A Moscou, le président tchèque se pose en représentant de l’Union européenne
Si les commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale ont lieu en Europe et aux Etats-Unis le 8 mai, jour férié dans la plupart des pays, ce n’est pas le cas en Russie, qui célèbre la capitulation de l’Allemagne nazie le 9 mai. Et pour ce 70e anniversaire, les autorités russes n’ont pas lésiné sur les moyens, avec un défilé militaire grandiose dans les rues de Moscou. Une parade que n’a pas vue le président tchèque Miloš Zeman, un des rares chefs d’Etat occidentaux à avoir répondu présent à l’invitation de Vladimir Poutine, et ce en dépit de la controverse que cette visite a suscitée à Prague.
Finalement, la visite de ce week-end du président Zeman a été le fruit d’un compromis : visite oui, défilé non. Objectif premier affiché : rencontrer des anciens combattants tchèques et russes qui, ensemble, ont concouru à la libération de la Tchécoslovaquie et rendre hommage aux soldats tombés au combat :
« Je suis venu ici pour m’incliner, muni de ma petite canne, devant les 20 millions de soldats morts qui ont libéré la Tchécoslovaquie, mais pas seulement notre pays. »En marge du défilé, le chef de l’Etat tchèque s’est entretenu avec le Premier ministre slovaque Robert Fico, également présent, à propos du développement des infrastructures de transport entre les deux pays. Après cette rencontre, le chef du gouvernement slovaque a précisé que leur discussion avait porté notamment sur la connexion des rivières Morava et Váha qui devraient être reliées au corridor nautique Danube-Oder-Elbe.
Enfin, samedi en fin d’après-midi, c’est avec son homologue Vladimir Poutine que Miloš Zeman avait rendez-vous pour une discussion dans la langue de Tolstoï. Le chef de l’Etat russe a tenu à rappeler sa parfaite innocence dans les relations tendues entre l’Union européenne et la Russie :
« Vous savez bien que nous ne sommes pas responsables du coup de froid dans les relations entre la Russie et l’Union européenne. J’espère toutefois que grâce à des hommes politiques comme vous, nous parviendrons non seulement à rétablir ces relations, mais à les rendre meilleures encore. »En Miloš Zeman, Vladimir Poutine a trouvé une oreille plus complaisante puisque dans un entretien accordé à la radio russe Kommersant, le chef de l’Etat tchèque a joué les optimistes, estimant que l’UE pourrait annuler les sanctions contre la Russie d’ici la fin de cette année. Miloš Zeman a également partagé sa conviction selon laquelle la Russie pourrait intégrer l’UE dans les vingt prochaines années.
A Prague, certains médias ont vivement critiqué le président tchèque pour ses prétentions à se poser en représentant d’une Union européenne qui n’en demandait pas tant. Ce lundi, le Premier ministre Bohuslav Sobotka a surtout rappelé que la levée des sanctions dépendait avant tout de l’application effective et sans conditions des Accords de Minsk, précisant enfin que l’intégration de la Russie à l’UE n’était absolument pas à l’ordre du jour, et ce d’autant moins que la principale intéressée n’en a jamais exprimé la volonté.