JO de Rio : le judoka Krpálek offre un premier titre aux Tchèques

Lukáš Krpálek, phooto: ČTK

Jeudi a été la journée des premières pour la République tchèque à Rio de Janeiro. Grande première dans l’histoire du pays, c’est en effet un judoka qui lui a offert la première médaille d’or de ces Jeux. Lukáš Krpálek a été sacré champion olympique dans la catégorie des moins de 100 kilos. Une première qui ne sera peut-être pas la dernière.

Lukáš Krpálek,  phooto: ČTK
C'est l’histoire d’un petit garçon de six ans, que sa maman et son papa appellent Lukášek (diminutif de Lukáš, l’usage des diminutifs pour les prénoms est très fréquent dans la langue tchèque) et dont le tonton, quand il était plus jeune, faisait du karaté. Le gamin et son frère, qui en ont vu à la télé, voudraient bien essayer eux aussi. Alors, l’oncle les inscrit dans le premier club du coin, à Jihlava (centre de la République tchèque), là où vit la famille Krpálek. Ce n’est qu’un mois plus tard que les enfants découvrent que ce n’est pas du karaté dont on leur enseigne les rudiments mais… du judo. Qu’à cela ne tienne. Leur nouvelle activité ne leur plaît pas moins pour autant, bien au contraire. Après tout, il s'agit aussi d'un art martial qui leur permet de se défouler après l'école. Et puis les deux mômes ont déjà quelques prédispositions. Ils sont même plutôt doués et décident donc de continuer le judo.

Lukáš Krpálek a dominé Elmar Gasimov en finale d'un ippon,  photo: ČTK
Ainsi commencent parfois les histoires de champions, comme celle du petit Lukášek devenu grand Lukáš. Et même très grand. Un beau bébé, un gaillard. Déjà premier Tchèque de l'histoire, en 2014, sacré champion du monde de judo, Lukáš Krpálek est aussi devenu, jeudi, à Rio et devant plus d’un million de compatriotes plantés devant leur poste de télévision, le premier champion olympique. Les autres sportifs tchèques présents au Brésil avaient donc eu le nez creux en faisant de Krpálek leur porte-drapeau pour la cérémonie d’ouverture de ces Jeux, vendredi dernier (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/lukas-krpalek-un-judoka-sera-le-porte-drapeau-tcheque-pour-louverture-des-jeux-a-rio).

Après le Français Cyrille Maret en demi-finales, battu grâce à sa technique au sol, Lukáš Krpálek a dominé l'Azerbaïdjanais Elmar Gasimov en finale d’un ippon à quelques secondes de la fin du temps réglementaire. Mais c’est au terme d’un tournoi parfait, au cours duquel il a éliminé, entre autres, deux anciens champions du monde et l’actuel numéro un mondial, que le Tchèque a réalisé son rêve ; le rêve de tout sportif, et un rêve dont il affirmait ne pas vouloir sortir :

Lukáš Krpálek,  phooto: ČTK
« Je pense que je ne suis pas prêt de réaliser ce qui m’arrive. Il va me falloir un peu de temps pour redescendre sur terre. Je ne suis pas Michael Phelps et je fais du judo, je ne serai donc pas champion olympique tous les jours… Cette médaille, je la voulais. Il me la fallait même. Peu importait le métal. Et c’est la plus belle que je décroche. C’est là que je me rends compte que l’or ou l’argent, ce n’est quand même pas tout à fait la même chose. Que voulez-vous que je vous dise ? C’est un sentiment indescriptible. »

Champion olympique, champion du monde, double champion d’Europe aussi, Lukáš Krpálek, 25 ans, a désormais tout gagné dans sa catégorie des moins de 100 kilos. Judoka techniquement complet à la charpente et aux traits de gladiateur, Krpálek disposait objectivement de tous les atouts pour s’imposer. Encore fallait-il le faire (bah oui), surtout qu’il se savait très attendu par le public et des médias qui en avaient fait un des principaux espoirs de médailles tchèques à Rio. Mais pour son entraîneur Petr Lacina, son protégé possède aussi de vrais atouts mentaux :

Lukáš Krpálek,  phooto: ČTK
« C’est un champion. Voilà comment je définirais Lukáš en un mot. Pour moi, le champion, c’est le gars qui veut tout le temps gagner et porte en lui la haine de la défaite. Lukáš ne sait pas perdre. S’il participe à un tournoi, c’est pour le gagner. S’il perd, il est très difficile de le remobiliser. Cela peut être un problème, car il reste encore parfois les repêchages. Mais non, la seule chose qui l’intéresse, c’est la victoire. Oui, c’est un champion. »

Un champion qui va désormais pouvoir rêver encore plus grand, puisqu’il envisage de passer dès la saison prochaine dans la catégorie reine des plus de 100 kilos, celle où règne un autre géant du judo, lui aussi porte-drapeau de son pays lors de l’ouverture des Jeux, un certain Teddy Riner. Un défi digne du nouveau statut de Lukáš Krpálek…