Différend diplomatique entre le président Zeman et l’ambassadeur américain à Prague
Un différend diplomatique a jeté un froid sur les relations qu’entretiennent le Château de Prague, siège de la présidence tchèque, et l’ambassade des Etats-Unis. Le président Miloš Zeman, qui n’a pas apprécié que l’ambassadeur américain Andrew Shapiro s’exprime sur son prochain voyage officiel à Moscou pour les commémorations de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a rétorqué que « la porte du Château de Prague sera désormais fermée à Andrew Shapiro ».
Face à la réponse de Miloš Zeman, Andrew Shapiro a précisé qu’il maintenait sa position et qu’il regrettait que ses propos aient « froissé le président ». L’ambassadeur a également ajouté qu’il s’attendait à ce que le président de la République apprécie sa franchise, Miloš Zeman affirmant apprécier la sincérité. Andrew Shapiro, qui, lui, garde « sa porte ouverte au chef de l’Etat », a réitéré le profond respect des Etats-Unis dans les relations bilatérales avec la République tchèque.
De son côté, Miloš Zeman a rappelé qu’il se rendait en Russie pour rendre hommage aux soldats russes tués pendant la Deuxième Guerre mondiale et qu’il ne comptait pas serrer la main au dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, un des autres invités de Vladimir Poutine. La députée et ancienne présidente de la Chambre des députés Miroslava Němcová (ODS) a répondu à ce propos :
« Je crois les personnes qui seront présentes lors de ces commémorations ne sont pas des personnes fréquentables pour la République tchèque, qui est un pays qui respecte la liberté de ses citoyens et du régime démocratique. »
Même si le gouvernement va très probablement approuver le voyage de Miloš Zeman, le Premier ministre, a lui aussi réagi lundi en déclarant que les réactions de Miloš Zeman « n’étaient pas appropriées ». Bohuslav Sobotka a ajouté qu’il souhaitait à l’avenir « une approche plus professionnelle de Miloš Zeman en matière de politique étrangère et de diplomatie ».
Les médias étrangers n’ont, eux non plus, pas passé sous silence ce différend diplomatique. Selon le quotidien américain The Wall Street Journal, l’échange de propos entre le président de la République et l’ambassadeur américain « reflète l’écart croissant constaté entre le chef d’un petit Etat de l’Union européenne d’un côté, et la scène politique nationale, les pays alliés de la République tchèque et le peuple tchèque de l’autre ». Le quotidien allemand Der Spiegel a indiqué que les plans de voyage du chef de l’Etat tchèque « ont endommagé les relations entre la République tchèque et les Etats-Unis ». Pour leur part, les médias russes ne tarissent pas d’éloge à l’égard de Miloš Zeman.
Alors que pratiquement tous les hauts représentants politiques européens, à l’exception du Premier ministre et du président grecs, boycotteront les cérémonies du 9 mai prochain en Russie en raison des violations du droit international par l’armée russe en Ukraine, le porte-parole du président de la République, Jiří Ovčáček, a indiqué :« Le président de la République se rendra certainement à Moscou. En aucun cas, il n’annulera le voyage. La critique émise à l’encontre du président se situe complétement hors de tout cadre. »
Pour certains, cependant, cet incident diplomatique confirme l’idée selon laquelle le président de la République est un des principaux défenseurs du Kremlin et de sa politique.