La victoire d’Aung San Suu Kyi, une satisfaction posthume pour Václav Havel
Parmi les sujets de politique internationale, ce sont les élections législatives en Birmanie et la victoire du parti de l’opposante Aung San Suu Kyi qui ont trouvé un large écho dans la presse locale. Les journaux ont consacré une attention particulière, aussi, à un des événements sportifs phares de cette année, la finale de la Fed cup réunissant les sélections tchèque et russe. Une occasion pour certains d’entre eux de discuter les raisons de cette période faste du tennis féminin tchèque. La popularité du chanteur Karel Gott, qui s’est confirmée de façon spectaculaire avec les nouvelles relatives à son état de santé, est évoquée par un certain nombre de papiers. Quelques mots enfin au sujet du gaspillage alimentaire des Tchèques qui semble inférieur à la moyenne européenne et des possibilités d’emploi pour les ressortissants étrangers dans le pays.
« La victoire de Aung San Suu Kyi peut être considérée commun une satisfaction posthume pour Václav Havel. En tant que président de la République à partir de 1989, c’est en effet elle qu’il a nommée pour le Prix Nobel de la paix. Comme on le sait, l’opposante birmane l’a reçu en 1991. C’était un très bon choix, car Aung San Suu Kyi n’appartient ni à la catégorie des ‘terroristes repentis’, ni à celle des personnes pour lesquelles le prix Nobel constitue tout simplement le couronnement de leur travail politique courant et encore moins à la catégorie des lauréats porteurs de telle ou telle idéologie en vogue. Elle fait partie des figures courageuses nécessitant une protection, à l’instar d’Andreï Sakharov ou de Lech Walesa. »
Ce rappel, selon Zbyněk Petráček, est pour nous empreint de nostalgie. Tout comme nous rend nostalgiques, par exemple, une photo de 1996 montrant le président Havel en visite en Amazonie, au milieu des Indiens, un arc à la main, avec à ses côtés le conseiller Alexander Vondra, avec une inscription sur son tee-shirt demandant la liberté pour Aung San Suu Kyi.
Le tennis féminin tchèque en pleine réussite
A l’heure actuelle, le tennis féminin tchèque vit la période la plus heureuse de son histoire. Petra Kvitová, 5e joueuse mondiale, a triomphé à deux reprises à Wimbledon, Lucie Šafářová, finaliste de Roland Garros cette année, est actuellement numéro 9 mondial, tandis que Karolina Plíšková, espoir du tennis tchèque qui ne cesse de monter, est 11ème. C’est ce que constate Michael Bereň, l’auteur d’une analyse qui a été publiée dans le supplément Pátek du quotidien Lidové noviny, une semaine avant la tenue de la finale de la Fed Coupe de tennis, ces 14 et 15 novembre à Prague, qui réunit les sélections tchèque et russe. En s’interrogeant sur les causes des succès que remportent, depuis un certain temps déjà, les tenniswomen tchèques, il écrit :« L’âge d’or du tennis féminin tchèque a commencé à s’écrire en 2011, lorsque les joueuses ont remporté leur premier titre à la Fed Cup, après une interruption de 23 ans. Par la suite, elles l’ont gagnée à deux reprises encore. Un nouveau succès à la Fed Cup serait une preuve que ce succès n’est pas seulement l’œuvre de quelques joueuses, mais qu’il repose sur l’ensemble du tennis tchèque, l’un des meilleurs du monde. »
Pourquoi en tennis, les femmes tchèques remportent-elles plus de succès que les hommes, parmi lesquels seul Tomáš Berdych, 6e joueur mondial, appartient à l’élite internationale ? Selon les experts interrogés, il est difficile d’expliquer ce phénomène de façon univoque. Certains évoquent le peu d’attrait de ce sport difficile pour les garçons, comparé à d’autres disciplines sportives pratiquées en équipe, comme le football, le floorball ou le hockey sur glace. S’agissant du tennis, il y a cependant un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’est que chez les hommes, il est beaucoup plus difficile d’atteindre le sommet que chez les femmes. L’article publié dans le supplément Pátek indique également que l’Union tchèque de tennis enregistre plus de mille clubs comptant près de 64 000 membres.
Karel Gott : un succès qui défie tous les régimes
Rarement l’annonce d’une maladie d’une personnalité célèbre n’a provoqué en Tchéquie autant d’émoi et de réactions sur les réseaux sociaux et dans la presse, et pas seulement la presse à sensation, que celle concernant le chanteur Karel Gott, 76 ans. C’est à partir de la publication, la semaine dernière, de l’information selon laquelle le chanteur tchèque le plus populaire, et ce depuis une quarantaine d’années, souffrait d’un cancer des ganglions lymphatiques, que ces réactions n’ont pas tardé à apparaître en grand nombre. Sur le site lidovky.cz, Jiří Peňás a exprimé le sentiment prédominant en notant :« La publication de la nouvelle concernant l’hospitalisation et la maladie de Karel Gott semble avoir touché même ceux qui n’aiment pas beaucoup ses chansons. Effectivement, dans ce cas-là, ce n’est pas le goût musical qui compte le plus, mais ce sont des éléments d’ordre humain et sentimental qui entrent en jeu... Karel Gott fait partie du paysage tchèque, tout comme le mont de Říp. C’est d’ailleurs à ce mont mythique que Václav Havel avait jadis comparé le chanteur, une façon de saisir merveilleusement son essence. Infiniment tolérant et généreux, Havel pouvait d’un côté aimer les Plastic People, le groupe de rock le plus représentatif de la musique underground sous le régime communiste et, d’un autre côté et pour des raisons différentes, apprécier Karel Gott, un interprète mainstream... Gott a été et reste avec nous comme le ‘destin tchèque’, comme une question ‘kunderienne’, qui a trouvé sa réponse dans son doux chant narcotique. »
La vague fascinante d’empathie et de soutien qui s’est levée à l’annonce de l’information sur la maladie de Karel Gott prouve à quel point le chanteur est aimé dans son pays, souligne pour sa part Martin Fendrych. Dans une réflexion mise en ligne sur le site aktuálně.cz, il constate que Karel Gott constitue un symbole tchèque et ajouté :
« Il est le symbole du succès que même les régimes n’arrivent pas à briser. Il semble avoir quelque chose d’intemporel, d’immortel et d’indomptable. Il remportait des succès sous le totalitarisme et il continue à les remporter même aujourd’hui. Il incarne notre rêve, le rêve de plusieurs générations. »
Le gaspillage alimentaire des Tchèques au-dessous de la moyenne européenne
Un Tchèque sur deux a l’habitude de jeter des produits alimentaires. C’est ce qu’ont révélé deux récentes études auxquelles s’est référée Lucie Kavanová de l’hebdomadaire Respekt, qui présente d’autres détails s’y rapportant :« Le gaspillage alimentaire de la population tchèque varie selon les différentes catégories d’âge. Très répandu parmi les jeunes de 18 à 24 ans, il est beaucoup plus modéré chez les gens de plus de 45 ans. Il s’avère aussi que dans les petites communes, les gens se comportent de façon beaucoup plus économe que dans les villes. S’agissant des aliments jetés, ce sont les pâtisseries, les légumes et les fruits qui finissent le plus fréquemment dans la poubelle. »
Une étude issue du Parlement européen montre cependant que dans le cadre de l’Europe, le gaspillage alimentaire des Tchèques se situe au-dessous de la moyenne. L’auteure de l’article publié sur le site respekt.cz remarque également que la répartition du gaspillage alimentaire à l’échelle européenne semble copier le clivage établi jadis par le Mur de Berlin. Ce phénomène est en effet beaucoup plus répandu à l’ouest de cette ancienne ligne de démarcation que dans les pays de l’ancien bloc communiste.
Les grandes entreprises prêtes à embaucher des ressortissants étrangers
Les petites et moyennes firmes tchèques ne partagent pas la conviction des grandes entreprises selon laquelle les ressortissants étrangers pourront sauver le marché de travail tchèque, qui manque de main d’œuvre dans certains secteurs techniques. C’est ce que constate l’éditorial de l’une des récentes éditions du quotidien Mladá fronta Dnes, qui indique que seule la moitié d’entre elles sont prêtes à les embaucher. A la base d’une enquête lancée à l’intention du journal par la banque ČSOB, Martin Petříček écrit à ce sujet :« Plus une entreprise est grande, plus grand est aussi son intérêt pour les travailleurs étrangers. Ce sont aussi les entrepreneurs ayant déjà acquis une expérience avec ces derniers qui ont à leur égard une approche positive, estimant qu’ils peuvent apporter à leur entreprise une nouvelle perspective et un regard nouveau. »
Le journal rappelle que pour faciliter la procédure d’accueil à l’égard notamment des ressortissants ukrainiens, le ministère des Affaires étrangères met en place une procédure spéciale. La Chambre de commerce est pour sa part en train d’établir un fonds pour aider à la requalification et à l’emploi des ressortissants étrangers.