Retraites : le gouvernement entend décider seul des valorisations
40 couronnes, soit moins de 1,50 euro : tel est le montant, pour cette nouvelle année, de la valorisation des pensions de retraite en République tchèque. Même si les retraités bénéficieront d’une prime exceptionnelle de 1 200 couronnes (près de 45 euros) dès le mois de février pour compenser, il s’agit de la plus faible augmentation de ces vingt dernières années. Cette hausse annuelle automatique dépendant de l’évolution du taux d’inflation et de celle du salaire réel l’année précédente, le gouvernement ne peut objectivement être tenu responsable de la chose. Néanmoins, le ministère des Affaires sociales souhaite que le gouvernement puisse à l’avenir décider seul, sans l’approbation du Parlement, de la valorisation des pensions de retraite.
En raison notamment de la faible inflation de l’ordre de 0,3% en République tchèque en 2015, le montant des retraites n’augmentera donc que de 40 couronnes par mois. En prenant en compte la prime de 1 200 couronnes, que toucheront près de 2,9 millions de personnes,, il s’agit donc d’une valorisation moyenne de 140 couronnes (5,20 euros) pour l’ensemble de l’année 2016. Un chiffre sensiblement identique à celui de 2013, mais inférieur à celui de 2015, où la valorisation mensuelle avait été de 200 couronnes (7,40 euros).
La coalition gouvernementale, au sein de laquelle la social-démocratie est un des deux principaux partis, estime cela insuffisant pour cette année, alors que le montant moyen d’une retraite actuellement en République tchèque, qu’il s’agisse d’une pension de vieillisse, d’invalidité ou de veuvage, est légèrement supérieur à 11 300 couronnes (près de 420 euros). C’est pourquoi une évolution législative est envisagée.Selon le projet présenté par la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová, le gouvernement pourrait donc décider seul du montant de la valorisation, si celle-ci est jugée trop faible, et n’aurait donc plus besoin de l’aval de la Chambre des députés et du Sénat, comme cela a été le cas à l’automne dernier lors du vote sur la prime exceptionnelle. L’idée ne plaît bien entendu pas à l’opposition, qui estime que le cabinet ne devrait pas pouvoir bénéficier d’une telle compétence, et ce d’autant moins dans l’optique des prochaines élections. Une perception que Michaela Marksová affirme ne pas comprendre:
« J’ai toujours supposé que l’intérêt prioritaire tant pour les partis de la coalition gouvernementale au pouvoir que pour ceux de l’opposition, quels qu’ils soient, était de faire en sorte d’améliorer le niveau de vie des retraités. Il ne s’agit pas là d’un projet révolutionnaire. C’est un système qui, dans notre pays et dans un passé pas si éloigné, a fonctionné pendant quinze ans. Et les gouvernements précédents ne se sont servis de cet instrument qu’à deux reprises. Il n’y a donc pas lieu de crier au loup. Par ailleurs, le gouvernement ne pourra pas non plus faire ce qu’il veut. Il y aura un plafond. Et il ne faut pas oublier que si la prime exceptionnelle cette année ne sera versée qu’en février et pas en janvier, c’est aussi à cause des obstructions de l’opposition à la Chambre des députés. C’est pourquoi je pense qu’il vaut mieux que cette décision appartienne au gouvernement. »Si le projet du ministère est approuvé, la valorisation maximale dont pourrait décider le gouvernement serait plafonnée à 1,7% du montant de la pension moyenne, soit un peu moins de 200 couronnes par mois en l’état actuel des choses.