Recherche : le CEFRES se réinvente
Le Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES) inaugurait ce mercredi ses nouveaux locaux, rue Na Florenci à Prague, ainsi qu’une plateforme de coopération avec différents établissements universitaires tchèques. Tout en gardant ses anciens partenaires, le CEFRES, institution fondée en 1991, désire « se réinventer ». C’est ce qu’a expliqué au micro de Radio Prague sa nouvelle directrice Clara Royer :
Quelles formes concrètes va prendre cette coopération dans les mois à venir ?
« Aujourd’hui nous sommes forts d’une équipe de quatorze personnes. En termes de chercheurs, nous en avons dix qui vont du master au post-doctorat. Ces chercheurs vont d’abord avoir un nouveau lieu de travail puisque, ce mercredi, nous avons aussi inauguré les nouveaux locaux du CEFRES. Nous sommes désormais hébergés par l’Académie des Sciences, dans l’un de ses bâtiments, rue Na Florenci. L’Académie a investi et a construit pour nous un local qui pouvait accueillir la bibliothèque du CEFRES, qui est aujourd’hui riche de plus de 6000 ouvrages, sans compter les revues.
Nous continuons d’être un centre extrêmement interdisciplinaire, nous avons renforcé nos liens avec l’ensemble de la région de Visegrád. L’une des missions principales du CEFRES est de susciter des coopérations entre les chercheurs de France et la région. Lorsque je dis la région, je pense bien sûr à la République tchèque mais aussi à la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne. Nous soutenons, nous coorganisons des activités scientifiques qui, le plus possible, s’appuient sur ces cinq pays. Concrètement, cela veut aussi dire qu’à partir de janvier, deux post-doctorants vont nous rejoindre grâce à un cofinancement de l’Université Charles et du CEFRES.
C’est toute une série de mesures qui permettent d’épanouir d’une façon assez inédite ce centre de recherche, qui bien sûr était très fort de sa tradition mais qui en même temps avait besoin de se réinventer. On est plus tout à fait dans une coopération. On est plutôt dans ce que j’appellerais une alliance stratégique pour la recherche en sciences humaines et sociales au cœur de l’Europe. »Il y a quelques années, le budget du CEFRES ne cessait de se réduire. En 2012, Olivier Jacquot, alors directeur de l’Institut français de Prague, évoquait une phase de transition. Peut-on considérer que cette phase de transition est achevée désormais ?
« Je pense qu’on peut dire que cette phase de transition est achevée. J’ai pris mes fonctions à la tête du CEFRES en février dernier et je peux vous dire que notre plateforme fonctionne déjà. En l’espace de huit mois, nous avons organisé trois colloques internationaux, toujours sur la base des pays que je citais tout à l’heure, nous avons lancé toute une série de programmes de recherche, nous avons des séminaires communs avec l’Université Charles et avec l’Académie des Sciences, notre équipe est une équipe internationale. Pour le moment, nous avons une équipe composée de chercheurs français, slovaques, tchèques et hongrois. Et puis nous avons beaucoup de perspectives d’avenir. La mobilisation de nos collègues en République tchèque et ailleurs en Europe centrale nous a permis de réinventer le CEFRES. C’est pour cela que cette plateforme est une chance et un tremplin extraordinaire. »
Pour terminer, peut-on évoquer l’actualité à venir du CEFRES ? Il y a par exemple ce jeudi la venue du sociologue Bernard Lahire…
« Ce jeudi, nous accueillons le professeur Bernard Lahire, qui va prononcer la conférence inaugurale, donc c’est toujours dans un esprit festif. Il va la prononcer aussi en faisant part de ses réflexions sur l’interdisciplinarité, qui est vraiment au cœur de notre philosophie. Nous lançons à partir de 2016 un nouveau programme qui s’appelle le « Forum Visegrád ». L’idée, c’est de faire venir un excellent chercheur de France une semaine, trois jours à Prague, trois jours dans une autre capitale scientifique de la région. Dans ce cadre, nous allons déjà accueillir quatre chercheurs au semestre d’été prochain. Nous accueillons Michel Wieviorka en février et Roger Chartier en mai, lesquels iront aussi à Varsovie. Cette année, nous avons réussi à faire la parité puisque nous accueillons également deux chercheuses. Il y aura Lydia Coudroy de Lille, qui est une excellente géographe de l’ENS Lyon, qui elle se rendra aussi à Budapest, et Ioana Popa, une excellente sociologue spécialisée dans l’histoire de la traduction, qui fera pour sa part un saut à Bratislava. »