Foot – Ligue des champions féminine : à Prague, même Slavia – Lyon avait un accent chinois

SK Slavia Praha, photo: ČT Sport

Compte tenu du niveau de performance des deux clubs ces dernières saisons, un Slavia Prague – Olympique lyonnais peut apparaître aujourd’hui comme une confrontation très improbable pour un quart de finale de Ligue des champions. C’est pourtant bien une des affiches qui figurait au programme des quarts de finale de la Ligue des champions… féminine. Mercredi soir, le Slavia accueillait donc Lyon. Et après leur lourde défaite (1-9) concédée la semaine dernière lors du match aller sur les bords du Rhône, les championnes en titre de République tchèque ont mis un point d’honneur à faire meilleure figure lors du retour dans leur stade d’Eden. Et elles ont rempli leur mission en décrochant, à force de courage, un résultat nul (0-0) contre une équipe de Lyon qui a fait d’un nouveau sacre européen, après ceux de 2011 et 2012, une des priorités de sa saison.

SK Slavia Praha,  photo: ČT Sport
Elle s’appelle Yingjie Hu. Elle a 24 ans, ne parle pas le moindre mot de thèque, ni même d’anglais, et porte depuis peu un maillot floqué du numéro 25 et d’une étoile rouge. Une étoile rouge elle aussi à cinq branches qui n’est pourtant pas le symbole du communisme, parti unique officiellement de son pays, mais celui, historique, de son nouveau club, le Slavia Prague, dont l’actionnaire majoritaire depuis l’automne dernier est un important groupe d’investissement chinois (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/foot-hockey-biathlon-la-chine-veut-que-les-tcheques-transmettent-leursavoir-faire). Entrée en jeu en fin de match contre Lyon, Yingjie Hu symbolise à sa manière ce « nouveau Slavia » qui renaît de ses cendres grâce au yuan et plus généralement l’intérêt de la Chine non seulement pour le marché tchèque mais aussi pour un football dont elle entend devenir à moyens termes une des puissances mondiales.

Slavia Prague - Olympique lyonnais,  photo: ČT Sport
Mercredi, le jour même où le président Xi Jinping quittait la République tchèque après une visite historique de trois jours, Yingjie Hu a contribué elle aussi à la performance de sa formation d’adoption contre une des meilleures équipes de club féminines en Europe ces dernières années. Héroïques dans la défense de leur but qu’elles sont parvenues à conserver inviolé jusqu’au coup de sifflet final, les amateurs tchèques, qui disputaient un quart de finale de la Ligue des champions pour la première fois de leur histoire, ont décroché un précieux résultat nul contre ce qui reste une des rares équipes féminines professionnelles sur le Vieux continent.

Slavia Prague - Olympique lyonnais,  photo: ČT Sport
Présent à Prague, comme cela avait déjà été le cas en 2011 lors de la confrontation de son club contre le Sparta Prague (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/foot-ligue-des-champions-feminine-a-prague-lyon-a-fait-respecter-la-hierarchie), Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, a d’ailleurs d’abord tenu à complimenter son adversaire du jour à l’issue de la rencontre, la première de la saison sans but pour ses joueuses. Un adversaire et un club, le Slavia, qu’un des personnages les plus influents du foot français a également félicité pour l’entrée dans son capital d’un investisseur chinois :

« Cela (au sujet du fait que Lyon ne soit pas parvenu à inscrire le moindre but, ndlr) veut dire que le Slavia a très bien défendu. Ses joueuses ont disputé tous les ballons pour ne pas perdre. Et c’est bien qu’elles y soient parvenues, parce que le premier match à Lyon avait été difficile pour elles. Aujourd’hui, on a vu une très bonne équipe du Slavia. »

Jean-Michel Aulas,  photo: Xavoun,  CC BY 3.0 Unported
L’écart du match aller n’explique-t-il pas un possible manque d’implication des Lyonnaises aujourd’hui ?

« Peut-être, mais alors inconsciemment, car elles souhaitaient vraiment gagner. Je pense plutôt que leur stérilité offensive est surtout la conséquence de la bonne performance du Slavia qui a su neutraliser nos attaques. Nous avons eu beaucoup d’occasions, mais parfois il faut savoir se contenter de ne pas perdre tout en sachant jouer le jeu jusqu’au bout, ce qui a été le cas. »

L’OL était déjà venu à Prague en 2011 dans le cadre de la Ligue des champions féminine. A l’époque, l’organisation de la rencontre par le Sparta dans un petit stade de banlieue sans tribunes vous avait déçu. Cette fois, l’accueil par le Slavia a été très différent…

« Oui, c’est un très beau stade. Nous avons été accueillis avec beaucoup de gentillesse et de professionnalisme. Ce stade était parfaitement adapté à un quart de finale de coupe d’Europe. Nous aimons bien évoluer dans des beaux stades, et c’était le cas aujourd’hui. »

Parallèlement à la venue de l’OL à Prague, le président chinois effectuait une visite en République tchèque. Etiez-vous informé des investissements chinois dans ce club du Slavia ?

« J’avais vu au match aller à Lyon qu’il existait un certain nombre de relations avec la Chine. A l’aéroport de Prague, j’ai croisé le président chinois qui repartait. On sait que la Chine est très intéressée par le football européen de manière générale. Son intérêt ici à Prague ne m’étonne donc pas. Je pense que c’est une bonne chose pour le Slavia d’avoir un partenaire qui est certainement très puissant et très intéressé. Bravo ! Cela veut dire que les dirigeants tchèques ont su faire ce qu’il fallait pour faire venir les investisseurs chinois. »