Paris-Roubaix : Zdeněk Štybar, un pavé de promesses

Zdeněk Štybar, John Degenkolb, Greg Van Avermaet, photo: ČTK

6e en 2013, 5e en 2014 et 2e en 2015 : Zdeněk Štybar attendra encore un peu avant, éventuellement, de remporter le premier Paris-Roubaix de sa carrière. Mais une semaine après sa 9e place sur le Tour des Flandres, le coureur tchèque a de nouveau confirmé dimanche sur les pavés de l’Enfer du Nord que son rêve de gagner une des grandes classiques qui font l’histoire du cyclisme était plus que jamais dans ses cordes.

Zdeněk Štybar,  John Degenkolb,  Greg Van Avermaet,  photo: ČTK
Affirmer que le résultat est passé complétement inaperçu dans les pages sportives des médias tchèques de ce lundi serait mentir. N’empêche, la deuxième place décrochée par Zdeněk Štybar à l’arrivée de Paris-Roubaix dimanche, la meilleure performance de l’histoire jamais réalisée par un Tchèque dans une des cinq classiques classées parmi les « monuments » du cyclisme (Milan-San Remo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et Tour de Lombardie), était loin de faire les unes. La preuve, sans doute, que la République tchèque, malgré les excellents résultats de ses coureurs ces dernières saisons, que ce soit sur route, en VTT ou en cyclo-cross, reste avant tout un pays de cyclotourisme bien plus qu’un peuple de fans passionnés par la course et la culture qui l’entoure. Ainsi donc, les photos de Štybar grimaçant sur les pavés du Nord ou installé sur la deuxième marche du podium de ce Paris-Roubaix 2015 à la droite du vainqueur John Degenkolb se sont retrouvées reléguées loin derrière le début de finale des play-offs du championnat national de hockey sur glace, la victoire du Sparta contre le Slavia (2-1) dans le traditionnel derby pragois en football ou encore la victoire des filles de l’USK Prague en finale de l’Euroligue de basket.

Et pourtant… Il s’en est fallu de peu pour que Zdeněk Štybar signe dans la capitale française du textile un des plus beaux exploits de l’année, sinon même peut-être de l’histoire du sport tchèque. Présent dans le groupe de tête composé de sept hommes qui se sont disputé la victoire finale sur le vélodrome, le coureur tchèque de l’équipe Etixx-Quick Step n’a été devancé que par John Degenkolb à l’issue d’un sprint parfaitement maîtrisé par ce dernier, spécialiste de l’exercice. Au terme d’une journée comme de tradition marquée par de nombreux rebondissements, John Degenkolb, en plus de réaliser le premier doublé Milan-San Remo – Paris-Roubaix dans la même saison depuis l’Irlandais Sean Kelly en 1986, est ainsi devenu le premier Allemand à remporter la reine des classiques depuis la première édition de la course en 1896 et la victoire de son compatriote Josef Fischer. Une statistique étonnante qui laisse donc de l’espoir à un Zdeněk Štybar partagé entre deux sentiments à sa descente de vélo :

« C’est vraiment bien de venir ici et de lutter pour la première place jusque sur le vélodrome de Roubaix, même si, bien sûr, je suis aussi un peu déçu de ne pas pouvoir soulever le pavé du vainqueur au-dessus de ma tête. Je n’étais pas loin, il ne m’a pas manqué grand-chose pour gagner, et j’espère que j’y parviendrai un jour. »

Revenu dans le groupe de tête peu avant l’arrivée au vélodrome, Zdeněk Štybar admettait qu’il pouvait difficilement espérer beaucoup mieux dans le final malgré la supériorité numérique de son équipe. C’est donc sans trop de regrets que le Tchèque analysait le déroulement de la course dans ses derniers hectomètres :

« Je savais que John était le plus rapide du groupe, mais j’avais un équipier avec moi. Yves Lampaert a d’abord essayé d’y aller seul, puis il s’est sacrifié et a fait un incroyable travail pour moi, je l’en remercie. Je crois que nous étions dans une situation idéale, mais il faut reconnaître que John était vraiment le plus fort aujourd’hui. Il est l’un des gars les plus rapides de tout le peloton et vous savez qu’il sera très, très difficile à battre quand vous vous retrouvez avec lui dans un sprint. »

6e en 2013 pour sa première participation, 5e l’an dernier et 2e cette fois, Zdeněk Štybar, c’est une évidence, est un coureur qui sait comment appréhender les pavés de Paris-Roubaix. Mais pour réussir dans l’Enfer du Nord, il faut aussi… de la réussite, ce que le champion de République tchèque n’a pas forcément toujours eu. Mais à 29 ans, l’ancien triple champion du monde de cyclo-cross (2010, 2011, 2014), vainqueur de la Strade Bianche, 2e du Grand Prix E3 et 9e du Tour des Flandres cette saison, ne désespère surtout pas :

« C’est une bonne course pour moi. Je l’aime beaucoup, même si je continue à penser qu’il me manque quelques kilos par rapport à d’autres coureurs qui ont le profil type pour bien passer les pavés. C’est dur de rivaliser avec eux en termes de puissance pure. Gagner Paris-Roubaix et le Tour des Flandres est mon grand rêve. Je travaille très dur pour cela. C’était la troisième fois que je courais cette course aujourd’hui et j’espère bien la gagner un jour. »

C’est franchement tout le mal que l’on souhaite à celui qui est non seulement devenu le plus belge des coureurs tchèques, mais reste aussi un des sportifs tchèques parmi les plus sympathiques.