L’énergie éolienne, l’énergie du futur en République tchèque ?
L'énergie éolienne devrait à terme permettre de produire un tiers des besoins de la République tchèque en électricité. C'est ce qui ressort d'une étude publiée ce mardi et réalisée conjointement par l'association écologiste Hnutí Duha et la Chambre des sources d'énergie renouvelable (Komora OZE). D’après ces organisations, l’éolien pourrait être source de nombreux emplois et serait moins cher que le nucléaire, énergie pour le moment largement privilégiée par le gouvernement tchèque.
C’est précisément le niveau que la République tchèque, dont le potentiel éolien serait relativement important, pourrait atteindre en 2050, selon l’étude réalisée et publiée par les écologistes de Hnutí Duha et la Chambre des sources d'énergie renouvelable. Štěpán Chalupa, le président de cette organisation qui rassemble différentes associations du secteur des énergies renouvelables, constate toutefois à regret que cet objectif reste aujourd’hui très lointain :
« Nous pourrions nous rapprocher par exemple de l’Autriche. La République tchèque devrait atteindre le niveau du parc éolien installé en Autriche à l’horizon 2025. Nous pouvons également nous comparer avec la Pologne qui fait actuellement le choix de l’éolien, considérant cela comme une bonne opportunité pour produire de l’électricité. Pour l’heure, nous sommes cependant bien loin de ces pays. L’an passé, l’énergie éolienne a contribué à environ 0,5% de la consommation intérieure d’électricité de la République tchèque. »
D'après le Bureau de régulation de l'énergie (ERÚ), les besoins tchèques en électricité se sont établis à 68,5 térawattheure (TWh) l’année passée. Selon les évaluations du rapport, la Tchéquie serait en 2050 en capacité de produire 18,29 TWh à partir de l’énergie éolienne.
Celle-ci présente plusieurs avantages selon Štěpán Chalupa. Elle est propre, elle n’émet pas de gaz à effet de serre, et elle serait souvent comparativement moins chère que les autres sources d’énergie. Les partisans de l’éolien, et de la transition écologique en général, pointent également souvent du doigt leur important potentiel en termes de création d’emplois :« Dans le cas où le potentiel sur lequel nous tablons est utilisé, nous estimons que de 17 000 à 23 000 emplois pourraient être créés en République tchèque dans le secteur de l’énergie éolienne. Mais il s’agit d’une évaluation basse. Il serait question de bien plus d’emplois si nous utilisions notre potentiel industriel et technique pour devenir une puissance dans le domaine des technologies éoliennes, comme peuvent l’être par exemple le Danemark, l’Italie ou la France. »
Pour autant il existe également des critiques, notamment sur les éventuelles nuisances des éoliennes et sur le caractère aléatoire du vent. Ce n’est sans doute pas ce qui explique les réticences du gouvernement tchèque à s’engager dans la voie des énergies renouvelables. La République tchèque a fait partie des pays désireux de freiner les ardeurs environnementales de l’Union européenne dans le cadre de la définition de ses objectifs pour la conférence de Paris, organisée en décembre prochain.
Surtout, les dirigeants tchèques ne manquent pas une occasion de souligner leur attachement à l’énergie nucléaire et leur volonté future d’agrandir les deux centrales existantes. Une position difficile à comprendre pour Štěpán Chalupa :
« Cela me semble très illogique et il est difficile de trouver des arguments rationnels au fait de privilégier des énergies comme le nucléaire ou le charbon. Particulièrement quand la République tchèque est en situation, depuis déjà bien longtemps, d’exporter toute la production d’électricité de la centrale nucléaire de Temelín, plutôt que de la consommer ici et d’économiser le charbon pour les prochaines générations. Cela s’explique peut-être par le fait que, pour l’Etat ou pour les employés actuels des autorités énergétiques, il est en quelque sorte plus acceptable de souhaiter de grandes sources d’énergie centralisées et de grandes sociétés énergétiques. »La Chambre des sources d’énergie renouvelable travaille sur un autre rapport afin d’évaluer le potentiel des autres énergies alternatives, qu’il s’agisse du photovoltaïque, de la biomasse ou encore de la géothermie, pour répondre aux besoins en électricité de la République tchèque. Pour Štěpán Chalupa, il apparaît clair à l’heure actuelle que le mix énergétique en vigueur dans le pays en 2050 ne pourra s’appuyer intégralement sur des énergies propres.