Martina Sáblíková, la femme qui fait le bonheur des Tchèques

Martina Sáblíková, photo: ČTK

« Ces femmes qui font le bonheur des Tchèques », était intitulée notre dernière rubrique sportive. Alors que sera célébrée, ce mardi 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, une sportive plus particulièrement a de nouveau fait le bonheur des Tchèques ce week-end et eu droit aux honneurs. Pour la énième fois de sa carrière, Martina Sáblíková a été sacrée championne du monde de patinage de vitesse. Un exploit de plus pour la triple championne olympique de la spécialité qui, d’ores-et-déjà, pense… au contre-la-montre cycliste qu’elle disputera cet été aux Jeux olympiques de Rio.

Martina Sáblíková,  photo: ČTK
Un titre, ou ne serait-ce qu'une médaille, de Gabriela Soukalová aux championnats du monde de biathlon était espéré. En vain. Ester Ledecká, elle, a remporté, pour la première fois de sa carrière, le classement général de la Coupe du monde des épreuves parallèles en snowboard. Formidable! Mais la reine du week-end écoulé aura bien été Martina Sáblíková. La phénomènale Martina Sáblíková.

A Berlin, la patineuse tchèque a été sacrée championne du monde du combiné (aussi appelé toutes distances, à savoir quatre épreuves, le 500 m, le 1 500 m, le 3 000 m et le 5 000 m, disputées en l’espace de deux jours à l’issue desquelles un classement général est établi sur la base des temps réalisés lors de chaque course) pour la quatrième fois de sa carrière. Mieux même, dans la capitale allemande, Martina Sáblíková, triple championne olympique sur longues distances, a décroché (non, mais quand même…) le seizième titre mondial de sa carrière ! En République tchèque, pas un autre sportif, surtout à encore seulement vingt-huit ans, ne présente un palmarès plus fourni que celle qui a été désignée meilleure sportive de l'année (hommes et femmes confondus) en 2007, 2009 et 2010.

Ultra-dominatrice et invaincue sur 3 000 et 5 000 mètres tout au long de la saison, Martina Sáblíková a décroché cette nouvelle médaille d'or au détriment de sa grande rivale Ireen Wüst, plus rapide sur les courtes distances (500 et 1 500 m), dans la dernière des quatre épreuves inscrites au programme du week-end. Seule concurrente à descendre sous la limite des sept minutes (6’52’’57), la Tchèque, qui possédait près de deux secondes de retard au départ du 5 000 mètres, a finalement devancé la Néerlandaise de près de neuf secondes. Bref, un festival de vitesse et de résistance, un de plus, dont Martina Sáblíková a le secret sur la plus longue des distances courue par les femmes :

Martina Sáblíková et Ireen Wust,  photo: ČTK
« Je n’avais pas trop le loisir de suivre où Ireen se situait derrière moi, mais mon entraîneur me criait que j’avais de l’avance, j’étais donc plus tranquille. Les trois à quatre premiers kilomètres ont été durs surtout dans la tête, car ce n’est pas évident de patiner avec votre principale adversaire dans la course décisive. Heureusement, Ireen n’a pas tenu le rythme sur lequel elle était partie. C’est une grande combattante, elle ne s’avoue jamais vaincue et c’est ce que j’apprécie chez elle. Au final, je pense que cela a été un très beau week-end de compétition, avec une lutte intense jusqu’au bout qui a dû plaire au public. »

Mais si l’accumulation des titres en patinage de vitesse était un de ses objectifs en début de saison, Martina Sáblíková rêve aussi de quelque chose d’encore plus grand en cette année olympique. En août prochain, c’est en effet en tant que cycliste qu'elle s'alignera au départ du contre-la-montre à Rio. Une échéance que la Tchèque a déjà bien en tête, alors que la saison de patinage de vitesse n’est pas tout-à-fait achevée et que la finale de la Coupe du monde à Heerenveen, la Mecque de la discipline, figure encore dans le calendrier le week-end prochain :

« Je vais prendre mon vélo à Heerenveen pour commencer à m’entraîner sérieusement en vue des Jeux. J’espère pouvoir rouler deux à trois heures chaque après-midi. Pour ce qui est du patinage, les dernières courses de la saison ne seront plus qu’une affaire de plaisir. Il faut aussi que j’aille chercher la coupe du vainqueur… Mais pour le reste, il faut que je commence à intensifier peu à peu ma préparation pour la saison de cyclisme, et ce dès les prochains jours. Je ne pense pas vraiment faire de coupure. Je vais déjà faire quelques sorties et rouler sans forcer, mais il faut absolument que je m’y mette. »

Et avec la volonté qui caractérise Martina Sáblíková, on est franchement curieux de voir ce que ce passage de la glace et des patins au bitume et à la selle pourra bien donner...