La République tchèque face à la pénurie de main d’œuvre
La République tchèque présente désormais, devant l’Allemagne, le plus faible taux de chômage de l’Union européenne. Ce chômage de 5,4% apparaît comme une bonne nouvelle mais il est également synonyme de sérieuses difficultés. Dans un reportage consacré à la question, la Télévision tchèque pointe ainsi du doigt la pénurie de main d’œuvre à laquelle font face de nombreux secteurs de l’économie tchèque.
Avec le manque de main d’œuvre, certains secteurs, par exemple dans le bâtiment, font cependant face à des difficultés. L’Association de l’industrie et des transports, une organisation patronale, estime à 150 000 le nombre de postes qu’il faudrait actuellement pourvoir. La Chambre de commerce de République tchèque, elle-même proche du patronat, parle d’une « situation catastrophique ». Selon elle, l’incapacité pour les entreprises à trouver la main d’œuvre dont elles ont besoin peut tout simplement avoir pour conséquence de leur faire perdre des contrats.
Cette situation n’est pas tout à fait nouvelle et pour y faire face, le gouvernement avait décidé la mise en place d’un programme d’accueil de travailleurs étrangers, essentiellement ukrainiens, pour occuper les postes à pouvoir. Il s’agissait de faciliter l’attribution d’un visa de travail à des employés qualifiés. Seulement, le patronat se plaint du fait que le programme ne lui permet pas d’embaucher du personnel moins qualifié. Les syndicats sont en effet opposés à cette éventualité car ils considèrent que les employeurs peuvent ainsi, en attirant des ouvriers peu qualifiés étrangers, faire pression à la baisse sur les salaires et sur les conditions de travail.
Quoi qu’il en soit, le programme pour les travailleurs qualifiés ne rencontre pas pour l’heure un grand succès. Il doit permettre d’attirer jusqu’à 500 personnes cette année. Or, fin avril, seuls 69 visas de travail ont ainsi pu être délivrés. Aussi, le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek envisage la possibilité d’élargir les conditions d’attribution du précieux document.
Cette situation va de pair avec la prolifération de l’emploi illégal des travailleurs étrangers. S’exprimant pour la Télévision tchèque, Ivana Kurková, la porte-parole du Bureau des douanes pour la ville de Prague, indique ainsi : « Environ 100 contrôles sont opérés à Prague chaque année pour ce qui est du travail illégal. Dans 70% des cas, des infractions sont constatées ».