Les producteurs de houblon tchèques redoutent la réglementation européenne limitant l’usage du cuivre

Photo : Miraceti, CC BY-SA 3.0

Un peu plus de 6 000 tonnes de houblon seront récoltées en République tchèque cette année, selon la dernière estimation faite par la Fédération des cultivateurs de houblon. Il s’agira donc d’un volume supérieur d’au moins 25 % à celui enregistré en 2015, année particulièrement mauvaise en raison de la sécheresse. Mais les producteurs sont surtout inquiets à l’évocation du proche avenir. Ils redoutent en effet la directive européenne qui limite l’utilisation de fongicides à base de cuivre. A compter de 2018, seul l’usage maximal de quatre kilos de cuivre par hectare de houblonnière et par an sera autorisé. Une quantité insuffisante selon les cultivateurs pour lutter efficacement contre les champignons parasites.

Photo : ČT24
L’essentiel de la récolte en République tchèque, qui débute traditionnellement à la fin du mois d’août, se fait dans la région de Žatec, en Bohême du Nord, avec près de 75 % de la production totale. Le houblon est cultivé sur 4 775 hectares en République tchèque, une superficie en hausse ces trois dernières années. Environ 80 % de cette production, réputée pour sa grande qualité, est destinée à l’exportation, notamment vers le Japon et la Chine. En termes de superficie de plantations houblonnières, la République tchèque est le troisième pays au monde, derrière les Etats-Unis et l’Allemagne. Elle est également la cinquième productrice, la Chine et l’Ethiopie la devançant également.

Photo : Miraceti,  CC BY-SA 3.0
Toujours à titre de comparaison, selon les données disponibles sur le site de la Commission européenne, la superficie en houblon dans l'Union européenne est cultivée auprès de 2 600 exploitations et s’élève à 26 500 hectares, soit 60 % de la superficie mondiale de houblon. La plante utilisée pour la confection de la bière est cultivé dans quatorze Etats membres, dont environ 17 000 hectares en Allemagne, un chiffre qui représente 60 % de la superficie communautaire et environ un tiers de la superficie mondiale. Même en restant loin de l’Allemagne voisine, la République tchèque n’est donc pas « un petit joueur », que ce soit à l’échelle européenne ou même mondiale.

Houblon,  photo : Alex Rosenzweig
Et c’est la raison pour laquelle ses cultivateurs s’inquiètent. « Si la réglementation européenne avait été appliquée dès cette année, cela aurait signifié la fin de la culture du houblon en République tchèque », prétend-on même la Fédération des cultivateurs de houblon. Selon celle-ci, quelque huit kilos de cuivre par hectare et par an sont actuellement utilisés pour lutter contre les champignons qui attaquent les plantes et sont responsables des différentes formes de mildiou. Autrement dit, cela signifie que les cultivateurs vont être contraints de réduire son usage de moitié d’ici à deux ans afin de se mettre en conformité avec la réglementation européenne. Or, à l’Institut houblonnier de Žatec, on affirme que les autres formes de protection de la culture sont inefficaces, et notamment la protection biologique qui consiste à introduire un autre champignon dans les houblonnières pour concurrencer ceux nuisibles.

Comme dans de nombreux autres domaines d’activité en République tchèque ces dernières années, les producteurs de houblon sont eux aussi confrontés à une pénurie de main-d’œuvre, à laquelle ils s’efforcent de répondre en embauchant des employés étrangers, essentiellement en provenance d’Ukraine.

Pour en savoir plus sur la culture du houblon en République tchèque, et notamment en Bohême du Nord dans la région de Žatec, cf. le reportage de Radio Prague : http://www.radio.cz/fr/rubrique/tourisme/le-houblon-de-zatec-lor-vert-de-boheme.