Rouler sur les routes tchèques – une entreprise d’aventure
La situation sur les routes tchèques pendant la saison estivale qui est tout sauf satisfaisante est le premier sujet de cette nouvelle revue de presse. Elle se penchera, aussi, sur le retentissement en Tchéquie des récentes attaques terroristes en Allemagne, la Bavière étant une région voisine très proche. Quelques mots ensuite sur le contexte de la visite que le président de la République, Miloš Zeman, devrait effectuer au mois de décembre au Portugal. Un extrait enfin de ce que le réalisateur américain d’origine tchèque, Ivan Passer, une des figures marquantes de la Nouvelle Vague du cinéma tchécoslovaque des années 1960, a confié à la presse lors de son séjour dans le pays.
« Si celui-ci veut, par exemple, traverser le pays pour aller de Prague en Moravie, il a devant lui un chemin d’aventure, car il doit passer par une autoroute défoncée et par des détours qui peuvent prolonger son voyage de plusieurs heures. En se rendant au sud, à Linz ou ailleurs en Autriche, il aura à affronter, non loin de Prague, des détours plus longs et plus désagréables encore. L’autoroute qui mène en Allemagne est défoncée elle aussi, en raison des travaux de rénovation. Il va de soi que ces travaux sont nécessaires, mais ce qui est mauvais, ce sont leurs plans horaires, car presque toutes les fermetures et rénovations se déroulent pendant l’été. Ainsi, la Tchéquie estivale devient non seulement un pays entièrement défoncé, mais aussi un Etat qui est à cause de cela fermé au monde. »
Mettre chaque année en valeur, au bout de près d’un quart de siècle de passage de l’économie socialiste à une économie capitaliste, d’aussi importants travaux de rénovation des routes paraît, selon le journal, incroyable. En dépit de la nécessité de rattraper un grand retard, la cause principale de cet état de choses serait alors d’ordre politique. Un contrôle faible des moyens financiers destinés à la reconstruction des routes et des autoroutes et une mauvaise qualité des travaux en sont les deux principales causes. Et pourtant, comme le souligne le texte publié dans Hospodářské noviny, tout le monde savait et sait qu’une économie moderne doit s’appuyer sur une infrastructure fonctionnelle et efficace, y comprise celle de transports.
La Tchéquie à l’écart d’attaques terroristes ?
« Les quatre attaques sanglantes qui ont eu lieu en l’espace de sept jours en Allemagne, ont fait de ce pays un territoire dangereux ». C’est ce qu’indique l’éditorial du quotidien Mladá fronta Dnes de ce mardi. Son auteur n’omet pas à cette occasion de souligner que la Bavière où celles-ci se sont déroulées, est un voisin proche de la Tchéquie et de suggérer :« En apparence, la Tchéquie se trouve à l’écart, mais de l’avis de certains experts, les strictes mesures de sécurité qui ont été mises en valeur à Paris, à Londres et dans d’autres villes de l’Europe occidentale, peuvent motiver les terroristes à se concentrer sur des régions qui sont moins protégées ».
A la lumière des attaques en Bavière, le prix que les Tchèques seront dorénavant prêts à payer pour acquérir un sentiment de sécurité, aussi faux puisse-t-il être, sera très élevé. C’est ce qu’estime le sociologue Jan Hermann auquel le quotidien a également donné la parole. D’après lui, on peut s’attendre à ce que les gens demandent, par exemple, la fermeture des frontières et à ce qu’ils voyagent moins à l’étranger, convaincus de ce que la Tchéquie représente une île paisible protégée d’attaques qui tourmentent l’Europe. S’agissant du danger de la montée des forces politiques extrémistes qui est dans ce contexte souvent décliné, le sociologue a dit :
« Tant que l’Etat agira comme il faut, cela aura pour conséquence l’élévation de la confiance à l’égard des institutions telles que l’armée et la police ou à l’égard des représentants politiques qui ont ce genre de problèmes en charge. Ceci dit, la situation actuelle est idéale pour les mouvements d’extrême droite et pour les hommes politiques qui y sont liés, pout tous ceux qui prônent le droit et l’ordre. Ils s’adressent aux oreilles qui sont de plus en plus prêtes à les écouter. Effectivement, on peut se retrouver facilement dans le rôle de la Slovaquie où un parti d’extrême droite qui est représenté au Parlement est devenu un phénomène incontournable ».
Miloš Zeman sera reçu par Marcelo Rebelo de Sousa
C’est en rapport avec la langue tchèque que le président de la République, Miloš Zeman, effectuera en décembre une visite officielle au Portugal. C’est ce que titre l’édition de ce lundi du quotidien Lidové noviny selon lequel Miloš Zeman sera l’unique haut représentant à être au cours de cette année reçu par le président portugais, Marcel Rebelo de Sousa. Il s’agira, aussi, d’une première visite d’Etat depuis l’investiture présidentielle, en mars 2016, de ce dernier. Le quotidien a apporté plus de précisions au sujet de cette opportunité qui est accordée au président tchèque et qui est assez particulière:« L’actuel président portugais, 67 ans, est le fils de Baltazar Rebel de Sousa qui s’était inscrit dans les manuels d’histoire comme l’avant-dernier gouverneur du Mozambique, l’ancienne colonie portugaise. Et c’est pendant une visite dans ce pays que le chef d’Etat mozambicain, Filipe Nyusi, qui est diplômé de l’Académie militaire de Brno et qui maîtrise alors le tchèque, lui a lors d’une conversation amicale recommandé de recevoir son homologue tchèque. »
Le journal remarque que faute de voyages étrangers du chef de l’Etat tchèque, Miloš Zeman, une visite officielle au Portugal qui s’étendra probablement sur trois jours, tombe bien pour lui. Il observe également que compte tenu des orientations politiques proches des chefs d’Etat tchèque et portugais, il y a plus d’un sujet sur lesquels ils pourront s’entendre. Evoquant en conclusion les relations de la République tchèque avec le Mozambique, le texte publié dans Lidové noviny note que l’éducation que le président Filipe Nyusi a acquise dans l’ancienne Tchécoslovaquie se traduit par un intérêt accru de la partie mozambicaine pour les technologies militaires locales et par la perspective de commandes lucratives pour les entreprises tchèques.
Le réalisateur Ivan Passer : une certaine répression peut profiter au cinéma
Le site lidovky.cz a mis en ligne un entretien avec le réalisateur et scénariste Ivan Passer, une des figures de la dite Nouvelle Vague du cinéma tchécoslovaque des années 1960, qui est depuis les années 1970 établi aux Etats-Unis. Auteur de l’un des films phares de l’époque, l’Eclairage intime, il avait aussi co-participé à l’ensemble des films tchèques de Miloš Forman. Aux Etats-Unis, il s’est imposé en premier lieu avec le film Cutter’s Way qui traduit le traume de la guerre vietnamienne et avec une biographie télévisée consacrée au dictateur soviétique, Staline. A l’heure actuelle, Ivan Passer est l’un des invités de l’Ecole estivale de film qui se déroule jusqu’à ce samedi dans la ville de Uherské Hradiště. A la question de savoir s’il se sentait plus Tchèque ou Américain, le réalisateur a répondu :« La Tchéquie est ma mère, tandis que l’Amérique est mon épouse. Une maman, on ne la choisit pas, tandis qu’une épouse est celle que l’on choisit. Je me suis depuis toujours senti comme un Tchèque mais, théoriquement parlant, je suis Américain. C’est un pays qui m’intéresse, car il y a plein de gens qui sont comme moi, qui y ont immigré. A mon sens, l’Amérique appartient à tout un chacun, car elle est basée sur des idées, point sur des nationalités. »
En comparant la situation et la création des jeunes cinéastes tchèques avec la sienne, Ivan Passer, 83 ans, qui déclare s’intéresser beaucoup à ce qu’ils tournent, a noté :
« Avec une certaine distance, je trouve que notre situation a été un peu plus facile que celle qui est aujourd’hui la leur. Pour qu’un bon film puisse être réalisé, il faut réunir plusieurs facteurs différents, comme la situation politique et la situation financière, le talent, le sujet. Si un de ces aspects fait défaut, il est difficile de faire un tel film. A l’époque, nous avions l’habitude de nous soutenir mutuellement, car nous avons bien compris que le succès de l’un offrait une occasion à un autre. Il s’agissait d’une concurrence amicale entre nous, un ennemi commun étant ce qui nous unissait... Selon Orson Welles, une répression modérée profite au cinéma. Maintenant, on a peut-être trop de liberté ».