècle de relations agitées entre Prague et Paris :« Le tableau a été peint à Prague en 1918, soit au moment de la création d’un Etat tchécoslovaque qui s’est vraiment inspiré de la France à tous les niveaux, que ce soit culturel, politique ou militaire (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/special/jean-pierre-asvazadourian-cette-exposition-rappelle-de-quoi-se-nourrit-la-relation-franco-tcheque-aujourdhui et http://www.radio.cz/fr/rubrique/special/la-memoire-du-general-pelle-symbole-des-relations-franco-tcheques-apres-1918-rappelee-au-musee-de-roztoky). C’est donc un vrai baiser de la France à la Bohême. Bien sûr, après la signature des accords de Munich en 1938, la mystique et la symbolique du tableau a beaucoup diminué. A partir de là et jusqu’en 1989, les relations franco-tchécoslovaques n’ont plus été aussi bonnes et fortes. Après 1989, la Fondation Mucha a retrouvé la collection d’Alfons et Jiří Mucha dans un mauvais état. Le tableau était très endommagé et il a fallu le restaurer. C’est donc la première fois qu’il est exposé à Paris et que les visiteurs peuvent l’admirer tel qu’il était il y a bientôt cent ans de cela. »
L'exposition « Pour la Tchécoslovaquie » et du « Baiser de la France à la Bohême » est ouverte au Centre tchèque jusqu'au 30 septembre, tous les jours à l’exception des dimanches et lundis de 13 à 20 heures.