Les limites d’exploitation de houille en Bohême du Nord pourront être repoussées
Pour la première fois depuis vingt-quatre ans, le gouvernement tchèque a approuvé, lundi, le principe de suppression partielle des limites d’extraction de charbon dans les mines à ciel ouvert se trouvant en Bohême du Nord. Concrètement, cette mesure, qui ne marque encore que le début d’un processus d’autorisation de suppression des limites, concerne la mine de lignite de Bílina, un des trois grands sites exploités dans les environs des villes de Most et de Teplice. Perçue positivement, bien qu’ils la considèrent encore insuffisante, par les syndicats des mineurs et les propriétaires des centrales thermiques, la décision, qui constitue une grande première dans l’histoire de la République tchèque, a en revanche été accueillie avec beaucoup moins d’enthousiasme notamment par les organisations écologiques.
L’emploi dans une région de Bohême du Nord frappée par des taux de chômage élevés à l’échelle tchèque (11,5 et 7,6% dans les districts voisins de Most et de Teplice en septembre dernier) et les besoins des centrales thermiques ont donc été, assure-t-on au gouvernement, deux des principaux éléments pris en compte dans la pesée du pour et du contre de la suppression des limites. Celles-ci, dont la suppression fait l’objet d’un important lobbying depuis de nombreuses années, ont été fixées en 1991 par le gouvernement tchécoslovaque afin de sauvegarder ce qui pouvait alors encore l’être du paysage dans les environs des gisements de houille brune. Cet arrêt est censé protéger également les communes menacées d’être rasées pour laisser place aux mines.
La préservation justement des habitations a été l’autre préoccupation du gouvernement. C’est la raison pour laquelle la suppression des limites concerne, pour l’heure, uniquement le site de Bílina, propriété de la société Severočeské doly, filiale du groupe énergétique ČEZ. L’exploitation d’une centaine de millions de tonnes de lignite supplémentaires jusqu’en 2055 ne nécessitera pas de déplacement de population, comme cela serait inévitable dans le cas d’une levée des limites pour la mine de ČSA, située à quelques kilomètres de Bílina. Là, les nouvelles limites s’arrêteront à quelques centaines de mètres des premières maisons, comme l’a confirmé le ministre de l’Industrie, Jan Mládek :« Si nous avons décidé de supprimer les limites à Bílina et pas à ČSA, c’est effectivement parce que le lignite dont nous avons besoin servira uniquement aux centrales thermiques et qu’il ne se trouve pas sous des zones habitées. Aucune maison ne sera donc démolie et personne ne sera contraint de déménager. Ce que je regrette en revanche, c’est que la décision concernant ČSA ait été remise à plus tard, car cela laisse les habitants des communes environnantes dans l’incertitude. Mais le gouvernement ne pouvait pas faire autrement dans le contexte actuel. Selon les prévisions, la République tchèque n’aura pas besoin de plus de houille que celle qui sera extraite de Bílina, même si cela dépend aussi de beaucoup de facteurs que nous ne pouvons pas contrôler. Cette décision pour la mine de ČSA pourrait donc être revue à l’avenir. Qui sait si, après les prochaines élections, le nouveau gouvernement ne prendra pas une autre décision ? »En attendant, celle prise lundi par le gouvernement actuel est dénoncée par les écologistes, mais aussi les médecins, les scientifiques, les ONG et autres initiatives civiques. Tous avaient rédigé une lettre ouverte au Premier ministre, l'appelant à ne pas céder. En vain, donc, et à quelques semaines de la tenue à Paris de la COP 21, cette grande conférence mondiale sur le climat, on peut aussi considérer cette décision comme une forme de message lancé par la République tchèque.