Hockey : un début de Mondial très réussi, sauf pour les Français

Tchéquie - Lettonie (4-2), photo: ČTK

Bien sûr, le 21e Marathon de Prague a été couru dimanche. Bien sûr, la lutte pour le titre de champion de République tchèque de football entre le Viktoria Plzeň et le Sparta Prague reste toujours aussi intense avant le match au sommet sans doute décisif entre les deux équipes samedi prochain. En temps normal, ces deux événements se suffiraient à eux-mêmes. Mais l’actualité sportive en République tchèque ces derniers jours, et peut-être même l’actualité tout court, c’est bien sûr d’abord et avant tout le début du Championnat du monde de hockey sur glace. Malgré la courte défaite de son équipe pour son entrée en matière contre la Suède vendredi soir, le public tchèque a répondu très présent lors de ces trois premiers jours de compétition, confirmant ainsi la passion qu’il voue pour le hockey. Seule l’équipe de France, défaite à chaque fois de justesse lors de ses deux premiers matchs, ne goûte pour l’heure que modérément à cette grande et belle fête.

Tchéquie - Suède  (5-6,  aux tirs au but),  photo: ČTK
Mon Dieu, quel match ! Et quelle ambiance ! Exception faite de la défaite (5-6, aux tirs au but) somme toute pas bien grave concédée contre une Suède qui ne lui réussit décidément pas souvent, la République tchèque pouvait difficilement imaginer plus belle entame de son Mondial de hockey, vendredi. Les 17 383 spectateurs qui avaient rempli l’O2 Arena ont assisté à un spectacle de toute beauté et riche en retournements de situation.

Toujours aussi nombreux le lendemain pour le deuxième match de poule contre la Lettonie, les supporters tchèques ont cette fois eu le bonheur de voir la Reprezentace s’imposer (4-2). Dans une partie moins intense que la veille, il aura toutefois fallu attendre le troisième tiers-temps pour voir Jaromír Jágr, le capitaine Jakub Voráček et leurs partenaires enfin se détacher au tableau d’affichage. Avant cela, les Tchèques se sont retrouvés deux fois menés au score contre des Lettons qui ont joué crânement leur chance. Elu meilleur joueur du match et auteur d’un nouveau but comme la veille déjà contre la Suède, l’inusable Jaromír Jágr, idole de tout un peuple, reconnaissait les limites de son équipe :

Jaromír Jágr,  photo: ČTK
« Ce n’est pas mon tournoi, mais le tournoi de la République tchèque et de son hockey. La compétition sera très longue et il y aura beaucoup de surprises. Aucun match ne sera simple, on l’a vu ce soir contre la Lettonie qui a fait un bon match. Nous avons eu la chance d’avoir profité de pénalités et de supériorités numériques pour faire la différence. »

Malgré le soutien d’un public qui espère beaucoup d’eux, les joueurs tchèques, pour certains encore assez peu expérimentés, n’ont pas forcément la tâche facile à domicile, comme le constatait Jaromír Jágr :

Tchéquie - Lettonie  (4-2),  photo: ČTK
« Il y avait beaucoup de nervosité en début de match. Même moi je l’ai ressentie alors que je joue en professionnel depuis vingt-cinq ans, alors il ne faut pas s’étonner. Pour certains joueurs, c’est le premier ou le deuxième championnat du monde. Les spectateurs sont fantastiques, fanatiques même, mais ils nous surestiment. Le tournoi sera très équilibré et il ne faut pas se mentir, les favoris, ce sont d’autres équipes. »

Avec quatre points pris en deux matchs, la République tchèque présentait donc un bilan correct mais sans plus avant le troisième match très attendu de ce lundi contre le Canada de Sidney Crosby. Un match qui devrait permettre d’en savoir plus sur ce que cette équipe tchèque a réellement dans le ventre…

Des Français malheureux

Les Français ont été battus par l'Allemagne  (1-2),  photo: ČTK
« Avec les Allemands, les Suisses et les Autrichiens, nous avons trois matchs primordiaux pour notre entrée en matière dans ce Mondial. Nous avons changé de statut l’année dernière après notre quart de finale. Nous avons grimpé au classement de la Fédération internationale (la France occupait la 12e place avant le début du Mondial tchèque, ndlr), ce qui fait que le programme que nous avions ces cinq dernières années au Mondial n’est plus le même. Avant, nous commencions contre un moyen ou un gros, puis jouions contre l’équipe qui venait de monter dans le groupe Elite. Cette fois, nous avons commencé avec deux équipes, l’Allemagne et la Suisse, de très bon niveau qui sont généralement au-dessus de nous au classement, même si nous avons dépassé les Allemands l’année dernière grâce à notre performance. Les Autrichiens, eux, sont promus dans le groupe Elite, mais ils ne sont pas montés par hasard. Nous les connaissons : ils sont disciplinés, physiques et assez rapides, un peu dans le même style que les Allemands. Il va donc falloir être vigilant, car ces trois premiers matchs vont être déterminants. »

Ainsi parlait Dave Henderson, le sélectionneur de l’équipe de France, lors de son arrivée à Prague, peu avant l’ouverture du championnat du monde. Les Bleus le savaient : s’ils voulaient rééditer à Prague l’exploit réalisé en Biélorussie l’année dernière, avec leur premier quart de finale disputé dans un Mondial depuis 1995, ils se devaient de bien démarrer la compétition contre trois des quatre équipes, avec la Lettonie, a priori les plus à leur portée dans un groupe de premier tour particulièrement relevé.

Seulement voilà, dès samedi, les Français ont été battus par l’Allemagne (1-2). Longtemps menés avant d’égaliser au milieu du troisième tiers-temps, ils ont finalement cédé sur un but encaissé à l’entame de la dernière minute alors qu’ils étaient en infériorité numérique suite à une énième pénalité concédée. Comme l’ensemble de ses partenaires, le défenseur Benjamin Dieudé-Fauvel était forcément déçu et frustré à la sortie d’un match à la portée de l’équipe de France :

Les Français se sont de nouveau inclinés  (1-3),  cette fois contre la Suisse,  photo: ČTK
« C’est toujours assez dur de rentrer dans un tournoi comme celui-là, mais je pense que tout le monde a répondu présent aujourd’hui. Nous avons fait un bon match en dominant même les deuxième et troisième tiers-temps. Le seul point décevant est que n’ayons pas réussi à gagner en concédant des mauvaises pénalités qui nous ont coûté des buts. Du coup, il va falloir rebondir dès demain. »

Dimanche, toutefois, les Français se sont de nouveau inclinés (1-3), cette fois contre la Suisse dans un match indécis jusqu’au bout où l’arbitrage n’a clairement pas toujours été en leur faveur. N’empêche, avec un compteur bloqué à zéro point après les deux premiers matchs, le rêve d’une qualification pour les quarts de finale du tournoi n’est d’ores et déjà pratiquement plus d’actualité pour les Bleus. Et avant d’affronter la République tchèque jeudi, puis le Canada samedi et la Suède lundi prochains pour une série aussi redoutable qu’une étape du Tour de France avec trois cols hors-catégorie à son menu pour un sprinter, les hommes de Dave Henderson seront dans l’obligation de s’imposer contre l’Autriche, ce mardi soir toujours à l’O2 Arena, sous peine déjà de voir leurs chances de maintien dans l’élite mondiale du hockey se réduire comme peau de chagrin.