Olivier Ringer : « A Zlín, c’est la première fois que j’ai senti que le film pour enfants a une réelle importance dans un pays »
Mercredi soir à Zlín, en Moravie, s’est déroulée la cérémonie de clôture du 55e Festival du film pour enfants. Parmi les films récompensés, « Les oiseaux de passage », du réalisateur belge Olivier Ringer, qui a reçu le grand prix du festival et le prix du jury de l’Association européenne du film pour enfants (ECFA). « Les oiseaux de passage » raconte l’histoire d’une amitié entre deux petite filles : Cathy reçoit pour ses dix ans un œuf à faire éclore. Un caneton sort un jour de sa coquille en présence de son amie Margaux, et Cathy est persuadée que la petite fille est sa maman. Margaux est coincée dans un fauteuil roulant et ses parents veulent se débarrasser de l’oiseau. Comment alors un périple initiatique pour les deux fillettes. Au micro de Radi Prague, le réalisateur Olivier Ringer est revenu sur la genèse de son film :
Quelle est la place pour ce genre de films plus poétiques, avec une histoire, réelle, dans un monde de films destinés aux enfants qui sont souvent en images de synthèse ?
« Il y a un quelque chose de très étonnant, de la part des décideurs pour faire des films, c’est qu’ils ont l’impression que pour amuser les enfants, il faut faire des films en 3D. On a tellement honte de notre réalité qu’il faudrait la déguiser avec de l’animation et de la 3D. Et puis on se rend compte avec les deux ou trois films qu’on a faits pour les enfants qu’en fait les enfants sont très friands d’histoires en prise de vue normale et qu’il faut réussir à leur raconter des univers qui correspondent aux univers dans lesquels ils vivent réellement. C’est extrêmement important. Quelque part on laisse la place tout le temps aux productions américaines et on a l’impression qu’il faut amuser les enfants, qu’il faut des films colorés avec de grands mouvements de caméras, qu’il faut des histoires qui vont très vite. Finalement en leur racontant des histoires qui sont un peu plus lentes, qui sont des parcours initiatiques, on se rend compte qu’ils adhèrent totalement. Il faut pouvoir leur proposer des choses différentes.Comment travaille-t-on avec des enfants acteurs ? Est-ce que c’est particulier le travail avec des jeunes enfants ?
« La grande étape, c’est le casting. Une fois qu’on a trouvé nos perles rares, après je pense que c’est une grande facilité parce qu’ils ont une intelligence naturelle de jeu qui fait que tout devient extrêmement simple. Et en plus avec ces deux actrices, il y a eu une compréhension immédiate. Ça a été très simple. »Qu’avez-vous pensé du festival de film pour enfants de Zlín ? Est-ce que vous connaissiez ?
« C’est la première fois que je viens. Moi, ce qui me touche extrêmement c’est qu’avec le film précédent, je m’étais baladé dans un certain nombre de festivals, mais c’est la première fois que je sens que le film pour enfants a une réelle importance dans un pays. Il est extrêmement bien organisé, de manière très impressionnante. Je pense qu’il donne la place aux films pour enfants qu’ils devraient avoir. Ça me paraît très important. »
Est-ce que vous avez pu un peu discuter avec des gens du public après les projections ? Quelles ont été les réactions à votre film ?
« C’est ça qui est extraordinaire en tout cas pour nous réalisateurs, c’est de se retrouver dans une salle avec à peu près mille enfants et de pouvoir capter leurs réactions. C’est la première fois que je vois vraiment mon film avec un vrai public et c’est ce qui est étonnant. On fait les films pour qu’ils soient vus et pour essayer de transmettre une émotion, un message et de sentir les réactions du public, c’est totalement extraordinaire. »